Hier, le syndicat Sud Education a organisé une manifestation devant l’Hôtel de ville contre la création d’une base de données recensant les élèves des écoles maternelles et élémentaires. Wattrelos fait en effet partie des villes qui expérimentent ce fichier.
De quoi s’agit-il ?
L’Education nationale a créé un logiciel de gestion des élèves du premier degré appelé « Base Elèves Premier degré » (BE1d). Sur cette base de données, outre les coordonnées de l’élève, il est possible d’inscrire des données administratives et pédagogiques. Ce logiciel, conçu sous technologie internet et accessible par liaison sécurisée, en est au stade expérimental.
Comment cela fonctionne-t-il ?
La base de données est renseignée par le directeur de l’école. Celui-ci n’a accès qu’aux seules données qui concernent les élèves de son école. Toutes les données d’une circonscription sont accessibles à l’inspecteur de cette circonscription et l’inspection académique a accès aux seules données des écoles de son département. Il existe une base de données par académie, soit 30 bases en France.
Et la Ville ?
L’Education nationale a offert à certaines Villes de tester directement et gratuitement l’application « Base élèves Premier degré ». Wattrelos a accepté la proposition. Pourquoi ? Parce que nous devons en effet assurer la gestion des 3500 élèves de nos écoles : les inscriptions, les repas scolaires, les garderies, etc., et nous ne pouvons pas le faire sans une application informatique. Ces informations, nous devons aussi les transmettre à l’Education nationale. Avec Base-élèves, nous disposons d’un outil simple et efficace, qui plus est gratuit, et bien plus performant que l’application que nous utilisions auparavant. Quand nous utilisons cette base de données, nous n’avons accès qu’aux seules informations que nous enregistrons… et aucune autre. Ainsi, nous ignorons les absences des élèves, les actions de soutien scolaire et, je le répète, toutes informations que nous n’avons pas enregistrées nous-mêmes.
Pourquoi une manifestation ?
Le syndicat Sud Education demande la suppression définitive du système Base-élèves car il redoute qu’un jour il ne soit détourné de son usage. Cette utilisation « particulière » du fichier pourrait trouver son fondement dans la loi de prévention de la délinquance du 5 mars 2007 qui prévoit que le maire est au centre de la politique de prévention et que les établissements scolaires y participent. De plus, selon Sud Education, une personne mal intentionnée pourrait détourner des informations qui seraient mal sécurisées sur internet.
Que faut-il en penser ?
Il faut, je crois, savoir raison garder. On ne peut en effet pas se passer de l’informatique pour gérer des fichiers importants de personnes ou d’objets.
Ensuite, soyons clairs : le maire ou l’Education nationale sont des acteurs de la prévention de la délinquance, et non pas de la répression de la délinquance, notamment des mineurs.
Mais surtout, osons reconnaître que rien n’interdit à la Justice de réclamer communication de données détenues dans des fichiers (un compte bancaire par exemple), dans le cadre d’une information judiciaire. Et c’est normal. Mais que contient vraiment le fichier Base-élèves qui puisse intéresser la Justice ? Ou une personne qui serait mal intentionnée ? Rien que des informations somme toute banales.
Enfin, ce fichier n’est pas obligatoire, en tout cas pour les Villes, lesquelles sont libres de l’utiliser. De toute façon – depuis toujours, et là aussi c’est normal – elles doivent informer l’Education nationale sur les enfants qui se sont inscrits dans les écoles… via la mairie. Et un directeur d’école enregistre, en son âme et conscience, les informations qu’il juge utiles à la connaissance et au suivi de l’enfant, dans le seul intérêt de l’enfant. Je n’imagine pas qu’il puisse le faire dans un autre but.
En conclusion, je reste d’accord sur un point avec le syndicat Sud Education : il faut être vigilant sur l’usage de ce fichier, comme de n’importe quel autre fichier, mais cela ne peut interdire d’en apprécier ses éléments d’efficacité. Tel est le sens de la discussion que mon adjointe à l’Education, mon directeur de cabinet et les fonctionnaires municipaux ont eue avec les manifestants.