Ce lundi matin, comme chaque année, je suis levé très tôt, sans doute comme beaucoup de ménages jubilaires reçus à l’Hôtel de ville à partir de 10 heures. Ils sont 26 cette année. Fût-il bien rodé, je tiens à ce que le rituel soit impeccable : nos hôtes le méritent amplement !
Les couples viennent en cortège depuis la place de la République (certains en véhicule d’époque : la 2 CV a remporté un grand succès !), descendent chacun leur tour devant le perron de l’Hôtel de ville, où je les accueille (avec un bouquet de fleurs pour la jeune mariée !), quelques mots de bienvenue et de bon anniversaire, une photo-souvenir, puis chaque couple entre dans la mairie entre deux rangées de mes adjoints (ceints de leur écharpe pour solenniser l’évènement), et remontent l’escalier d’honneur (orné de ballons aux noms de chaque couple) pour rejoindre la salle des mariages… où tout va recommencer !
Deux jeunes artistes de Nordsud entonnent deux chansons en l’honneur de nos jubilaires : L'hymne à l’amour d’Edith Piaf et Les vieux mariés de Michel Sardou.
C’est d’ailleurs dans cette chanson que moi aussi j’ai puisé l’inspiration du début de mon discours. « On vient de marier le dernier / Ce soir, il me vient une idée / Si l’on pensait un peu à nous »… C’est justement le but de cette cérémonie : penser à ces époux de 65, 60 ou 50 ans, eux qui totalisent 1 485 années de vie commune, soit un millénaire et demi d’amour ! Respect !
Si, dans Carmen, Georges Bizet énonce que l’amour est « enfant de bohême », un « oiseau rebelle », assurément, ces ménages auront su l’apprivoiser ! Ensemble, nous revisitons leur année de mariage.
En 1949, où trois couples de saphir se marièrent, on sort encore de la guerre et on est plutôt frivole dans les chansons, à l’image de la Mi-août de Ray Ventura, de « la guêpière et les longs jupons » d’Yvette Giraud, et nourris de La tactique du gendarme de Bourvil, nos ménages engagent un hymne à l’amour qui est encore aujourd’hui le leur !
En 1954, le LOSC est champion de France, Rintintin est sur les écrans, Bill Haley et Elvis Presley secouent l’Amérique, mais nos neuf couples de diamant clament, avec Luis Mariano, que « La vie est là / Qui vous prend par le bras / Oh la là / C’est magnifique ! » : ils le pensent encore, et ils le chantent même ce matin à l’Hôtel de ville !
Enfin en 1964, la France sportive se querelle entre Jacques Anquetil e Raymond Poulidor, il y a de grosses inondations à Wattrelos mais nos noces d’or, avec le marteau de Claude François, construisent leur nouveau foyer. Il est vrai que, comme le chante Jean-Jacques Debout, leurs « doigts se sont croisés », pour ne plus jamais se dénouer ; et si France Gall dénonce Charlemagne qui « a inventé l’école », eux découvrent l’école du bonheur !
Bien sûr, chacun le sait ce matin : tout n’a pas toujours été facile, et en toutes ces années, des moments difficiles, il y en a eus. Mais ce qui a un jour commencé dans une mairie y est aujourd’hui célébré !
Devant élus, enfants, amis, très nombreux à l’Hôtel de ville, nos ménages sont émus, je le vois, je le sens. Je ne le suis pas moins. Et ils peuvent être fiers de leur amour que tous ensemble nous saluons.
Aimer et être aimé est en soi une réussite. Eux y sont parvenus, eux ont réussi leur quête, celle de « l’inaccessible étoile » chère au grand Jacques Brel !
Mais, comme je le dis en conclusion de mon discours, ils prouvent « aux yeux de tous que, loin d’être un oiseau rebelle, l’amour est ce rossignol qui s’est posé un jour sur le balcon de leur vie et n’en est jamais reparti ! ».
Une amie, parlant de son ménage, me disait récemment qu’elle était une perle et qu’elle avait épousé une pépite ! Assurément alors, nos jubilaires de ce matin auront été « les orfèvres de l’amour et les joailliers du bonheur ! ».
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