J’avais beau le savoir hospitalisé, il avait surmonté tant d’épreuves, il avait une telle soif de vie et un tel enthousiasme pour l’avenir, que, comme à chaque alerte, j’espérais qu’il nous reviendrait, et vite. Et que je reverrai ses visites à mon bureau « pour dire bonjour », ses petits yeux malicieux et son sourire accueillant, pour m’exprimer une nouvelle idée pour rendre service, pour me proposer une nouvelle intiative… Mais mon espoir cette fois s’éteint. Georges Ducrocq s’en est allé ce mercredi. Avec l’un de mes Adjoints, Christophe Ricci, je lui avais rendu visite le midi, il est parti quelques heures après. En écrivant ces lignes, j’ai le cœur serré. Car qui, à Wattrelos, ne connaissait pas Georges, lui et son vélo ? S’il était né à Linselles il y a 82 ans, il était surtout pour tous un grand Wattrelosien !
Les enfants wattrelosiens le connaissent : il fut l’initiateur de cours de secourisme dans les écoles de notre ville. Les clients du magasin Leclerc et de l’ancien ABC cours des halles, en face duquel il habitait, le connaissent aussi : Georges organisait chaque année une grande collecte de denrées pour l’aide humanitaire à travers l’opération Un enfant, un jouet de Noël. C’était un homme au grand cœur, toujours au service des autres, prêt à être utile à une bonne cause.
Très actif dans le tissu associatif local, Georges avait été membre et coordinateur de la Croix-Rouge française (secteur Roubaix-Tourcoing), et avant cela, président du comité local des coopératives – les fameux magasins Coop – au nombre de cinq à Wattrelos dans les années 80 (au Laboureur, rue Henri-Briffaut, à la Vieille Place, rues des Patriotes et du Mont-à-Leux). Il fut aussi fondateur des loisirs coopératifs et créateur des voyages coopératifs. Les Coopérateurs ont d’ailleurs marqué une bonne partie de sa vie : il fut responsable des relations publiques de l’équipe cycliste professionnelle Coop Mercier (dans les années 80) et impliqué dans la création des 28 heures de Roubaix à la marche dont il assurait le ravitaillement avec ces mêmes Coopérateurs.
Sportif passionné – il fut cycliste amateur dès 14 ans dans le circuit belge – Georges participa à l’organisation des galas de boxe du Fresnoy et contribua à fonder le Vélo club de Roubaix (il en fut l’un des premiers membres). Il était également membre de l’Amicale des médaillés du travail de Roubaix et de la Fraternelle des combattants de Wattrelos.
Cet engagement, ces responsabilités lui ont valu de nombreux et légitimes honneurs : Chevalier puis Officier dans l’Ordre national du Mérite (un honneur rare à Wattrelos), médaille d’or de la Ville de Roubaix, Croix du combattant et médaille commémorative des anciens d’Afrique du Nord, médaille fédérale des anciens combattants, médaille d’honneur des Sauveteurs du Nord (pour avoir sauvé deux personnes dans un incendie au Crétinier en 1972), médaille d’encouragement au bien échelon bronze, médaille de l’Union fédérale des anciens combattants .
Georges Ducrocq disait de lui-même : « Trois choses sont essentielles dans ma vie : mon vélo, un téléphone, un micro ». Il était infatigable ! Il avait toujours une idée, un projet à concrétiser. Pour cela, il sillonnait la ville sur son vélo – on lui en a tellement volé dans sa vie que c’était devenu un sujet de plaisanterie – comme un autre grand bénévole wattrelosien disparu il y a deux ans, Roland Merlin. Mais il y avait encore bien d’autres réalités essentielles dans la vie de Georges : sa femme (qui su s’acclimater de toutes ses absences, avec qui il forma un ménage si lié), ses enfants dont il aimait tant parler, les enfants de nos écoles qu’il aidait, les élèves en soins infirmiers, ses médailles qu’il arborait avec fierté, Ségolène Royal pour qui il avait une admiration profonde, ses biscuits qu’il aimait offrir, ses conversations si souriantes, lui qui aimait tant babeller…
Georges nous manquera beaucoup. Son regard flamboyant, sa poignée de main énergique, son sens de l’humour dont il ne se départissait jamais, notamment en faisant allusion à cette ancienne publicité : « Qu’est-ce que vous voulez : quand on s’appelle Ducrocq, on se décarcasse ! ».
Il savait faire rire : aujourd’hui, Georges, tu nous fait pleurer ! Georges, tu étais l’ami de tous et pour moi un ami fidèle de longue date. Il y a trois semaines, déjà faible, tu étais encore passé à mon bureau, avec ta fille, pour solliciter un coup de main pour ton association, militant dévoué jusqu’au bout ! Georges, tu étais « les autres avant toi ».
En écrivant ces lignes, je m’aperçois que c’est difficile de parler de toi au passé : il me le faudra désormais. C’est douloureusement triste. Adieu Georges, repose en paix l’ami ! Ta vie fut mérite.
En ces pénibles instants, à son épouse Françoise, à ses filles Fabienne et Corinne et ses petits-enfants, j’adresse au nom du Conseil municipal de Wattrelos et du monde associatif wattrelosien, mes plus sincères condoléances, et les assure de ma compassion personnelle affectueuse.