Son prénom était plus connu que son nom, tellement il a pu être connu, tellement il pouvait paraître proche de chacun, un copain, un ami, alors comment l'appeler autrement que, tout simplement... Félix ?
J'ai appris avec une infinie tristesse la disparition de Félix Beheydt ce lundi. Il fut un ami de longue date, une figure de Wattrelos et un homme engagé au service des autres.
Lorsque j'étais élève à Emile-Zola, il était responsable de l'association de parents d'élèves, une fonction qui lui tenait à cœur. Le monde de l'enseignement lui était bien connu ; il devint même par la suite délégué départemental de l'Education nationale, contribuant avec efficacité à faire le lien entre l'Administration et les écoles. Je l'affirme car j'en fus témoin : il fut un excellent DDEN, encore très présent, très actif, très impliqué et il a fait honneur à ses responsabilités. L'éducation était à ses yeux le bien le plus précieux.
Félix était aussi une figure de Wattrelos, un personnage comme on dit. Sa bonhommie ne devait pas faire illusion : il savait ce qu'il voulait ! Son regard exprimait toujours une sorte d'amusement et sa diction, structurée et posée, lui donnait la courtoisie de l'érudit. Il habitait Beaulieu et dans le quartier, qui ne le connaissait pas ? Quand on le croisait, il avait toujours quelque chose à raconter : Félix était disponible, bavard – c'est indiscutable ! – et doté d'un solide caractère. Lorsqu'il menait un combat (qu'est-ce qu'il a pu en mener !), son interlocuteur était mis à rude épreuve !
Par-delà notre amitié, il nous est arrivé de débattre, parfois rudement, sur les chemins à prendre, mais nous étions toujours d'accord sur l'essentiel, à savoir l'objectif à atteindre, et les valeurs à privilégier. L'humain était pour lui comme elle l'est pour moi la toute première.
Car Félix était d'abord et avant tout un militant, un homme dévoué aux autres et à la cause collective, s'investissant notamment dans le domaine du logement au sein de la Confédération nationale du logement. Egalement Membre du conseil d'administration de Vilogia, bailleur qui détient la totalité du parc immobilier locatif de Beaulieu, il était l'inlassable défenseur des droits des locataires, multipliant de sa belle écriture les interpellations et les courriers – il était d'ailleurs écrivain public, aidant les uns et les autres à remplir les formulaires administratifs et à effectuer leurs démarches. Il ne supportait pas l'inégalité, l'injustice et son existence fut celle d'un homme engagé. On venait trouver Félix quand un problème survenait, et Félix en faisait le sien jusqu'à ce qu'une solution puisse être trouvée. Ce souci de la justice sociale et ce sens aiguisé des responsabilités l'avaient conduit à devenir président du comité d'usagers du centre social de son quartier, le centre social de l'Avenir, mais aussi vice-président de l'association des centres sociaux de Wattrelos.
Bref, la vie de Félix Beheydt fut largement au service des autres. Les enfants de Wattrelos, l'éducation à Wattrelos, les locataires de Beaulieu lui doivent beaucoup.
Je le dis tout net : avec son départ soudain, brutal, c'est pour moi une tranche de vie, une part réelle de ma propre existence qui s'en va. Je l'ai connu enfant, je le vois partir comme maire de ma, de sa commune si chère à son coeur. Souvent il m'avait dit sa fierté de m'avoir accompagné tout au long de ce chemin ; maintenant qu'il s'en va, qu'il sache ma douleur de le voir prendre le chemin de l'adieu !