Terrible année que cette année 1914, et, chacun l’ignore encore alors, mais les évènements de l’été vont enclencher une mécanique dramatique : 31 juillet assassinat de Jean Jaurès, 1er août ordre de mobilisation générale en France, 3 août l’Allemagne déclare la guerre à la France, 12 août la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Autriche-Hongrie… La 1ère guerre mondiale se met en place ! Le 20 août 1914, le monde apprend la mort du Pape Pie X ; c’est le jour où naquit, à Lille, la petite Alfreda Carette, née Dessaint.
103 ans après, ce dimanche matin, en présence de sa famille et de la Députée Catherine Osson, habitante du quartier, je suis allé apporter à Alfreda un énorme bouquet de fleurs et une boite de chocolats (qu’elle adore !) dans son appartement à la résidence du Touquet.
Dynamique, souriante aujourd’hui, Alfreda n’a pas toujours connu une vie facile en traversant le siècle, et notamment les deux guerres. Elle vivra une grande partie de sa vie à Willems, auprès de son époux Kléber, employé dans une usine de Baisieux. Ouvrière comme lui, Alfreda nous parle de ses grèves en 1930, 1932 et 1936. Sa première fille Gisèle nait en 1935, et la seconde Alfreda en 1937.
En 1939, avec l’exode elle marchera, avec sa fille de 3 ans, toute la nuit pour rejoindre un village du Pas de Calais. Son autre fille rejoint le Calvados avec sa grand-mère. Mais ce sera vite le retour à Willems, et dans ce début des années 40, Alfreda est au chômage et Kléber est malade. Au sortir de la guerre, pas du style à se laisser abattre, Alfreda reprend le café « Le Cheval Volant » à Hem en 1954, avant de s’installer à Wattrelos, rue de la Potente (à cent mètres au plus de sa Résidence actuelle), pour tenir le café « Chez Freda ». Et elle fait l’animation, Alfreda, car elle aime chanter.
Elle me raconte ce dimanche son 1er prix à Radio-Circus à Dunkerque en 1950. Elle me chante sa chanson qu’on lui a appris en 1929 « Marie Rose » (« c’est bien la reine du monde, la plus belle fille, la plus gentille »). Et immanquablement, comme chaque année depuis ses 100 ans, elle m’a chanté « la P’tite Thérèse » (« la nouvelle bonne qu’a pris papa », « bonne à son goût, une bonne à tout faire »…).
C’est ce matin du pur bonheur de voir, et d’entendre, Alfreda mère et fille (respectivement 103 et 80 ans) chantant d’une même voix « sur la terre pour être heureux il suffit de peu de choses », « à moi tout rayonne et tout chante quand tu viens me parler d’amour », et « on oublie les jours moroses quand on s’aime tous les deux »…
A chaque animation, repas ou manifestation de la Résidence Alfreda est là, et met l’ambiance ! Une sacrée dame, avec la bonne histoire et le sourire toujours aux lèvres. Et qui aura eu deux filles, trois petits-enfants, sept arrière-petits enfants, et sept arrière-arrière-petits-enfants !
Alfreda, une leçon de vie et de bonne humeur ! Très très bon anniversaire, et à l’année prochaine… « La P’tite Thérèse ».