Il y a cinquante ans, le 18 mars 1962, les accords d’Evian mettaient fin à la guerre d’Algérie (on ne l’appelait pas comme cela à cette époque : ce n’est qu’en 1999 qu’une loi, que j’ai votée, lui donna ce nom), et à une période de colonisation française de 132 ans. Car si c’est en juin 1830 que l’armée française débarqua en Algérie, par la constitution de 1848, l’Algérie devint partie intégrante de la France (jusqu’en 1962 donc !).
Chacun sait les inégalités de peuplement de l’Algérie au lendemain de la seconde guerre mondiale, et les fortes inégalités sociales séparant les deux communautés. C’est un processus conflictuel qui a crû en intensité, huit longues années durant, après la Toussaint rouge d’octobre 1954, avec l’engagement du contingent en 1956 (400 000 hommes alors engagés en Algérie), la chute de la IVe République et le retour au pouvoir du Général de Gaulle en mai 1958, son « Je vous ai compris ! » à Alger le 4 juin 1958, le putsch des généraux le 22 avril 1961. Les pourparlers d’Evian s’étaient engagés le 18 mai 1961, et toute l’année sera marquée de fortes tensions, avec parallèlement au conflit, les actions violentes d’un nouveau mouvement clandestin : l’Organisation de l’armée secrète (OAS).
C’est dire si le 19 mars 1962 aura marqué, avec l’annonce du cessez-le-feu, un soulagement pour bien des militaires engagés, leur famille en métropole, alors que, pour beaucoup de familles de colons sur place et pour les harkis, l’incertitude ou l’inquiétude légitime prévalait. Il n’en est pas moins vrai que le 19 mars aura été une étape historique majeure, puisque partie intégrante d’un processus institutionnel qui conduira 90,7 % des électeurs de métropole à approuver massivement par référendum ces accords d’Evian le 8 avril 1962, et ce faisant, l’Algérie à devenir indépendante.
Le 19 mars est donc bien une date de notre histoire, fut-ce d’une histoire récente, mais paradoxalement encore très peu connue des jeunes générations qui ne l’examinent dans leurs études que bien tardivement et parfois très sommairement.
Voilà pourquoi à Wattrelos on se souvient ; voilà pourquoi, ce soir, élus, représentants des sociétés patriotiques, notamment de la FNACA, nous nous retrouvons aux cimetières du Crétinier et du centre pour rendre hommage aux disparus, aux blessés et aux blessures, et pour le devoir de mémoire.
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