En ouverture du congrès à Versailles, le président Claude Bartolone souligne que cette réunion du congrès est « un moment important de notre histoire : vendredi 13 novembre 2015, la France a été frappée. Au XXIe siècle on n’a pas le droit de mourir simplement parce qu’on a décidé de sortir, de rire, de vivre. En portant ces coups, les terroristes ont voulu semer la peur et la division. L’union nationale, nous la devons aux victimes, aux forces de l’ordre, aux sauveteurs, aux personnels soignants.
Réunis en congrès à Versailles, nous, représentants de la nation, affirmons que chaque larme, chaque goutte de sang versé viendra renforcer notre résistance à l’obscurantisme ».
Grave, à la tribune du congrès, le Président de la République, François Hollande déclare d’entrée : « La France est en guerre. Les actes commis sont des actes de guerre ».
Dans cette période d’une « exceptionnelle gravité », il a choisi de réunir le congrès pour marquer l’unité nationale devant une telle abomination.
Dénonçant ces « lâches assassins », il souligne « notre République n’est pas à la portée de tueurs ».
« Nous sommes dans une guerre contre le terrorisme djihadiste ». « L’ennemi use des moyens les plus cruels mais il n’est pas insaisissable, il n’est pas hors d’atteinte.
J’appelle tous nos compatriotes à la persévérance, à l’unité, à la dignité, à la lucidité. Notre pays est en deuil ». Le Président salue les services de secours et de soins, rend hommage aux forces de l’ordre.
« La France que les assassins voulaient tuer, c’était la jeunesse dans sa diversité. Ce qui a été visé, par les terroristes, c’était la France ouverte au monde.
Les actes de guerre ont été planifiés en Syrie, organisés en Belgique, et ont eu un objectif très précis : semer la peur pour nous diviser ici et pour nous empêcher là-bas.
La nécessité de détruire Daesh concerne toute la communauté internationale ! D’ici là, la France intensifiera son action en Syrie. Nous poursuivrons ces frappes au cœur des semaines à venir. Le porte-avions Charles de Gaulle appareillera, ce qui triplera notre capacité d’actions : il n’y aura aucun répit et aucune trêve.
Notre ennemi en Syrie, c’est Daesh ! Il ne s’agit pas de contenir mais de détruire cette organisation ! La Syrie est devenue la plus grande fabrique de terroristes que le monde ait connu ».
François Hollande annonce qu’il rencontrera Obama et Poutine pour unir nos forces. « La France parle à tous, chacun est désormais face à ses responsabilités. J’ai demandé au ministre de la défense de saisir ses homologues européens. L’ennemi est un ennemi de l’Europe (lutte contre le trafic d’armes, contrôle aux frontières, traçabilité des djihadistes) ! Face aux actes de guerre, on devra être impitoyables.
Vendredi, ce sont des Français qui ont tué d’autres Français.
Nous devons donc nous défendre, dans l’urgence et dans l’avenir. J’ai proclamé l’état d’urgence. Cette nuit, il y a eu 168 perquisitions. Le Parlement sera saisi dès mercredi pour prolonger l’état d’urgence pour trois mois.
Mais nous devons aller au-delà de l’urgence et faire évoluer notre constitution. Aujourd’hui, notre texte comporte le recours à l’article 16 et à l’article 36 sur l’état de siège en cas de péril imminent ! Ce qui se passe, appelle un régime constitutionnel nouveau. En 2007, le comité Balladur avait proposé un outil approprié pour des mesures exceptionnelles. Le Président souhaite donc proposer une révision de la constitution pour intégrer l’état d’urgence, et va l’accompagner d’autres mesures (déchéance de nationalité ; interdiction à un bi-national de revenir sur notre territoire sauf s’il se soumet à un contrôle draconien ; expulsion rapide si il y a menace pour la sécurité de la nation).
J’ai aussi décidé de renforcer les moyens de la justice et de la sécurité. Face à la violence du terrorisme, 5 000 emplois supplémentaires de policiers et de gendarmes seront créés d’ici deux ans, portant ainsi l’effort à 10 000 sur le quinquennat ! De même 2 500 postes pour le ministère de la justice, 1 000 postes pour les Douanes pour assurer les contrôles aux frontières.
Pour nos armées, il n’y aura aucune diminution d’effectifs dans la défense d’ici à 2019.
Toutes ces décisions budgétaires seront prises dans la loi de finances pour 2016. Dans ces circonstances, le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité.
Le visage des morts ne quitte pas mon esprit. Les barbares qui attaquent la France voudraient la défigurer ; ils ne parviendront pas à la faire changer de visage ».
S’adressant à tous les députés et sénateurs réunis, le Président, solennel, affirme : « Vous êtes les représentants d’un peuple libre, qui est invincible quand il est uni ! La République, nous voulons l’investir de toute la force nécessaire pour lui permettre d’éradiquer le terrorisme, sans rien perdre de l’Etat de droit ». Avec force, il conclut : « Le terrorisme ne divisera pas la République car la République détruira le terrorisme ! »
L’émotion est forte lorsque tous les parlementaires applaudissent longuement le président puis entonnent tous ensemble la Marseillaise. Un moment d’unité nationale, un moment d’histoire…