Ce matin, je représente l’Assemblée à Bercy, aux côtés de Michel Sapin, ministre des finances, Bruno Bezard, directeur général du Trésor, et Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, pour participer aux travaux du comité 2020, présidé par Gérard Mestrallet, chargé de travailler sur l’avenir de la place financière de Paris.
Se situant dans une perspective stratégique d’ensemble à un moment critique pour l’économie française et ses acteurs, ce comité devra donner des objectifs crédibles pour 2020 dans trois directions : le développement de l’épargne longue ; la compétitivité de la place financière ; la stratégie des réformes d’ici 2020.
Dans un rapport (Quels enjeux pour la place de Paris à l’horizon 2020 ?), le Cabinet Mc Kinsey présente d’abord les grandes tendances d’ici 2020. Ainsi, si la mondialisation des échanges (biens, services, capitaux) a été multipliée par 5 ces 15 dernières années, les échanges financiers mondiaux reculent (- 60 % depuis 2007), et un rééquilibrage nord-sud s’opère avec l’émergence de nouvelles places financières (Hong-Kong, Singapour…). Le monde connaît pourtant des besoins de financements croissants : en 2030, les besoins d’investissements longs mondiaux pourraient dépasser l’épargne de 2 400 Mds $ par an ! A l’échelle nationale, l’épargne longue tend plutôt à fléchir alors que nous avons des besoins d’investissements lourds, et en France, l’épargne est insuffisamment tournée vers les entreprises (17 % des actifs financiers investis contre 43 % en Europe). Il y aura aussi transformation du secteur bancaire (contraction des bilans bancaires et perte de rentabilité).
D’où la pertinence d’une place financière physique et localisée, qui ait une solidité et une puissance suffisantes. La place de Paris a des atouts certains (4 des 28 banques systémiques mondiales sont à Paris) mais son attractivité s’érode (notamment face à l’attraction gravitationnelle de Londres, où migre une partie des équipes). Il est urgent de mener une réflexion sur les filières industrielles financières françaises, et sur la mobilisation de l’épargne.
Présentant son rapport Croissance et fiscalité, Jacques Delmas-Marsalet effectue trois constats :
- la France souffre de trois déficits : celui des finances publiques, qui réduit dans l’immédiat les marges de manœuvre fiscales ; le commerce extérieur, qui contribue négativement à la croissance ; l’investissement, qui stagne depuis plusieurs années du fait de la détérioration des marges des entreprises ;
- elle connaît un mouvement de désintermédiation bancaire, ce qui implique que l’on réoriente l’épargne vers des actifs longs (actions, obligations d’entreprise) ;
- notre fiscalité fait encore peser des charges importantes sur la production et les bénéfices.
Il préconise une réorientation de la politique fiscale à l’horizon 2020, pour contribuer au rétablissement des marges des entreprises ; réduire la surimposition des revenus du capital ; réorienter l’épargne vers les placements longs ; orienter une partie de cette épargne longue en apport de new money pour les PME non côtées ; simplifier la fiscalité, notamment par la non-rétroactivité des mesures fiscales ; préserver la compétitivité des acteurs financiers (taxe sur les salaires et ou sur les transactions financières qui ne soit pas pénalisante).
Sur ces bases, Michel Sapin a ensuite fait vivre le débat à l’occasion duquel ont été effectivement évoqués la non-rétroactivité, le contenu de l’Union des marchés de capitaux, le marché des titres de créances négociables ou les infrastructures de marché.