Avec Francine Langevin, secrétaire de la section PS de Croix-Wasquehal, et Bernard Catto, ancien commissaire central à Lille et chef de district.
Comme je vous le disais, je me suis rendu hier soir à Croix à l’invitation de la section socialiste locale pour prendre part au débat participatif organisé autour du thème : « Les insécurités et les violences sont-elles inévitables dans notre société ? »
Une quarantaine de personnes étaient présentes (malgré la neige !), et je dois dire que la discussion a été très constructive : des questions, des témoignages, des pistes de réflexion, des échanges entre les participants… j’y ai vu un bel exercice pratique de démocratie participative.
L’invité de cette réunion était l’ancien commissaire central de Lille et chef de district Bernard Catto. Un invité précieux qui nous a révélé l’envers du décor que notre Ministre de l’Intérieur a si habilement dressé : un déficit dramatique d’encadrement dans la police ; un « tout législatif » qui ne débouche sur rien (exemple : le décret si médiatique interdisant les rassemblements dans les halls d’immeubles = deux procédures en un an en France !) ; une transformation de la police menée en dépit du bon sens (sans sa dimension de proximité, la police ne peut être efficace!) et sans toucher au reste de la chaîne pénale (la prévention et l’éducation en amont ; la Justice et la prison à l’aval), que d’erreurs, que d’erreurs !
Je suis persuadé que les insécurités, qui génèrent les violences, doivent être l’objet d’un projet global qui s’attaque au moins autant aux causes qu’aux conséquences.
C’est-à-dire :
1) une Police efficace et présente dans les quartiers ;
2) une Justice efficace et rapide, avec un budget prioritaire et des solutions alternatives à l’incarcération car celle-ci ne règle pas, loin s’en faut, les problèmes de violence ;
3) une Education pourvue en moyens humains (enseignants, encadrants, aide-éducateurs…) dès la très petite enfance car c’est à la maternelle que les inégalités se créent, mais également à destination des parents (pourquoi pas une école des parents ou davantage d’écoles de la deuxième chance ?), avec un « service civique » de un ou plusieurs mois (obligatoire pour moi) comprenant des travaux d’intérêt général auprès d’une association ou d’une collectivité publique ;
4) construire l’adhésion à une société où chacun trouve sa place : c’est le fameux « lien social », et c’est le cœur du sujet. Cela signifie qu’il faut parallèlement éradiquer ces gangrènes que sont le chômage, la pauvreté (30% de RMIstes en plus en trois ans à Wattrelos !), le mal-logement (ou le pas-de-logement du tout), qu’il faut une politique économique qui parie sur l’investissement, sur la recherche, et qu’il faut des services publics de proximité.
J’ai, en outre, proposé lors de cette réunion une mesure très concrète : il faudrait que l’Etat crée une dotation couvrant 50% du « coût » d’un policier municipal pour les communes ayant un niveau modeste de ressources (exemple : Wattrelos, Roubaix, Tourcoing, pour citer les trois communes où les revenus moyens par habitant sont les plus faibles de la Communauté urbaine). Cela permettrait à ces villes, par essence les plus exposées aux phénomènes de violences et d’insécurité, de doubler les effectifs de leur police municipale – qui ne doit pas pour autant remplacer la police nationale, ce n’est pas ce que je suis en train de dire ! – dont la mission est d’assurer une première présence de proximité dans les quartiers.
Puisse cette idée faire son chemin…