Un blog, c'est bien sûr un lieu d'expression de ses réflexions, et de ses humeurs. Ce matin, j'ai envie de vous faire partager celles que mon récent voyage en Allemagne m'ont fait ressentir. Un aller-retour, 2 jours, dans ma ville jumelée de Köthen, en Allemagne orientale, à proximité de Leipzig, à l'occasion de la cérémonie des vœux du maire. Tous les 2 ans, je m'efforce d'y aller, et mon homologue me fait l'honneur de me demander de m'y exprimer, juste après son discours. C'est sympathique, et nos relations d'amitié sont réelles. Mon voyage se déroulait quelques semaines après que l'Union musicale wattrelosienne a fait sur place un concert qui a beaucoup marqué dans cette ville qui vénère J.S. Bach, ce qui me fait plaisir : marier l'art et la jeunesse, c'est aussi une façon de faire l'Europe au quotidien et au concret.
Vous trouvez ci-après le (bref) discours que j'ai prononcé à l'occasion de ces vœux à l'Hôtel de ville. Mais au-delà, je voudrais vous faire partager mes préoccupations sur deux sujets que, de mes conversations avec mon homologue, j'ai retenu.
1) L'ex-Allemagne de l'Est perd dramatiquement de sa population. A Köthen, les habitants sont nombreux à partir, surtout les jeunes, vers l'Ouest. Résultat : la population de Köthen ne cesse de chuter, centaine après centaine. Songez donc : mon homologue a annoncé qu'il avait 1 200 logements vacants dans sa commune qu'il devra faire démolir dans les prochains mois… par manque de demandes de logements. Quand je lui expliquais que, chez nous, à l'inverse, nous avions un manque cruel de logements (donc une offre insuffisante) pour répondre à la demande, et qu'il fallait de 6 mois à 3 ans pour pouvoir trouver un logement dans ma commune, il était consterné. Terrible constat, qu'en Europe, l'aménagement du territoire et la localisation des entreprises sont des préoccupations majeures. Car quelle est la logique, du point de vue du bien-être collectif et de la bonne gestion, d'imaginer ces déséquilibres de logements à quelques centaines de kilomètres ?
2) Autre préoccupation qui interpelle : la dramatique situation des finances locales en Allemagne. Depuis longtemps, les collectivités locales en Allemagne vivent avec des ressources que leur verse l'Etat. Mais les finances de l'Etat sont en difficulté depuis plusieurs années. Alors pour les villes, l'argent s'est fait progressivement plus rare. A Köthen, cela eu 2 conséquences. D'une part, il y a 3 ans, la ville a supprimé les emplois de 25 % de ses fonctionnaires ! Un quart des effectifs en moins ! D'autre part, et malgré cela, la commune devra emprunter quand même plusieurs millions d'euros… pour payer ses agents. Emprunter pour financer des dépenses courantes de fonctionnement ! Ce serait interdit en France, et à juste titre, car c'est une hérésie financière ! Pourtant, c'est la situation.
Alors comment ne pas se trouver interpellés, nous qui, en France, gérons des collectivités locales devenues progressivement dépendantes elles aussi de l'Etat, nous qui connaissons depuis plusieurs années un ralentissement de la progression, voire une diminution des dotations de l'Etat, nous qui pourtant devons faire face à des charges de plus en plus lourdes… Les économistes appellent cela un "effet de ciseau" (baisse des recettes et hausse des dépenses). Prenons garde, qu'à l'image de l'Allemagne, cela ne finisse pas par être un "coup de massue". DiscoursKöthen.pdf