Ce matin au siège de la section, avec Dany Cuchère, 1ère Secrétaire de la section de Wattrelos, nous inaugurons une exposition, montée par des militants aussi motivés que remarquables, consacrée à Jean Jaurès. En cette année Jaurès, pour le centième anniversaire de son assassinat, les socialistes wattrelosiens tiennent à saluer la mémoire de cette grande voix de la gauche.
Jean Jaurès fut enseignant (normalien, professeur de philosophie), socialiste (depuis qu’il partagea le combat des mineurs de Carmaux en grève. Il participa à la création de la SFIO en 1905), député (élu, à 26 ans, à Carmaux justement, en 1885 : il sera élu quatre fois !), journaliste (il fonda L’Humanité en 1904). Fondamentalement, l’homme est un humaniste. Il est républicain : « Oui, la République est un grand acte de confiance et un grand acte d’audace », et attaché à l’expression et au respect de la démocratie : « Le suffrage universel, malgré ses incertitudes, malgré ses erreurs et ses surprises, c’est la lumière : c’est le plein jour » écrit-il en 1885. Très critique, donc, contre les révolutions (il fustige « le délire révolutionnaire »), il est réformiste : « Les forces bonnes, les forces de sagesse, de lumière, de justice, ne peuvent se passer du secours du temps… ». Le changement ne peut se faire, se construire, se conduire que progressivement, réforme après réforme.
Jean Jaurès, dans notre histoire, ce fut aussi une voix à l’Assemblée où il fut un grand tribun. Il fut de tous les grands débats. En 1893, il dénonce le scandale de Panama (« Nous sommes ici pour y substituer un ordre social plus juste »), et en 1898, il critique le pouvoir dans l’affaire Dreyfus (« Vous êtes en train de livrer la République aux généraux ! »). Il s’engagera avec force aussi contre la peine de mort ou pour la laïcité dans le débat sur la séparation des Eglises et de l’Etat en 1905.
Mais l’histoire aura aussi et surtout retenu le destin tragique de Jaurès, véritable martyr de la paix. Ardent pacifiste, dénonçant les nationalismes, et redoutant, visionnaire, le drame du péril d’une guerre européenne, il s’est opposé en 1913 à la loi des trois ans (qui prolongeait la durée du service militaire). Pour éviter la guerre, il s’est battu jusqu’au bout en juillet 1914, à l’Assemblée, dans les ministères, au Bureau de l’Internationale socialiste à Bruxelles (cherchant à organiser la grève des travailleurs allemands pour refuser la guerre), dénonçant fermement les manigances de la diplomatie russe jusqu’à la dernière heure ! Malheureusement, le 31 juillet, il est assassiné au café du Croissant par Raoul Villain (lequel sera acquitté en 1919 !) et sera transféré au Panthéon en 1924 sous le Cartel des gauches !
Jean Jaurès, c’est un destin hors normes, une figure de notre histoire et de celle des socialistes. Refusant les illusions, abhorrant la révolution, démocrate et réformiste avant tout, soucieux de réalisme, il écrivit dans son superbe discours à la jeunesse, le 3 juillet 1903
au lycée l’Albi : « Je ne vous propose pas un rêve décevant ; je ne vous propose pas un rêve affaiblissant ».
Mais dans une section socialiste de Wattrelos qui, tout au long de son histoire, aura été de tradition et de culture jaurésienne, comme pour moi qui n’ai jamais eu d’autre ligne de conduite, Jean Jaurès, c’est d’abord et avant tout sa définition du courage en politique : le courage, « c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel, c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense. Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ».
Dans la France d’aujourd’hui, ce message me paraît plus que jamais d’actualité ! Les impatients, les irresponsables, et les mélenchonistes feraient bien de le méditer…