> Oui, blessé, je l’ai été par le titre d’un article de presse au titre (volontairement, je suppose) provocateur, fin juin, après les élections de juin et le Conseil municipal qui suivit, sur le fait que j’aurais « doublé mon salaire » ! Pour la 1ère fois, vraiment, j’ai envisagé de quitter la politique, car j’étais écoeuré, dégouté ! Car si mon salaire, c’est ma rémunération, c’est faux, archi-faux ! En effet :
- avant les élections législatives, quand j’étais député, j’étais à la fois plafonné (on ne peut dépasser un montant fixé par la loi) et écrêté (c’est-à-dire que je ne percevais pas la totalité de mes indemnités, notamment de maire). Ainsi je gagnais 7 200 euros : après le vote du Conseil municipal, je vais gagner 3 450 euros ! Cela s’appelle une division par deux, et pas un doublement !
- mon indemnité de maire passe, en 2017, en effet de 1 500 € à 3 450 € par mois, c’est vrai. Mais pourquoi, quand en 2007 (quand j’ai été élu député), et qu’elle est passée alors de 3 500 à 1 500 euros (et donc divisée par 2 !), on n’en a pas fait aussi un titre du journal ?
- l’enveloppe globale des indemnités aux élus wattrelosiens n’a pas varié, c’est sa répartition qui a changé,
- et le plus rageant, c’est que cet article est paru la semaine-même où je recevais un courrier de la Haute Autorité de la Vie Politique qui s’étonnait que je percevais pour mon indemnité de maire moins (près de 1 000 € me semble-t-il) que ce à quoi j’avais droit et que je ne demandais pas !
Après cet article, que de messages agressifs j’ai lus, que d’horreurs de la part de gens qui croient savoir et qui, en fait, ne savent rien ! J’ai ainsi lu que : bien que n’étant plus député, je percevais mon indemnité 6 mois encore : c’est faux, dès le 19 juin au soir, je ne percevais plus rien de l’Assemblée ! Un autre prétendait que j’avais ma retraite, et me faisait gagner plus de 10 000 € : rigolo va, j’ai 57 ans, et ma retraite, compte tenu de mon grade et de ma fonction, je ne la percevrai qu’à 67 ans !
Toutes ces « fake news » odieuses n’avaient pour but – ce n’était, je le sais, pas celui des journalistes – que d’attiser la haine et les aigreurs à mon égard ; des braves gens que je connais ont été dupés, et certaines de leurs réactions m’ont fait mal !
Car enfin, côté argent et sacrifices personnels je peux me regarder droit devant mon miroir :
- depuis que je suis maire, je n’ai fait dépenser à la ville pas un centime de frais de mission, ni de remboursement d’aucun repas, aucune fiche : repas, billets d’avion, je les paie sur mes deniers personnels !
- on tape sur le maire et les élus, mais il y en a marre ! Sait-on que le Directeur Général des Services d’une ville moyenne (comme Wattrelos) gagne plus du double de ce que gagne le maire (pourtant sensé être son supérieur hiérarchique !). Connaît-on beaucoup de dirigeants d’une boîte de plus de 1 200 personnes à un tel niveau de rémunération, et avec autant d’obligations en soirées, les week-ends ? Sait-on combien le moindre administrateur de Bercy gagne : au moins 3 fois l’indemnité du maire de Wattrelos !
- cela fait bien des années que j’ai fait passer ma passion pour ma ville, mon engagement pour la servir avant ma carrière. Alors basta les démagos des arguments de bas étage, la République n’a rien à gagner quand on salit ses représentants !
> Et de ce point de vue, je ne peux qu’être outré par les méchancetés gratuites qu’on peut lire sur certains réseaux sociaux. Avec des noms et des adresses dissimulés, c’est trop facile !
Il y aurait tant à faire pour répondre. Moi, malheureusement, je ne sais pas (techniquement) ni répondre aux messages, ni les transférer pour qu’on y donne une réponse. Et il y aurait, parfois, tant de choses à dire !
La vie d’un maire a beaucoup changé : avec les lettres, les mails, les messages du blog, du site, et éventuellement ceux de Facebook, j’écris trop, beaucoup trop. Il y a déjà tant à écrire (dossiers, lettres d’intervention, discours, notes aux responsables…) et je passe tant de temps, bien trop de temps, dans mon bureau à écrire, mais aussi tous les soirs, et week-ends dès que j’ai 5 minutes. Que ceux qui passent leur temps à m’agresser, les donneurs de leçons, ceux qui disent « faudrait faire ci / faudrait faire ça » sans mesurer ni la faisabilité ni les conséquences de ce qu’ils disent, viennent passer une journée avec moi pour vivre tout ce qu’il faut faire, rédiger soi-même, arbitrer, organiser chaque jour ! Chacun a souvent conscience que son problème ou sa difficulté du moment est évidemment le plus important de tous, en oubliant souvent la dimension collective d’une gestion municipale, et plus souvent encore la faisabilité juridique ou financière de ce qu’il « faudrait faire »…