Ce midi, alors que j'écoutais dans mon bureau à l'Assemblée la déclaration du Président de la République depuis Réthel dans les Ardennes, France Culture a sollicité ma réaction à chaud sur son antenne.
C'est le Président lui-même qui me donne ma réaction : avec aplomb, il vient de dénoncer ce qu'il appelle « la stratégie cynique et opportuniste » des entreprises ! Or, c'est bien ce qu'il mène, lui, une stratégie cynique et opportuniste !
Aujourd'hui, il souligne « la détresse et la souffrance humaine ». Mais c'est bien la politique idéologique menée depuis plus d'un an (bouclier fiscal, heures supplémentaires….) qui a accéléré la dégradation de la situation économique et sociale française.
Car enfin, qui depuis plus d'un an a réduit dramatiquement les enveloppes de contrats aidés du secteur non marchand (collectivités, associations) ou a tellement durci les conditions d'accès à ces contrats que bien peu de demandeurs d'emploi peuvent en bénéficier ?
Qui, aussi, supprime 30 600 postes de fonctionnaires dans le budget 2009 ? Qui laisse les hôpitaux publics s'enfoncer dans les difficultés financières ? Qui met au régime sec les collectivités locales en réduisant leurs dotations, ce qui va étrangler financièrement aussi les associations ? Qui ne cesse de réduire le soutien à l'activité du secteur du logement (budget 2009 : - 7 % !), lequel secteur va bien mal en ce moment ? Qui a démantelé les règles du code du travail, dégradant les droits, les horaires et les conditions de travail des salariés ? Qui a incité à utiliser des heures supplémentaires plutôt qu'à embaucher ?
La liste est longue de tout ce qui a été fait ces derniers mois et qui a un effet dépressif sur l'emploi. Alors aujourd'hui, quand j'écoute le discours présidentiel, quand je l'entends dire « tout vaut mieux que l'inactivité », je ne peux m'empêcher de m'exclamer : quel culot !
Dans son discours du jour, le Président semble redécouvrir la nécessité de mener une politique de l'emploi ! Il propose de l'appuyer notamment sur la création de 100 000 emplois aidés supplémentaires.
Sous le gouvernement Jospin, nous avions créé 500 000 emplois-jeunes. Aujourd'hui nous ne pouvons donc que l'encourager ! Mais comment ne pas souligner combien est courte la mémoire de ce président ! Faut-il lui rappeler que son gouvernement a supprimé 55 000 contrats aidés fin 2007 et encore 60 000 au 1er semestre 2008, avant de programmer la suppression totale des contrats d'avenir au 1er janvier 2009… puis d'annoncer aujourd'hui la création de 100 000 nouveaux contrats aidés !
Ce n'est pas difficile de comprendre que ces 100 000 là ne compensent pas ceux qui ont été supprimés depuis 18 mois ! Supercherie…
Encore faut-il ajouter que toutes ces annonces, ce sont des chèques sans provisions, tirés sur un déficit de l'Etat qui s'est déjà creusé de 25 % en un an !
Elle est où la clarté politique de l'action de ce gouvernement et de ce président ?