Depuis une dizaine de jours maintenant, la bataille fait rage à l'Assemblée car le Gouvernement fait le forcing (en pleine session d'automne, d'ordinaire consacrée aux questions budgétaires) pour faire adopter un projet de loi dicté par le Président de la République, qui revoit en profondeur les modalités de financement de la télévision publique et les conditions de désignation de ses dirigeants.
Il paraît qu'il y a urgence ! Qui peut le croire ? Urgence oui, pour que les puissants amis du président (Bouygues sur TF1, Bolloré, ...) mettent la main sur les ressources publicitaires de la télé publique ? Urgence aussi que l'Elysée reprenne en main, en nommant lui-même le PDG de France Télévisions, la télévision publique ? On a connu, sous de Gaulle, l'ORTF. On nous prépare l'ORTS, l'Office de Radio Télévision Sarkozyste !
Car - qui en doute encore ? - les articles consacrés à la suppression de la publicité sur France Télévisions n’ont été intégrés au projet de loi que pour lui fournir un alibi idéologique et détourner les regards de l’objet réel de ce texte : la reprise en main de l’audiovisuel public par le président de la république et quelques uns de ses amis personnels.
Que reste-t-il en effet de ce projet de loi, dès lors que la publicité n’y est plus traitée ?
Ø la nomination et la révocation du président de France Télévisions sur simple décision du président de la république,
Ø la seconde coupure de publicité pour offrir de nouvelles recettes aux grands groupes privés de communication,
Ø le « placement de produits » dans les productions télévisuelles offrant ainsi la possibilité d’inclure de la publicité de manière subliminale dans les feuilletons ou émissions grand public,
Ø la réduction de la taxe sur le chiffre d’affaires des chaînes privées,
Ø une taxe sur l’internet et la téléphonie mobile qui sera répercutée sur les consommateurs !
Dès lors, la discussion de ce texte prend un tout autre sens.
Rien ne justifie l’adoption de ce texte dans l’urgence.
C’est pourquoi le Gouvernement devrait retirer ce projet dont le contenu ne sert ni les intérêts du service public, ni la démocratie ni le pluralisme !