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  • : Blog de dominique Baert
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1 février 2017 3 01 /02 /février /2017 17:43

 

Juste après la fin de mes études à Sciences Po, c’était l’été 1981, et passant des concours administratifs dont j’attendais les résultats, j’ai souhaité collaborer au travail d’un parlementaire socialiste. C’est ainsi que j’ai été présenté à Jacques Moreau, député européen français, qui venait de remplacer Jacques Delors (récemment nommé Ministre de l’Economie et des Finances du Gouvernement de Pierre Mauroy), comme Président de la Commission Economique et Monétaire du Parlement Européen. J’étais militant de la section socialiste de Wattrelos, et le courant étant très bien passé entre nous, je suis devenu l’un des collaborateurs (bénévoles) de Jacques.

 

Je le suis resté plusieurs années, même après mon entrée à la Banque de France. J’ai continué à lui rédiger des projets de questions à l’exécutif européen, de discours, des réponses à des courriers, des notes de réflexion sur la politique économique et sociale de la France.

 

Je garde beaucoup de nostalgie de cette période où la gauche venait d’arriver au pouvoir, pleine de rêves et d’illusions, et où les députés européens français devaient affronter régulièrement interrogations et sarcasmes de nos collègues, allemands - rudes- surtout, sur les politiques menées (nationalisations, industrielles, de relance et de dévaluation) : Jacques était en première ligne, et des argumentaires et des réponses, j’en ai rédigés ! Jacques Delors mettra fin à cette période avec le tournant de la rigueur début 1983.

 

Mais je garde surtout beaucoup d’affection, de reconnaissance et de respect pour Jacques Moreau. Il m’aura donné mes premières chances, fait écrire mes premiers travaux parlementaires, mes premières lettres ; il m’aura permis de connaître la grande machine européenne de l’intérieur, sa technocratie, mais aussi sa fraternité entre des peuples qui ne parlent pas la même langue mais partagent le même idéal européen, pour la paix et le vivre ensemble après des siècles de guerres.

 

Jacques Moreau était un réformiste. Il avait été secrétaire national de la CFDT de 1974 à 1979, après avoir été secrétaire général de la fédération CFDT des industries chimiques de 1970 à 1974. Il a siégé au Parlement Européen jusqu’en 1984, avant d’être le Secrétaire général du Comité  Economique et Social Européen de 1987 à 1992. Comme le dit son faire-part de décès, il fut « un grand syndicaliste et un militant inlassable de la construction européenne ». Il fonda en 1985, et en fut le vice-président, Europe et Société RDS (réalités du dialogue social).

 

L’histoire retiendra qu’il fut parmi ceux qui engagèrent la CFDT en 1978, par un « recentrage », sur la voie du réformisme ; son rapport sur « l’action revendicative » reste dans l’histoire de la CFDT et du syndicalisme. Il y remettait en cause l’unité d’action privilégiée avec la CGT, plaidait l’autonomie syndicale par rapport aux partis politiques et la relance des négociations avec le patronat. Je lui dois beaucoup de mes réflexions, sur le rôle du dialogue social dans les entreprises, la nécessité de savoir allier efficacité économique et progrès social. Socialiste de cœur et de raison, puissamment social-démocrate, toujours réformateur et surtout passionnément européen, tel fut cet homme qui m’a donné, à moi, le jeune homme de 22 ans à l’époque, l’envie d’être le serviteur fidèle de toutes ces causes ! Jamais je ne m’en suis éloigné…

 

Merci Jacques de ce chemin parcouru ensemble, et de notre amitié depuis si longtemps maintenant. Repose en paix auprès de ceux qui ont, à gauche, su, comme Pierre Mendès-France et Pierre Mauroy, être promoteurs de l’idéal européen.

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