A dire vrai, si ce vote des extrêmes est plus prononcé à Wattrelos qu'en moyenne nationale, il est cependant moins fort que dans le sud du Département du Nord ou dans le Pas-de-Calais.
Parmi les candidats à l'élection présidentielle, les programmes de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon étaient les plus aberrants, irréalistes et dangereux économiquement, périlleux pour la stabilité financière même du pays. Malheureusement, comme c'étaient aussi les candidats qui promettaient le plus, des sous en plus, une disparition de tous les problèmes comme par miracle, et beaucoup, beaucoup de dépenses supplémentaires (sans savoir comment les financer, autrement qu'en creusant les déficits), bref comme ils promettaient que tout irait mieux (sans que jamais les conséquences négatives n'aient été évoquées), en France, et dans des villes comme Wattrelos, ils ont fait de gros résultats électoraux.
Ø Le Pen progresse à Wattrelos moins qu'ailleurs en France, mais réalise malheureusement son plus haut niveau depuis 30 ans : 6 939 voix, soit 33,9 % ; c'est lourd, même si c'est moindre que dans d'autres grandes villes comme Denain (40%) ou du Pas-de-Calais.
A plusieurs reprises dans l'histoire de la ville, l'électorat FN a approché, voire dépassé les 6 000 voix sur Wattrelos. 5 291 déjà en 1988, mais 6 219 en 1993, 5 849 en 1995, 5 996 au 1er tour des présidentielles 2012, et, souvenons-nous des 6 515 aux régionales 2015. Il est clair que Marine Le Pen a un électorat qui sait se mobiliser dans "les grandes occasions", et notamment quand Marine Le Pen elle-même est candidate !
Mais il n'en reste pas moins qu'elle est en tête dans 35 (sur 36) bureaux de la ville, et quand elle ne l'est pas, c'est Mélenchon qui l'est !
Pour autant, seule "consolation", si dans la France entière, MLP progresse de 1,2 million de voix, et donc de 19,3 %, à Wattrelos la hausse est plus limitée à 15 %.
On peut raisonnablement penser qu'à Wattrelos, Le Pen aura récupéré en 2017 une partie de l'électorat de Sarkozy de 2012 (4 074 voix à l'époque, alors qu'en 2017 Fillon obtient 1 877 voix) ; idem pour Dupont-Aignan qui obtient 901 suffrages en 2017 (contre 291 en 2012).
Ø Avec 2 300 voix de plus qu'en 2012, Mélenchon a incontestablement, sur son nom, siphonné une partie de l'électorat d'extrême-gauche, et surtout une part de l'électorat de François Hollande de 2012 (qui avait fait 6 798 voix).
Il n'est premier que dans un seul bureau, et second (devant E. Macron) dans 50 % des bureaux (18 exactement).
Et si, dans sa poussée nationale, Mélenchon obtient 23,3 % des voix à Wattrelos, c'est beaucoup moins qu'à Roubaix (35,9 %), Lille (29,9 %), Mons (28,7 %), Tourcoing (28,0 %), Villeneuve d'Ascq (27,8 %), Loos (26,9 %), Ronchin (25,4 %) ou Douai (23,7 %).
Ø Ce qui est préoccupant, c'est pour moi de constater que sur ma bonne ville, ces deux leaders d'extrême-droite et d'extrême-gauche, Le Pen et Mélenchon, parviennent à séduire 57 % des électeurs sur des programmes populistes et dangereux (45 % au niveau national).
C'est ce résultat-là qui, dans la France de 2017 (une France confrontée aux attentats et à la peur du terrorisme, à la pression migratoire, où le chômage tarde à diminuer clairement et où l'absence d'emploi pèse sur les revenus et nourrit la pauvreté), doit être regardé, analysé et entendu. Car il y a bien sûr des peurs et des malaises sociaux qui ainsi cherchent à s'exprimer, mais surtout des ressentis essentiellement personnels.
Dans ces votes, la globalité, la cohérence, la faisabilité d'ensemble des programmes, leur équilibre financier, ou les grandes priorités sectorielles ou macroéconomiques passent largement au second plan. Il est vrai que, dans une campagne électorale qui aura surtout été télévisuelle, l'appréciation de l'électeur repose beaucoup sur la capacité oratoire du candidat ou la "mesure-choc" concise qui retient l'attention.
Dans ces conditions, difficile pour l'électeur de mesurer la dangerosité - ou l'aberration - de la globalité du programme évoqué, car il n'a tendance à retenir que la mesure ou le message qui l'intéresse. Dès lors, pour écarter ces votes extrémistes (dangereux à bien des points de vue), un travail, un devoir de pédagogie, d'information s'impose. Mais comment ? C'est l'enjeu de la bataille politique de fond à mener.
Ceci dit, une élection n'est pas l'autre. Les scores de Le Pen et de Mélenchon leur sont largement "personnels", et ceux qui ont la tentation d'extrapoler ces résultats sur des législatives ou des municipales devraient se garder de toute précipitation…