3 septembre 2007
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Pas d’hésitation : je vais inaugurer mon rôle de député d’opposition ! Même si ce ministre appartient à un gouvernement que je ne soutiens pas, et même s’il me faut bousculer mon emploi du temps, j’y serai ! Par tradition républicaine : les élections sont passées et je représente les intérêts de toute la population, pour les promouvoir et les défendre auprès des décideurs, et donc des ministres. J’y serai aussi et surtout pour écouter, pour suivre les promesses qui seront faites, et vérifier, si nécessaire, que les engagements soient tenus.
Et j’ai eu raison d’y aller. D’abord, parce que, dans ce collège, les équipes administratives et pédagogiques sont hypermotivées, et c’est une fierté de l’élu roubaisien que je suis de les entendre dire, décrire ce qu’ils font, jeunes ou moins jeunes, et leur passion de leur métier ! Ensuite parce que la visite ministérielle n’épuise pas tout : ce collège aura besoin qu’on continue de l’appuyer, et je sais que nous nous retrouverons dans ce mandat.
Pour l’heure, reconnaissons à Xavier DARCOS que je connais peu (même si, dans nos apartés, nous pouvons partager nos expériences de maires, lui de Périgueux et moi de Wattrelos !) l’idée d’être venu ici, à Roubaix, pour la rentrée scolaire ; d’y avoir pris son temps (cela n’a pas été une visite ministérielle une demi-heure à la va-vite, comme on en connaît trop) ; et d’avoir voulu écouter, et discuter de questions concrètes sur la vie du collège. Un bon point pour lui de ce point de vue !
Pour autant, en écoutant toutes ces discussions des enseignants avec leur ministre, en voyant qu’il veut rassurer dans ses réponses sur les moyens qu’ils continueraient d’avoir (classe d’accueil…), je ne peux m’empêcher de ressentir un malaise.
Lequel ? Celui que le calendrier même de cette visite a créé : sa coïncidence avec l’annonce nationale de la suppression de 11 200 emplois dans l’Education nationale dans le Projet de Budget pour 2008. Soyons clairs : dans l’Académie, cela voudra dire plus de 1000 !
Et encore, pour 2008, c’est de notoriété nationale, Xavier DARCOS a limité les dégâts par une manipulation de communication politique ! Vu la manière dont les déficits de l’Etat s’enfoncent, les « cadeaux fiscaux » (15 Mds € !) du Gouvernement, la charge de la dette (alourdie par les taux d’intérêt qui augmentent !), et la croissance économique qui n’est pas bonne, le rétablissement des finances publiques contraindra ce gouvernement à une rigueur inouïe dans les années qui viennent ! Et les suppressions d’emplois seront plus lourdes encore (bien plus lourdes qu’en 2008 !) en 2009, 2010 et au-delà ! Vue la nasse financière où s’enferre ce gouvernement, l’Education nationale va trinquer dans les années qui viennent, c’est certain…
Alors que deviendront tous ces projets pédagogiques, toutes ces démarches éducatives qui exigent du temps et de la durée pour être efficaces ? Ecouter Xavier DARCOS est surréaliste ; je ne lui fais pas de procès d’intention, je crois qu’il est sincère, mais… pense-t-il vraiment qu’il aura les moyens de ce qu’il dit vouloir faire ? Il sait que non, mais aujourd’hui, il occupe le terrain.
Je comprends qu’il veut surtout une rentrée paisible. Mais ni la courtoisie ni les discours ne modifient la réalité. Et celle-ci est double : d’une part, l’importance des besoins sociaux, donc éducatifs, dont atteste ce collège Anne-Frank ; d’autre part, une politique de « rigueur » dure qui s’annonce, et qui s’avance masquée derrière le visage aimable du ministre devant les élus et les enseignants roubaisiens…
Vigilance, donc, pour demain.