Cet après-midi, l’ouverture de la session extraordinaire se fait avec le discours de politique générale du Premier ministre au terme duquel, en vertu de l’article 49-1 de la Constitution, J.-M. Ayrault sollicitera la confiance de l’Assemblée.
Ce type de discours est toujours un grand moment de la République. Après une alternance, ce l’est encore davantage. Deux traits saillants dans cette intervention : l’insistance de Jean-Marc sur son amour de la France et sur son expérience nantaise.
D’entrée, il a rappelé le cap fixé par le Président de la République : « Conduire le redressement de notre pays dans la justice ». En insistant sur « une crise sans précédent qui menace ce que le siècle dernier nous a légué, notre modèle social ». Il appelle « notre peuple à une mobilisation, à retrouver confiance dans notre destin ».
Bien sûr, il y a la dette. « Depuis 2007, la dette publique a augmenté de 600 Mds €, elle atteint 1 800 Mds, et près de 90 % de notre richesse nationale ! La dette est un enjeu de souveraineté nationale. Une France endettée est une France dépendante. Sans réduction de la dette, il ne saurait y avoir de redressement du pays.
Je ne suis pas venu lancer un débat sur l’héritage. Mais nous ne renonçons à rien. Cette majorité n’a pas été élue pour trouver des excuses mais des solutions. Nous pouvons, nous devons l’emporter.
Au-dessus de l’argent que l’on gagne, il y a ce sentiment plus fort que procurent l’estime et la reconnaissance de ses concitoyens. Je ne considère pas les gens auxquels je parle en fonction de leur patrimoine ou de leurs revenus.
Nous ouvrons la porte à une évolution profonde. Nous voulons donner toutes ses chances à la démocratie ». Ainsi :
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il souhaite que « la culture de l’accord, celle du donnant-donnant, s’impose » ;
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il annonce une conférence sociale qui traitera de : l’emploi (des jeunes), la formation, le développement des compétences, les rémunérations, l’égalité professionnelle, le redressement productif national, l’avenir de nos retraites, le rôle de nos services publics et de leurs agents (intégration des salariés aux CA des grandes entreprises, information en amont des représentants du personnel) ;
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d’autres concertations suivront : la refondation de l’école (5 juillet), l’avenir de la recherche ; nouvel acte de la décentralisation.
« Je sais que les attentes sont fortes, qu’on ne va jamais assez vite quand il s’agit de corriger des injustices. Mais nous voulons imposer le changement dans la durée. Les Français ne nous ont pas donné un mandat pour gouverner 100 jours mais 5 ans.
Au cours de ce quinquennat, deux phases se succéderont : celle des réformes de structure (réforme fiscale, redressement productif, décentralisation, transition écologique et énergétique) ; celle où seront tirés les bénéfices de l’effort collectif. »
Avec une ligne de force : la justice car « la justice n’est pas qu’une exigence morale, elle est un facteur de croissance et de progrès.
Le Président de la République a fixé des priorités : la jeunesse, la sécurité et la justice. Elles seront respectées ! Elles exigeront des choix. Une loi de programmation des finances publiques précisera le retour à l’équilibre à l’horizon 2017 en faisant la part des efforts demandés à chacun. De nouvelles recettes fiscales seront mobilisées. La volonté de ce gouvernement est de solliciter ceux qui ont été jusqu’à présent exonérés de l’effort collectif.
Maîtrise des dépenses publiques et nouvelles recettes fiscales sont le préalable. La situation est sérieuse. Je revendique le sérieux ; j’en appelle à l’effort national mais je refuse l’austérité ! ».
Et d’égrener avec précision les actions que le gouvernement conduira pour l’école, la sécurité, la justice, la démocratie, la solidarité…
Avant de conclure : « La situation de notre pays est préoccupante. Le redressement prendra du temps, ce sera difficile mais nous réussirons ! ».
De fait, les députés ont largement voté la confiance : 302 votes pour, 225 votes contre (527 exprimés, 544 votants).