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25 mars 2009 3 25 /03 /mars /2009 15:03

Ce soir, à la commission des finances, avec la commission des affaires étrangères, nous auditionnons Dominique Strauss-Kahn, directeur général du fonds monétaire international, pour évoquer avec lui la crise et les perspectives économiques mondiales.

 

D’entrée, Dominique décrit très pédagogiquement ce qu’il estime être « la première crise financière mondiale ». Celle-ci trouve son origine dans une croissance démesurée de l’endettement privé (marché des subprimes aux Etats-Unis). Elle a une double caractéristique : elle est crise des liens entre le secteur financier et l’économie réelle ; crise mondiale (avec le problème que, cette fois, pour le FMI, les interventions se font sur l’ensemble de la planète). Les dernières prévisions :



 

La production industrielle est en chute considérable au quatrième trimestre 2008 mais c’est vrai aussi pour les exportations mondiales. D’où un effondrement massif des PIB avec des conséquences négatives sur le chômage, en hausse très sensible (aux Etats-Unis comme en Europe). Le risque d’inflation a baissé et le risque de déflation n’est pas impossible.

 

Sur le plan financier, l’estimation des pertes (1 400 Mds $ en 2008) a été réévaluée à la hausse
(2 200 Mds $) : actifs toxiques et ralentissement s’auto-entretiennent. Tout cela joue sur la confiance des acteurs (chute des cours de bourse et de la confiance des consommateurs).

 

Les spreads sur les crédits défaut de swaps (CDS) sont en forte hausse, et la liquidité interbancaire reste fragile (le spread sur swap de l’index, Libor-Overnight s’accroît) ; de sorte que les banques durcissent les conditions de prêt (surtout aux Etats-Unis et au Japon). Bien des pays émergents ne parviennent plus à trouver les financements dont ils ont besoin pour financer leurs besoins (assèchement).

 

Le risque de propagation de la crise est donc grand si on ne règle pas le problème du financement des pays émergents. C’est préoccupant, d’autant que les flux bancaires internationaux chutent rapidement. D’où un risque que la détérioration dans les marchés émergents se transmette aux marchés des pays développés. Ainsi, les systèmes bancaires de certains pays (Autriche, Belgique, Hollande…) sont très exposés.

 

Alors que faire ? Les marges de politique monétaire sont étroites. Sur le plan budgétaire, il faudrait une relance de l’ordre de 2 % du PIB mondial. On est, à ce jour, un peu en dessous, vu ce qui a été fait, mais dans l’ensemble, la coordination n’a pas été si mauvaise.

 

Ce qui ne va pas, c’est que les systèmes financiers doivent impérativement être remis sur pied. Une triple approche est nécessaire : s’occuper sans tergiverser des actifs dévalués ; recapitaliser les banques ; continuer à fournir un large soutien à la liquidité. Si on ne le fait pas (au vu des 122 crises bancaires qu’a eu à gérer le FMI depuis son existence), soyons certains que cela ne redémarrera pas ! Le blocage du secteur bancaire empêche le redémarrage de l’économie réelle.

 

Une autre ligne de défense, c’est le FMI. Ses prêts sont conséquents mais ses ressources doivent être augmentées (besoin de doubler les ressources, au moins !). Ainsi, ont récemment accédé à ces prêts : le Pakistan, l’Islande, l’Ukraine, la Hongrie, la Lettonie… Des contacts sont en cours avec la Roumanie.

 

Malgré tout, il y a des risques importants de dégradation à cause des délais de mise en œuvre des politiques de rétablissement des banques ; du risque de déflation ; de celui de renouvellement des financements externes (rollover) pour les économies émergentes ; des tentations de protectionnisme commercial mais aussi financier ; d’une légitime inquiétude quant à la soutenabilité des politiques budgétaires.

 

Et DSK de rappeler que le rôle du FMI est de dire ce qu’il croit juste. Il pointe ainsi les risques de révoltes sociales dans des pays africains qui peuvent affaiblir des démocraties jeunes et cela ne peut être négligé.

 

Cet examen, pour tout dire, n’est pas rassurant, mais chacun comprend que pour sortir de la crise, il y aura besoin d’un réglage très fin des politiques économiques. Et de la capacité de les gérer…

 

 

 

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