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22 janvier 2018 1 22 /01 /janvier /2018 08:20

Ce lundi matin, à l’Assemblée Nationale, les députés de la majorité organisaient un colloque « Le grand rendez-vous de l’investissement productif », où autour de parlementaires actuels et précédents, étaient réunis des professionnels de l’économie, de la banque et de l’assurance. J’y étais, et cette réunion était de très bonne tenue.

Comme l’a rappelé d’entrée Gilles Le Gendre (député LREM), ce colloque se tient un mois jour pour jour après l’adoption de la Loi de Finances, mais la clé d’une réforme, ce n’est pas seulement les députés qui lèvent le bras pour voter la loi, c’est « l’acteur », celui qui la mettra en œuvre. Et cette réunion se veut le passage de relais entre les législateurs et les acteurs de terrain.

1. Le colloque fut ouvert par le Premier Ministre, Edouard Philippe.

Il a d’abord parlé de l’héritage : « La France dispose d’une épargne abondante (elle a une capacité d’épargne parmi les plus élevées au monde), et un secteur financier robuste qui attire ; mais cette épargne ne finance pas assez l’économie nationale, car les Français aiment la pierre, l’épargne réglementée et sont sensibles aux incitations fiscales (qui ont souvent du sens et une histoire, mais qui peuvent « biaiser certains choix ») ».

Cette épargne, notre pays, l’innovation en ont besoin, pour conquérir des marchés, créer des emplois. C’est pourquoi le défi est de :

           - permettre aux entreprises françaises de se financer facilement : l’entreprise française a besoin de fonds propres, et de moins de dettes ;

            - donner envie aux investisseurs internationaux d’investir chez nous, et donner envie aux épargnants français d’investir dans les entreprises françaises avec des risques limités pour leur épargne.

Notre défi est de poser les bases « d’un environnement de confiance ».

Comment le créer ? En actionnant 4 leviers :

            - le levier fiscal. La Loi de Finances l’a largement fait : le remplacement de l’ISF par l’IFI, le PFU, ont pour objectif de mieux rémunérer l’argent qui travaille. Mais on va essayer de ne plus toucher à rien, pour garantir aux investisseurs prévisibilité et stabilité. « Nous allons encourager le législateur à une plus grande stabilité »

            - le levier de la régulation. Une consultation a eu lieu, et des sujets tels que la mutation de l’assurance-vie, ou la simplification de l’épargne-retraite ont été évoqués. Un projet de loi PACTE sera présenté au printemps

            - le levier de l’innovation : le numérique peut modifier le contexte de l’épargne. Il faut faire des services innovants un avantage compétitif

            - le levier de l’éducation financière : c’est l’éducation et la sensibilisation à l’économie. Cela passe par l’école, mais aussi par l’action pédagogique des autorités de régulation.

En fait, il y a un 5ème levier : la politique économique menée, pour conforter les sécurités des Français. Il arrive que les Français considèrent que pour changer les choses il faut changer la loi, mais la Majorité EM a considéré que changer la loi n’aurait que plus d’impact si l’ensemble des acteurs dont c’est le métier s’en saisissent, la mettent en œuvre, la pratiquent.

2. Intervenant juste ensuite, la « whip » de la Majorité à la Commission des Finances, Amelie de Montchalin, à l’initiative de ce colloque, met celui-ci en perspective :

            1) « l’épargne des Français doit financer plus directement les entreprises ». Tout reste à faire pour nos ETI et PME, qui détiennent les clés de l’emploi. Elles doivent retrouver confiance, se sentant épaulées par leurs partenaires financiers. Il faut une révolution du financement de nos PME : le crédit bancaire ne fait pas tout. Comment retrouver du temps long pour permettre à nos PME de grandir ? »

            2) Jusqu’à présent la culture française n’était pas propice. « Il n’y a pas de temps à perdre ». Il faut « de l’épargne utile aux Français, à l’emploi, à la croissance, à la transition énergétique ». Nous voulons un mouvement profond de réaffectation de l’épargne. On a tout ce qu’il faut pour réussir : croissance, inflation à 1,7% des livrets A qui protègent de moins en moins le pouvoir d’achat des Français…

La France est redevenue attirante : le monde de la finance n’est ni sans nom, ni sans visage et il n’est pas notre ennemi.Nous devons avoir une triple évolution de la relation entre :

- l’épargnant et son conseiller

- les entrepreneurs et les financeurs

- des acteurs financiers entre eux

Ce colloque a pour but de soutenir les bonnes pratiques. Nous attendons un engagement fort pour rendre les produits actuels pleinement utiles.

3. Après une Table ronde consacrée au « Plan d’action du monde bancaire » (où Nicolas Thery, Président du Crédit Mutuel, estima que « la confiance se construit dans la durée : l’industrie financière fait partie des atouts de l’économie française »), le Gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, intervint pour souligner que les entreprises se financent insuffisamment en fonds propres.

Aux Etats-Unis, les Fonds propres des entreprises se comparent à 123 % du PIB, mais 74 % en France. L’épargnant n’est pas en reste, car si un ménage américain investit son épargne pour 57 % en produits FP, un français épargnera 69 % en produits de taux.

L’endettement des entreprises s’accroît plus vite que chez nos voisins : + 2,6 points du Pib en France, alors qu’il est stable en Allemagne : nous sommes significativement au-dessus de la zone euro. En France, il y a donc une dette qui croit un peu trop vite, et pas assez de Fonds Propres pour financer l’innovation.

FVG rappelle la mesure macroprudentielle prise en décembre pour limiter l’endettement, mais il faut aussi orienter l’épargne financière : «l’économie française ne manque pas de crédits, elle manque de Fonds Propres : le financement par Fonds Propres est la clé de l’innovation et de la croissance ».

« Quelles solutions ? Tout ne dépend pas de la finance », affirme FVG, pour qui « les entreprises doivent être prêtes à ouvrir leur capital et leur Conseil d’administration ».

Et si la priorité devait être « d’imaginer des nouveaux produits d’épargne », il faut se souvenir que « l’assurance-vie est le 1er placement financier des Français », et que « les Français sont plus attachés à la protection du capital qu’à la liquidité ». La régulation (Bale 3) n’entraine aucune contrainte. « Pourquoi pas un nouveau produit d’épargne longue, mais non à un nouvelle niche fiscale ! »

4. Le financement de l’économie fut évidemment le thème de l’intervention de Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie et des Finances.

« Nous avons un contexte économique qui est favorable, et c’est quand les choses vont bien qu’il faut accomplir les transformations économiques nécessaires. N’attendons pas une nouvelle crise financière pour transformer notre économie : il n’y a pas une seconde à perdre pour transformer la zone euro en zone à rivaliser avec la Chine et avec les Etats-Unis ».

Or, notre appareil productif n’est pas au niveau : nos PME sont trop petites. « Sur l’innovation, si on n’accélère pas, nous sortirons de l’histoire ».

« Il faut que nos entreprises aient un meilleur financement. Nous avons besoin de la finance : nous avons les banques les plus solides en Europe. C’est un atout pour la France. Nous voulons faire de Paris la 1ère place financière en Europe : la France est le lieu où il faut être ! » « Nos entreprises n’ont pas assez de fonds propres : 32 % de leur passif, est une part trop faible ».

« S’il faut un environnement fiscal qui soit favorable, la culture française en matière d’épargne est surtout à la prudence : il s’agit de la conjuguer avec un peu d’audace ».

5. Président de l’Autorité des Marchés Financiers, Robert Ophèle dans sa contribution, a pointé que le nombre d’entreprises de moins d’1 Md€ de CA et cotées diminue en permanence : en 2017, 28 entrées, mais 74 sorties, il y a une attrition de la cote ! De plus il y a un cadre réglementaire qui peut avoir des effets pervers (facturation des services de recherche, encadrement de la commercialisation, avec MIF2). Au total il y a une situation peu favorable des épargnants vis-à-vis du risque, mais avec des facteurs de retournement possible.

Un nouveau baromètre de l’épargne a été mis en place et une majorité d’épargnants refusent tout risque ; mais 1/3 l’accepte s’il est contenu à 20 % du patrimoine ; 10 % acceptent de bloquer pour plus de 10 ans… Tout cela est faible certes, mais c’est un socle !

Il y a des motifs d’espoir, mais il faut travailler à renforcer la transparence sur les marchés (meilleur encadrement du trading HF,…) pour rassurer les épargnants. La transposition de la directive « droits des actionnaires » (mieux identifier les actionnaires, les frais, les conseils de vote, la gestion des conflits d’intérêt, faciliter les droits de vote,…) y contribuera. La qualité de l’information extra-financière fait partie des priorités de l’AMF.

21 % des actifs salariés ont de l’épargne salariale. Nous sommes dans un environnement en très rapide évolution : les gens ont des idées, il faut les accompagner !

Le Président de l’AMF, en conclusion, insiste sur la taille des entreprises non cotées françaises : « on ne financera pas 100 % du risque avec de la dette », il faut « injecter du capital dans l’économie ».

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