Le 3 septembre 1939, la Grande-Bretagne, puis la France déclaraient la guerre à l’Allemagne, après que cette dernière eût envahi la Pologne deux jours auparavant, sans déclaration de guerre. Dix mois après la signature des accords de Munich, la Seconde Guerre mondiale commençait. La cause officielle invoquée par l’Allemagne pour envahir la Pologne était le rattachement de Dantzig à l’Allemagne.
Depuis 1918 et le traité de Versailles, la ville de Dantzig (Gdansk en polonais) avait un statut particulier. Cette zone constituait un corridor permettant à la Pologne d’accéder à la mer, mais coupant la Prusse orientale du reste de l’Allemagne. La population du corridor parlait un dialecte polonais ; en revanche, le port et la ville de Dantzig, dans la basse vallée de la Vistule, étaient presque entièrement allemands. La conférence de la Paix avait décidé que Dantzig et la région voisine constituaient une ville libre contrôlée par la Société des Nations. Les Polonais bénéficiaient du libre accès au port (il s’agissait du seul débouché de ce pays vers la mer), tandis que la ville de Dantzig était administrée par une assemblée du peuple et un sénat, à la fois chambre haute et exécutif.
En octobre 1938, RIBBENTROP, ministre allemand des affaires étrangères, avait proposé à la Pologne un accord complétant celui de 1934 : cet accord aurait permis le rattachement de Dantzig à l’Allemagne. La Pologne opposa une fin de non-recevoir : le 5 janvier, le colonel BECK, ministre des affaires étrangères polonais, fut reçu à Berchtesgaden par HITLER, qui lui renouvela ses promesses d’amitié. Parallèlement, la Pologne avait conclu un accord avec l’URSS le 26 novembre 1938, réaffirmant le pacte de non-agression de 1932.
Pourtant, pour certains en Europe, la guerre parut inévitable : après la remilitarisation de la Rhénanie, l’Anschluss et la prise des Sudètes, la Pologne et le corridor de Dantzig apparaissaient comme les prochaines proies de l’Allemagne nazie.
Le cheminement fut ensuite implacable. Une crise importante éclate en mars 1939, où, invoquant une crise entre Tchèques et Slovaques, HITLER fait entrer le 15 mars les troupes allemandes à Prague, tandis que la Slovaquie proclame son indépendance.
Le 26 mars, l’Allemagne somme la Pologne de rejoindre le bloc antisoviétique et réclame fortement le rattachement de Dantzig. Le colonel BECK évoque alors explicitement le risque de guerre. Le 28 mars, Madrid tombe dans les mains de Franco. Le 7 avril, Mussolini envahit l’Albanie, là aussi sans déclaration de guerre.
Toute l’intense activité diplomatique que la France et la Grande-Bretagne déploient dans les mois qui suivront ne contrarieront pas les exigences allemandes.
Des années funestes pour le monde, pour l’Europe, et pour tant et tant d’habitants de nos villes, ici dans le Nord, se sont engagées ce 3 septembre-là.
C’était il y a 70 ans aujourd’hui. Ne l’oublions pas…