4 février 2008
1
04
/02
/février
/2008
15:58
Ce matin, la Commission des Finances se réunit pour auditionner Christine LAGARDE, Ministre de l'Economie et des Finances sur les conséquences de ce qu'il est maintenant convenu d'appeler "l'affaire de la Société Générale". Demain, mardi 5, nous auditionnerons le Gouverneur de France et la Directrice Générale du Secrétariat Général de la Commission Bancaire.
Banquier de métier, chacun le sait (j'ai moi-même été inspecteur à la Société Générale quelques mois, juste à la fin de mes études), je ne peux qu'être sensible à ce qui s'est passé, car, comme les autres élus, ce que je voudrais, c'est essayer de comprendre. Comprendre comment un établissement aussi prestigieux, aussi solide, doté d'équipes parmi les meilleures au monde, peut ainsi déraper.
Alors que se poursuivent des enquêtes judiciaires, du ministère des finances et de la Commission Bancaire, la ministre nous présente le rapport d'étape qu'elle vient de remettre ce matin au Premier ministre.
Elle relate la chronologie des faits connus, s'efforce de détailler les mécanismes d'information et les contrôles internes à la Banque, et veut surtout formuler des préconisations organisationnelles et prudentielles raisonnables pour que cela ne se reproduise plus. Que dire, que faire de plus ? En effet, rien d'autre pour le moment.
Chacun comprend que tout n'est pas encore connu, élucidé, ni même compris. Trop tôt pour tirer toutes les conséquences de tout cela.
Pour ma part, je retiens surtout : d'évidence des mécanismes internes n'ont pas fonctionné ; d'évidence aussi les jeux financiers sont devenus plus incontrôlables que jamais (on joue sur des sommes de plus en plus importantes, avec des mécanismes de contrôle de plus en plus délicats à mettre en œuvre, avec une volatilité accrue par les techniques qui transportent les fonds d'une seconde à l'autre à l'autre bout de la planète, d'autant plus que ce qui se vend et s'achète a de moins en moins à voir avec l'économie réelle : dans ce cas, on vend et on achète des variations d'indices boursiers !) ; d'évidence, surtout, il n'y a pas de fonctionnement sur des marchés financiers sans l'existence de régulateurs solides : alors que semblait souffler sur ce secteur un vent montant de dérégulation, cette crise de la Société Générale (jointe à celle des subprimes aux Etats-Unis) saura rappeler que déjà les contrôles existants sont trop peu exhaustifs, que déjà les moyens consacrés à ces contrôles devraient être renforcés et que rien ne serait pire pour le système bancaire et financier que de baisser la garde du contrôle…
Mais pour cela, il faudra sans doute aller au-delà des préconisations de la ministre. Comme d'habitude avec ce gouvernement, on énonce des principes de contrôles accrus, mais… on n'évoque pas les moyens supplémentaires qui y seront consacrés !
Affaire à suivre…