Non, le 22 avril 2012 n'est pas le 21 avril 2002 – c'est d'ailleurs Lionel Jospin lui-même qui est l'auteur de ce trait d'esprit !
En effet, à la lecture des résultats de ce premier tour de l'élection présidentielle à Wattrelos, chacun peut le constater : François Hollande est en tête, nettement (31,5 %, quatre points de plus que Ségolène Royal il y a cinq ans)... et nettement plus que dans le reste du pays. Une satisfaction à laquelle s'ajoute celle d'une forte participation (plus de 73 %, un score proche de 2007) qui confirme que l'élection présidentielle est l'élection-phare de la Ve République, déterminante pour les Français, et donc pour les Wattrelosiens.
Le challenger de François Hollande, le président en exercice, perd en revanche un nombre de voix important à Wattrelos (18,8 %) qui s'explique par un système de vases communicants assez simple : les électeurs de Le Pen sont retournés au bercail et le hold-up réalisé il y a cinq ans n'a pas fonctionné cette fois-ci.
Mais plutôt que de regarder les pourcentages, intéressons-nous aux chiffres en valeur absolue.
A participation équivalente, comparer 2007 à 2012, c'est observer que d'un côté, François Hollande fait mieux que Ségolène Royal de 260 voix et de l'autre, que le bloc des droites (républicaine et extrême) progresse de 150 voix. En effet, en 2007, Ségolène Royal réalisait 6 537 voix et Sarkozy + Le Pen 9 826 ; en 2012, François Hollande réalise 6 798 voix et Sarko + Le Pen 10 070 voix. La différence, c'est que les voix de Sarkozy avaient été pompées sur celles de Le Pen... et sont revenues chez Le Pen en 2012 ! En effet, Sarkozy réalisait 6 362 voix en 2007... et seulement 4 074 en 2012. A l'inverse, chez Le Pen, le père réalisait 3 464 voix en 2007, et la fille 5 996 voix en 2012.
Il n'en reste pas moins que le score du Front national reste trop élevé (27,8 %) et que je ne pourrai jamais me satisfaire d'un seul bulletin de vote FN. Je sais que la crise a fait des dégâts, que beaucoup de gens vont mal, qu'il y a des peurs, des inquiétudes, mais on ne répètera jamais assez que le vote Le Pen est une illusion, un catalogue de mensonges, de slogans réducteurs. Le vote-sanction a ses limites !
Quant au vote Sarkozy, il s'est donc dégonflé naturellement : les Wattrelosiens ont compris que la politique menée depuis cinq ans l'a été en faveur des plus riches de ce pays, que trop de faux espoirs ont été donnés et entretenus.
A présent, il reste à faire gagner François Hollande au second tour, à la fois localement et nationalement. J'appelle à une forte mobilisation sur son nom, à une large victoire à Wattrelos car rien n'est jamais acquis ; gardons-nous de l'optimisme des sondages ! La seule question à se poser est la suivante : est-ce qu'on veut le changement ? Est-ce qu'on dit stop ou encore ? Est-ce qu'on veut retrouver des services publics de proximité forts : éducation, sécurité, santé, terriblement malmenés ces dernières années ?
Quant au paysage politique qui se dessine ce soir, il affine les rapports de force et les préférences politiques locales dont il faudra tenir compte pour la prochaine échéance électorale : les élections législatives, en juin, qui doivent donner une majorité forte à François Hollande s'il est élu. A ce sujet, je m'interroge : qui peut penser qu'un candidat qui représente un parti écologiste ayant recueilli 1,3 % des voix à Wattrelos et 1,8 % à Roubaix est le mieux placé pour défendre le projet de François Hollande ? Avec de surcroît un Front national en embuscade qu'on aurait tort de sous-estimer...
La fin de soirée s'est prolongée au siège de la section où nous ont rejoints les responsables de la section socilaiste de Mouscron (qui vont mener une campagne municipale en fin d'année - ph. ci-contre).