Bien Chers Jubilaires,
Mesdames, Messieurs,
« L’amour, l’amour, l’amour » chante Mouloudji, « C’est un printemps craintif/Une lumière attendrie/C’est le poivre du temps/Une rafale de vent/ », « l’amour, l’amour, l’amour/Dont on parle toujours/L’amour, c’est quand je t’aime/L’amour, c’est quand tu m’aimes »… « L’amour, c’est l’arc en ciel sur deux cœurs ».
Ce matin, Wattrelos a rendez-vous avec l’amour. Le vrai, le grand, le beau, celui qui dure, celui qui, devant l’Officier d’Etat Civil, à Wattrelos ou ailleurs, aura été scellé par un « Oui », le sien, le vôtre, les vôtres Chers Jubilaires, ce petit « oui » qui engage, qui en trois lettres est le plus grand et le plus beau de tous les mots d’amour !
Car, oui, Chers Jubilaires, Wattrelos a rendez-vous avec votre amour !
Celui qui aura déjà duré 50 ans, pour les 7 couples dont nous célébrons aujourd’hui les Noces d’Or ; celui qui aura duré 60 ans, pour les 5 couples dont nous célébrons les Noces de Diamant ; l’amour des 65 ans de mariage des 2 couples avec nous ce matin pour leurs Noces de Palissandre ; et surtout – on me pardonnera de le dire ainsi spécifiquement - mais c’est tellement beau ce parcours que je tiens à vous mettre tout particulièrement sur le devant des projecteurs, vous qui êtes devant moi, Françoise et Pierre qui fêtez vos Noces de Platine 70 ans de mariage !!!
Vous êtes 15 couples qui, ensemble, totalisez 850 ans de mariage !
Et, au nom du Conseil municipal, par cette réception, et avec mes mots, je veux vous exprimer mon respect, mon affection, mon admiration aussi. Car si comme le dit la chanson, « bien sûr, il y eut des orages », être un jeune couple quand vous vous êtes unis, ce n’était pas nécessairement chose facile ! Le logement, le travail, la famille, les problèmes matériels, financiers parfois, les tensions, les querelles, les parents pas toujours consentants ou enthousiastes, mais la symphonie du bonheur a dépassé toutes les aspérités, emporté tous les problèmes, et le chemin s’est poursuivi.
A deux. Et même que si le Maire que je suis vous faisait, là maintenant, ré-échanger vos consentements, la réponse serait la même qu’il y a 50, 60, 65 ou 70 ans !
Votre coeur s’est emballé alors pour lui, pour elle. Depuis il n’a pas ralenti. Parce que c’était elle, parce que c’était lui !
François Mauriac écrivait : « Si les mariages sont écrits dans le ciel, l’amour conjugal, qui persiste à travers mille vicissitudes, paraît être le plus beau des miracles, quoi qu’il en soit le plus commun ».
Vous êtes donc des faiseurs de miracles, toutes et tous, avec sans doute ce secret, cette formule magique que vous entretenez au quotidien : « L’art d’être heureux à deux, c’est l’indulgence ».
Alors, à nous vos élus, à moi votre Maire si fier de vous, de votre parcours, de votre histoire, d’essayer de faire aussi un miracle : celui, pour quelques instants, de vous faire remonter le temps. De vous replonger dans cette année, si importante, celle de votre mariage.
Que se passait-il dans le monde, en France, à Wattrelos à l’époque ? Quels films allait-on voir au cinéma ? Quelles chansons fredonnait-on ? C’était votre moment, votre vie, vos émotions d’alors. Ensemble Chers Jubilaires revisitons les millésimes 1954, 1959, 1964 et 1974 au cours desquels « vous allâtes marier devant Monsieur le Maire » comme le chantait Georges Brassens, et j’espère réveiller en vous d’agréables souvenirs.
● Commençons donc par l’année 1954, celle du mariage de Françoise et Pierre. L’année s’ouvre en France par l’installation à l’Elysée d’un nouveau Président de la République, René Coty, mais pour les Français les regards sont tournés vers l’Indochine où les troupes françaises mènent de rudes combats au printemps à Dien-Bien-Phu qui finira par tomber le 8 mai. S’en suit à Paris une crise politique, et Pierre Mendès-France est investi Président du Conseil avec le mandat express de faire la paix en Indochine. Elle est signée le 21 juillet.
Mais la France n’en aura pas fini avec les soubresauts de sa décolonisation : de terribles attentats ensanglantent l’Algérie à la Toussaint, et le Ministre de l’Intérieur, François Mitterrand, promet de maintenir l’ordre. Des attentats ont aussi lieu au Maroc, tandis que l’autonomie de l’Etat Tunisien est proclamée.
Sur le plan international entre autres informations, les tensions sont vives entre les Etats-Unis (où Mac Carthy déclenche la chasse aux communistes) et le bloc soviétique, et en Egypte le Colonel Nasser prend le pouvoir.
La France est profondément émue en début d’année par l’appel de l’Abbé Pierre pour le logement des sans-abris, et, en novembre par la condamnation à mort de Gaston Dominici.
Côté sport : la France gagne le Tournoi des 5 Nations ; l’OGC Nice gagne la Coupe de France contre l’Olympique de Marseille ; le Français Robert Cohen est Champion du monde de boxe ; et en cyclisme Louison Bobet gagne à la fois son 2ème Tour de France et devient Champion du Monde.
Cette année-là disparaissent Auguste Lumière, Léon Jouhaux, l’écrivain Colette et le peintre Henri Matisse.
En automobile, la 4CV de Renault est reine dans nos rues, et au cinéma Anthony Quinn triomphe dans « La Strada », Jean Gabin dans « Touchez pas au grisbi », et la sublime Martine Carol dans « Nana »…
Dans le Wattrelos de 1954 beaucoup de rues ne sont encore que des chemins en terre battue, comme la rue du Vélodrome ; d’autres rues sont cimentées cette année-là, telles les rues de la Vigne, Ma Campagne, des Dragons et Monge ; c’est aussi l’époque où on élargit notre fameuse rue Carnot.
On pose la première pierre de la nouvelle cité de la Mousserie : pour en faire un quartier sain, le lit de l’Espierre sera couvert sur plus de 600 mètres.
Tandis que l’Amicale du Plouys est Championne des Flandres de basket, la Gauloise fête le titre de Champion de France cadets de gym obtenu par le jeune André Millescamps. Seuls deux couples sont reçus en mairie pour fêter leurs noces d’or.
Notons que le 6 novembre, au cours de sa visite dans le Nord, Wattrelos a l’honneur d’accueillir le Président du Conseil, Pierre Mendès-France, reçu à la Maison de l’Enfance du Laboureur.
François et Pierre, c’était il y a 70 ans, et vous vous marièrent le 17 avril ! A deux semaines près, nous y sommes !
L’ambiance autour de vous est à la légèreté : au cinéma triomphe « French Cancan » de Jean Renoir, et des duos d’humoristes se forment, Roger-Pierre et Jean-Marc Thibault, Jean Poiret et Michel Serrault ; Fernand Raynaud fait ses débuts. Mais rire est-ce pour vous alors l’essentiel ?
Déjà j’imagine Pierre, qui rêve de passion, comme celle de Philippe dans « le Blé en herbe » de Claude Autant-Lara, et il est sublimé par Joan Crawford dans « Johnny Guitar ». Il écoute cette jeune belge, Annie Cordy, qui avec Georges Guétary et Bourvil, lui indique « La Route fleurie », la même Annie Cordy qui triomphe en chantant « Jolie fleur de pa pa papillon/Dit une voix dans l’pa pa pavillon ».
Vous L’espérez, vous LA cherchez, et alors que Jean Constantin vous invite à mettre « Deux tunes dans l’bastingue » « Pose ton cafard sur l’zingue/Et t’auras du bonheur pour dix balles »… voilà qu’ELLE apparait !
Comme Philippe Clay, Pierre, vous ne savez vous empêcher de dire « Vise la poupée/Sacré nom d’un chien/J’vais m’en occuper/Des souris balancées comme elle/Y’en a pas à la pelle », et sur de vous, aux copains vous clamez « C’est du tout cuit/C’est dans l’sac, c’est gagné » ! Oui mais, Françoise n’était pas la « Pauvre môme pâlotte/ La Môme aux boutons/Aux boutons de culotte », que chantait Lucette Raillat.
Je ne sais si, comme dans « le Complexe de la Truite », chanté par Francis Blanche, « Elle était jeune fille/Sortie tout droit de son couvent/Innocente et gentille » ; je ne sais pas davantage si votre rencontre « Ce fut un beau solfège/Pizzicatis coquins/ Fantaisie à quatre mains/Sous l’ardent aiguillon de la chair ».
Mais Françoise qui, elle, fredonnait « Un étranger au paradis » de Gloria Lasso, savait bien que « En chemin, le danger dans un paradis/C’est de rencontrer un ange/Et qu’il vous sourit »…
Tous deux, vous aviez écouté Mouloudji quand il chantait :
« Un jour tu verras/On se rencontrera
Quelque part, n’importe où/Guidés par le hasard.
Nous nous regarderons/Et nous nous sourirons
Et la main dans la main/Dans les rues nous irons ».
Et c’est ainsi que sous un ciel qui n’était pas celui de Paris, « S’envole une chanson » et « Marchent des amoureux/Sur un air fait pour eux ». Et ils marchèrent, ils marchent, et en sont maintenant aux noces de platine, ce métal précieux, rare, qui résiste à la corrosion, comme vos 70 ans de mariage qui résistèrent aux difficultés de la vie et au temps qui passe ; vous aussi Pierre et Françoise, comme le platine, vous êtes précieux !
Un air, une musique harmonieuse s’imposent pour vous, Françoise et Pierre : c’est le grand succès de Luis Mariano de cette année-là, car c’est votre histoire qu’il chante : « La vie est là/Qui vous prend par le bras Oh la là/ C’est magnifique » avec « des jours tous bleus/des baisers lumineux », et « faire un jour/un mariage d’amour/C’est magnifique ! »
Oui, Françoise et Pierre ce mariage d’amour, vous l’avez fait, et 70 ans plus tard, nous vous applaudissons en vous félicitant, car oui, c’est magnifique !
● Venons-en à 1959, Chers couples de Palissandre. Quelle belle année que cette année 1959 : j’en connais un qui, s’il ne fait alors que gazouiller, aurait pu chanter « Pour moi la vie va commencer »… Qu’on me pardonne ce fait personnel.
Malheureusement, comme en 1954, c’est sur fond de crise majeure de décolonisation que s’ouvre l’année 1959, mais après l’Indochine, l’Algérie. Après les crises de 1958 et l’adoption de la Constitution de la Vème République, un nouveau Président s’installe à l’Elysée, Charles de Gaulle. Michel Debré devient Premier Ministre.
A l’étranger, Hawaï devient le 50ème Etat des Etats-Unis dont Eisenhower est le Président. A Cuba, les révolutionnaires de Fidel Castro chassent Battista et prennent le pouvoir. La Belgique annonce sa volonté de donner son indépendance au Congo.
En France, débutent les travaux du tunnel routier sous le Mont Blanc. La scolarité devient obligatoire jusque 16 ans. Le SMIG est à 156 francs. A la télévision se diffusent « 5 colonnes à la Une ». En octobre sort le 1er numéro du Journal « Pilote », avec les aventures d’un petit gaulois invincible, Astérix !
Malheureusement, l’année se termine sur un terrible drame : la rupture du barrage de Fréjus qui fait plus de 400 morts.
En sport, en rugby la France gagne le Tournoi des 5 Nations. Au foot, le Havre gagne la Coupe de France, le Real Madrid bat en finale de la Coupe d’Europe le FC Reims, en dépit de son butteur vedette (qui vient de disparaitre), Just Fontaine. Et l’espagnol Bahamontès, dit « l’aigle de Tolède », gagne le Tour de France.
La « petite fleur » se fane en 1959 car disparait Sydney Bechet, mais aussi le cinéaste Cecil B. De Mille, Buddy Holly, Boris Vian, Billie Holliday ; les acteurs Errol Flynn et Gérard Philippe emmènent avec eux Robin des Bois et Fanfan la Tulipe.
Les carnets roses, à l’inverse se réjouissent cette année-là, des mariages de Brigitte Bardot avec Jacques Charrier, du Prince Albert de Belgique avec Paola, et du Chah d’Iran avec Farah Diba.
En 1959 à Wattrelos, « premier immeuble d’une cité de 2 500 logements » un immeuble collectif de 90 appartements vient d’être construit aux Hauts Jardins, entre la rue Jules-Guesde et la rue de la Baillerie, et accueille ses premiers locataires : la ZUP de Beaulieu s’annonce.
Au printemps ce sont les élections municipales : élu deux ans auparavant à la mort d’Albert D’Hondt, Jean Delvainquière reste maire de Wattrelos.
De grands travaux sont annoncés dans le quartier des Ballons à Herseaux pour lutter contre les inondations et contenir notamment les colères du Berckem, la rivière qui y coule.
L’école des filles de Beaulieu est agrandie et on construit un groupe scolaire au Sapin Vert car la population augmente vite. A la Mousserie, au Nouveau Laboureur, de nouvelles rues, nombreuses, se dessinent.
Nord Eclair annonce qu’à la fin de l’année 1959, Wattrelos, ville-champignon, comptera 40 000 habitants. Depuis la guerre, la ville gagne en moyenne 1 000 habitants par an et se classe 6e du Département.
Mais pour vous, Laurinda et Joaquim, Françoise et Georges, nos deux jeunes époux, 1959 c’est autre chose. Alors que vous préparez la vôtre, je ne suis pas certain que vous sachiez qu’à Broadway se joue « la mélodie du bonheur ».
Sans doute êtes-vous plus sensibles, à l’heure des premiers émois, aux films du moment, « Plein soleil » avec Alain Delon, « Les 400 coups » de François Truffaut, et « Certains l’aiment chaud » avec Marilyn Monroe.
Ah Mesdames, vous vous languissez d’un amoureux qui, tel le « Marchand de Bonheur » des Compagnons de la Chanson vous promet « des moissons de baisers »… Parfois, vous êtes dans le doute, et à l’instar de « la Servante du Château » de Ricet Barrier, vous vous interrogez :
« Faudrait pas croire qu’j’soye un laideron
Les gars me courent au cotillon »…
Ah oui, il y a bien ce petit Joaquim, ce petit Georges, sauf que, quand ils vous rencontrent, ils vous reprennent le titre des Chaussettes Noires « tu parles trop » : « Tu parles à tort, si la parole est d’argent/J’aurai bientôt fait fortune en t’écoutant »… Ne sont-ce t-ils que des goujats ? Mais là s’apercevant de leur bêtise, ils poursuivent l’un et l’autre la chanson :
« Tu parles trop, mais quand il s’agit d’amour
Tu peux parler nuit et jour
C’est jamais trop ».
Là votre visage, Mesdames, s’illumine, Votre amoureux est prêt à tout pour vous : comme Jacques Brel, à vous offrir « des perles de pluie », à « creuser la terre », à « couvrir votre corps d’or et de lumière », et vous succombez quand il vous clame : « Je ferai un domaine/Où l’amour sera roi/ Où l’amour sera loi/ Où tu seras reine ». Comment résister lorsque, languissant, il vous supplie « laisse moi devenir/L’ombre de ton ombre/L’ombre de ta main/L’ombre de ton chien »…
Il vous sourit, et pour vous amadouer encore davantage, Mesdames, voilà qu’avec Bourvil il se met à vous appeler sa « Salade de fruits, jolie, jolie », et il ajoute :
« Tu plais à mon père, tu plais à ma mère
Un jour ou l’autre, il faudra bien
Qu’on nous marie ».
Conquis, passionné, votre amoureux Mesdames, avec François Deguelt, est « ivre de vie, ensorcelé », et vous proclame :
« Tant que ton cœur battra pour moi
Tant qu’un souffle d’amour en toi vivra
Tant que tes rêves ne seront qu’à moi
Je te tendrai les bras »
C’est dans la bonne humeur, celle d’Henri Salvador pour qui « Faut rigoler/Avant que le ciel ne nous tombe sur la tête », que vos bras, Chers Jubilaires, vous vous les êtes tendus l’un vers l’autre et ce fut la Mairie, respectivement le 14 juin et le 10 octobre, et cela dure depuis 65 ans ! Très Bel Anniversaire Laurinda et Joaquim, Françoise et Georges.
● L’année 1964 est olympique : à Innsbruck pour les Jeux d’hiver, à Tokyo pour les Jeux d’été.
A l’extérieur de nos frontières, l’année 1964 ce sont espionnage soviétique, troubles raciaux aux Etats-Unis, et très vives tensions dans la Baie du Tonkin au Vietnam entre le Nord et le Sud soutenu par les Etats-Unis, Etats-Unis où Lindon Johnson est réélu Président. En Union Soviétique, Nikita Kroutchev est limogé, remplacé par Léonid Brejnev. Les casques bleus doivent intervenir à Chypre, entre grecs et turcs. Grande grève des médecins en Belgique.
En France, lors de son Congrès de Paris la CFTC se transforme en CFDT ; Jean Moulin entre au Panthéon ; la femme de l’avionneur Marcel Dassault est enlevée puis libérée par les gendarmes. Waldeck Rochet devient Secrétaire Général du Parti Communiste.
L’ORTF est créée. A la télévision justement, première émission de « la Caméra invisible ».
En sport, Eric Tabarly remporte la Transat en solitaire ; en boxe, le jeune Cassius Clay, 22 ans, devient Champion du monde ; au foot, l’Olympique lyonnais gagne la Coupe de France, et l’Espagne la Coupe du Monde. En cyclisme, Jacques Anquetil gagne le Giro et son 5ème Tour de France !
Parmi les disparitions, citons Nehru, Premier Ministre indien, l’actrice Gaby Morlay, et Maurice Thorez.
Et Wattrelos, en cette année 1964 ? La ville-champignon évoquée précédemment connait de gros problèmes de croissance ; les infrastructures, commerces, services publics ne suivent pas, sans parler bien sûr de l’état de chantier permanent dans certains quartiers, et du sempiternel problème de l’Espierre…
A Pâques un seul couple fête ses noces de Diamant, et deux fêtent leurs noces d’Or et sont reçus en mairie.
En avril, l’athlète Michel Bernard vient rencontrer les jeunes de la Saint-Joseph Sports au stade du Beck, et Chantal Ghesquière devient la plus jeune ceinture noire féminine de France.
En juin, une digue se rompt et 300 maisons sont inondées : tout une partie de la ville est sous les eaux ! En juillet, nouveau désastre : orages et tornades inondent les points bas de Wattrelos : la Broche de Fer et l’impasse du 11 Novembre sont noyées.
Mis à part ces terribles problèmes d’inondations dont nous ne mesurons plus aujourd’hui à quel point ils ont pourri la vie de générations de Wattrelosiens, 7 nouvelles classes sont ouvertes à la Martinoire, où 391 logements sont en construction, ainsi que 2 classes au Lycée annexe. Enfin, en octobre, le Conseil municipal adopte le principe de la création d’un collège au Sapin-Vert : ce sera le futur CES Nadaud.
Nos 5 couples mariés en 1964 l’auront été dans « l’année Beatles » : « Les 4 garçons dans le vent » est l’incontournable film de la jeunesse de cette année. Mais vous, jeunes amoureux, pas sûr que vous ne pensiez qu’à eux.
Non, vous avez quitté l’école (« Adieu Monsieur le Professeur », avec Hugues Aufray) : vous n’avez plus la tête aux colonies de vacances, même si Pierre Perret les trouve « jolies » ; vous n’avez plus la tête aux copains, même si comme Sheila vous ne les oublierez jamais !
C’est que, vous Messieurs, comme Hugues Aufray, vous trouvez que « Les filles sont jolies/Dès que le printemps revient », et vous n’écoutez pas la mise en garde de France Gall qui vous conseille « Laisse tomber les filles ». Vous êtes en recherche, mais de qui ? D’ELLE ! Elle dont comme Franck Alamo, vous avez « oublié (son) nom de baptême », et que quand elle « souligne au crayon noir « ses jolis yeux » vous appelez « Biche, ô ma biche » ; et si un autre vient l’inviter à danser vous devenez Johnny, et c’est « Excuse-moi partenaire » !
Elle, elle qui s’est faite, comme Sylvie Vartan, « la plus belle pour aller danser », et dont vous fondez l’espoir que la robe qu’elle a voulue/et qu’elle a cousue sera « chiffonnée et les cheveux qu’elle aura coiffés/décoiffés par vos mains »… et qu’elle vous fera « connaitre la joie nouvelle/Du premier baiser ».
Elle semble réceptive. Telle « l’amie la rose » de Françoise Hardy, « baptisée de rosée », elle se sent « épanouie/Heureuse et amoureuse », et avec Sylvie vous dit « Si je chante, c’est pour toi, oui pour toi ». Elle vous invite même avec Marie Laforêt « Viens sur la montagne/Je suis là, prends ma main ».
Pourtant l’un et l’autre vous hésitez. Pour elle, il y a « una lacrima sul viso », sur son visage une larme avec Lucky Blondo ; et vous Messieurs, vous écoutez Richard Anthony qui vous parle de « Corde au cou », et Johnny évoque même « le pénitencier »…
Que c’est compliqué l’amour… Comment faire ? Vous étiez en pleine réflexion, quand soudain, Henri Salvador résout vos problèmes. Et oui, « Hé hé, Zorro est arrivé »/le grand Zorro/le beau Zorro ». Avec lui, plus de problèmes, que des solutions !
Allez, du réconfort, « Un verre de whisky » avec Monty, « Tchin-tchin » avec Richard Anthony, et votre amoureux, Mesdames, vous apporte des « Bonbons », ceux de Jacques Brel, et plein de courage, s’en va voir votre père pour lui dire, comme Adamo « Vous permettez, Monsieur, que j’emprunte votre fille », et puisque comme dit la chanson, il « sent bien qu’il se méfie », votre amoureux sort l’arme secrète : Claude François ! Devant vos parents il s’engage : « Si j’avais un marteau/J’y mettrai tout mon cœur/Je bâtirai une ferme/Ce serait le bonheur ». Et se tournant vers vous, reprenant Richard Anthony, il vous dessine le monde qu’il vous offre :
« Ton amour me suffirait
Pour te donner un monde entier
Et ce monde sera fait pour toi
Et personne n’y viendra que toi »
Alors là, Mesdames, vous êtes conquises : vous copiez Agnès Loti pour lui dire « C’est toi mon idole/Ma raison de vivre ». A vos copines qui vous disent, mais enfin pourquoi lui ?
Vous leur répondez, comme les Gam’s : lui « Il a le truc »…
La conclusion ? C’est la chanson de Jean-Jacques Debout qui gagna la Rose d’Or en 1964 qui la donne : vos « yeux se sont aimés », et vos « doigts se sont croisés »… et ils ne se sont plus décroisés depuis 60 ans !
Très belles noces de Diamant Daniel et Nadine, Francis et Christine, Hubert et Thérèse, Jean-Pierre et Jenny, Robert et Annick !
● 1974, c’est l’année de mariage de 7 couples présents ce matin.
On se souvient que l’année 1973 s’était terminée par la décision en décembre de l’OPEP de doubler le prix du pétrole, ce qui lança une crise inflationniste et économique qui allait secouer le monde entier des décennies durant.
Si début 1974 on s’inquiète bien sûr, on ne mesure pas encore les conséquences de cette décision. Au début de l’année, ce qui marque les esprits c’est la catastrophe aérienne d’Ermenonville où un DC-10 s’est écrasé faisant 345 morts le 3 mars. On parle aussi de la signature, enfin, d’un accord chez Lip, ou de l’ouverture de l’aéroport de Roissy.
Mais pour les Français l’année sera surtout politique : la France le 2 avril est sous le choc avec le décès de son Président Georges Pompidou ; l’affrontement électoral qui s’en suivra, entre François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing verra l’élection, serrée, du second à la Présidence de la République, élection où fait politique majeur la gauche rate de peu la victoire puisque François Mitterrand réalise 49,2 % des voix. Jacques Chirac est nommé Premier Ministre.
Pendant ce temps-là dans le monde : en Russie le dissident Alexandre Soljenitsyne, auteur de « l’Archipel du Goulag », est arrêté et expulsé ; une junte militaire prend le pouvoir en avril au Portugal ; Helmut Schmidt devient Chancelier d’Allemagne Fédérale ; en Grèce, à l’inverse du Portugal, les militaires rendent le pouvoir à Constantin Caramanlis, Premier Ministre ; en août, empêtré par le scandale du Watergate, le 37ème Président des Etats-Unis, Richard Nixon démissionne, et Gérald Ford lui succède ; en Ethiopie, le « Roi des rois », Haïlé Sélassié est destitué ; et l’Inde devient la 6ème nation dotée de l’arme atomique.
Cette année-là disparaissent Giani Esposito, le célèbre Pépone (Gino Cervi) de Don Camillo, Marcel Pagnol, Duke Ellington, Pauline Carton, Francis Blanche, Charles Lindberg.
Sur le plan sportif, on retiendra la 5ème victoire au Tour de France d’Eddy Merckx tandis que Carlos Monzon est champion du monde de boxe ; au football, St Etienne est Champion de France, et l’Allemagne, pays hôte, gagne la Coupe du Monde, la finale s’étant disputée avec les Pays-Bas où jouait Johan Cruyff.
En 1974, Wattrelos continue de se développer : le Conseil municipal décide la construction d’une crèche au Sapin Vert et un nouvel hôtel des Postes en centre-ville. La ville emprunte 5 millions de francs pour acheter des terrains pour construire un centre sportif au Crétinier, un ensemble polyvalent au Sapin Vert et étendre le réseau d’éclairage public.
En complément de cet emprunt, une augmentation de 15 % des impôts est votée !
La construction d’un nouveau groupe scolaire à la Martinoire avance bien : il ouvrira pour la rentrée de septembre et portera le nom de Voltaire pour l’élémentaire et de Lamartine pour la maternelle.
Est annoncé également le projet du nouveau groupe scolaire Curie, ainsi que la livraison du nouveau collège de la Boutillerie pour soulager le lycée de Beaulieu.
En avril, la vétuste école des filles du Centre est démolie et notre actuelle crèche du Centre la remplace.
On inaugure en mai la Résidence Beaulieu, foyer-logement de 77 appartements. Est annoncée dans la foulée celle de la Houzarde.
En juin, la Grand’place devient officiellement place Jean-Delvainquière ; un buste à son effigie est installé sur le côté de la mairie.
Le mois de juillet 1974 est « pourri » titre Nord Eclair : l’été est froid et pluvieux, il fait 14 degrés le 24 juillet, et à l’automne ce ne sont que des pluies discontinues ; la neige est là en novembre, et des inondations ont lieu dans le Pas-de-Calais – déjà à l’époque – déclaré zone sinistrée.
A l’automne est annoncée la construction d’une station d’épuration tandis qu’est inauguré le stade de Beaulieu.
Pour nos jeunes en 1974, l’ambiance est, disons, plutôt légère. Si les jeunes filles s’émeuvent de la carrure de Belmondo dans « Le Magnifique », les jeunes garçons apprécient une provocante et jolie servante nommée « Malicia », et ne résistent pas à l’attrait du film, en haut de l’affiche, « Emmanuelle », avec Sylvia Kristel, film dont nul n’a oublié aujourd’hui encore l’affiche et l’ambiance exotique.
On comprend bien dès lors pourquoi nos jeunes hommes sont complétement indifférents au départ du chanteur Antoine qui s’en va naviguer, et ne prêtent qu’une oreille discrète au groupe Beau Dommage qui chante « La complainte du phoque en Alaska ».
A dire vrai, ces garçons sont dans les starting-blocks de l’amour ! A la radio, on ne chante que des prénoms féminins : « Elise », Pierre Groscolas ; « Angélique », Christian Vidal ; « Vanina », Dave… ou encore « Senorita »/Dépêche-too » avec Christophe, et Ringo ajoute au climat sensuel avec « Tentation ».
Et, Patrick, Francis, Oleg, Marc, Bernard, Jean-Marc et Marcel, tous impatients, lancés à la conquête de leur promise, pourraient reprendre en chœur avec « Au Bonheur des Dames » : « Oh les filles, oh les filles, elles me rendent marteau »…
Mais c’est qu’ils sont timides, et comme Claude-Michel Schonberg, ils en rêvent « Le premier pas/J’aimerais qu’elle fasse le premier pas/J’aimerais que ce soit elle qui vienne à moi/Car voyez-vous je n’ose pas »…
Sauf que, Messieurs, quand vous abordez respectivement France, Muriel, Evelyne, Lysiane, Edith, Nadine et Janine, elles vous font toutes la même réponse : « J’voudrais bien/Mais j’peux point », inspirées par Annie Cordy et sa « Bonne du Curé » !
Alors, l’un et l’autre vous vous impatientez : avec Cloclo « le Téléphone pleure/quand elle ne vient pas », et, comme Sheila, elle vous implore « Ne fais pas (sur un coup de tête) tanguer le bateau ». Avec mon ami Jacky Reggan vous connaissez ainsi votre « Premier baiser, première larme ».
Et vous, Messieurs, vous vous faites successivement :
> constructifs, avec Serge Lama :
« Viens, laisse un peu tomber tes poupées/
A ton âge il faut s’en aller
Chez moi, je t’installerai le marché
Aux fleurs pour te parfumer » ;
> pragmatiques, avec Frédéric François
« Viens te perdre dans mes bras
C’est ma vie que je voudrais t’offrir
Viens poser tes lèvres sur mon cœur
Notre amour triomphera ».
> concrets, avec Michel Sardou :
« Je veux l’épouser pour un soir
Et l’épuiser d’amour »
> romantiques, avec Jean-Jacques Debout :
« Pour un jour, une nuit, redeviens Virginie
Partons tous les deux
Pour vivre l’amour le plus merveilleux »…
Devant tant de déclarations, « Rappelez-vous Minette », vous le regardez, lui, votre prétendant, et telle Sheila, vous vous laissez aller à lui dire « Tu es le soleil/L’astre de mes nuits », et vous le faites, vous Mesdames, quoi donc ? Evidemment « Le premier pas d’amour/Dans son lit jour après jour », en lui donnant « tous les remords/De n’avoir pas dit plus tôt/Le premier mot ».
Hé voilà, qu’au petit matin, après le passage à la Mairie, le jeune marié s’éveille, et pense tout haut avec Richard Anthony :
« Qu’est-ce qu’il m’arrive aujourd’hui/
Je suis amoureux de ma femme
J’ai envie de l’embrasser, besoin de la caresser
Je sens me piquer au cœur
Une merveilleuse et tendre douleur »
Et vous Mesdames, si la chanson existait au masculin, sans doute l’entonneriez-vous tout autant.
C’est ainsi qu’une vie d’amour s’est écrite, et 50 ans après, chacune et chacun, vous pouvez dire comme Jean Gabin, en tête des hit-parades en 1974, « Maintenant, je sais ». « Ce que j’ai appris, ça tient en 3, 4 mots :
Le jour où quelqu’un vous aime, il fait très beau
Je peux pas mieux dire, il fait très beau »
Très belles Noces d’Or, Très Bel Anniversaire de mariage à nos marié(e)s de 1974 !
*
Voilà. 50, 60, 65, 70 années ont passé.
Ce matin, Chers Jubilaires, je vous ai invité à remonter le temps Et comme le chantait Jean Gabin, « On oublie facilement tous les soirs de tristesse, mais jamais les matins de tendresse ». Nous nous sommes souvenus de tous ces bons moments en chansons, car à chaque histoire d’amour sa chanson, et à chaque chanson son histoire d’amour ! Les chansons nous accompagnent tout au long de notre vie, elles fixent nos souvenirs, sont si souvent le reflet de nos événements personnels.
Des couplets de grande tendresse, les refrains d’une vie à deux pas toujours facile c’est vrai, avec ses hauts et ses bas, mais au final, des mélodies irremplaçables, puisque ce sont les vôtres, celles de votre vie, celles du bonheur que vous vous êtes donnés.
Un bonheur dont le poète patoisant Fremicourt, que je cite chaque année, donne la définition : « Ch’est un bonheur d’être avec s’compagnie et difficile à bin l’rimplachi ».
Alors restez, restez ensemble, longtemps encore !
Qu’avez-vous fait de mieux que de vous aimer ? N’est-ce pas là l’une des plus grandes réussites de l’existence, le projet même, l'ambition de toute une vie ?
Certains cherchent l’amour, le chercheront longtemps, ne le trouveront peut-être jamais. Vous, vous l’avez rencontré, il y a 50, 60, 65, 70 ans… C’était il y a longtemps, et en même temps c’était hier. Et ce jour-là, vous lui avez dit oui, oui parce que c’était elle, oui parce que c’était lui. Oui, et ça a été pour la vie !
Alors, puisque vous l’avez fait, puisque vous l’avez prouvé, comment pourrais-je conclure ce matin mon propos sans faire référence à cette magnifique maxime de Jean de la Fontaine, qui est à mon sens la plus belle phrase de la langue française, une phrase qui résume tout et qui dit l’essentiel, « Aimer, aimer, tout le reste n’est rien ! ».
Vous en êtes, chers Jubilaires, la preuve ! Votre maire, vos élus du Conseil municipal sont heureux, infiniment heureux de vous voir ici réunis pour votre anniversaire de mariage.
L’inoubliable Romy Schneider avait un jour écrit : « Réussir c’est Aimer ».
En vous accueillant ce matin, en vous regardant les uns et les autres, Chers Jubilaires, je sais, oui je sais que « Aimer, c’est Réussir ! ».
Toutes nos félicitations, bonne journée à toutes et à tous… et Joyeuses Pâques !