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  • : Blog de dominique Baert
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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 11:06

Jules-Clauwaert.jpgQuand, dans une ville comme Wattrelos, un journal comme Nord Eclair a l’importance historique qu’il a, on connaît Jules Clauwaert (ph. Nord Eclair ci-contre). Gamin, étudiant, citoyen, j’ai souvent lu avec intérêt ses éditoriaux, billets d’humeur, papiers d’opinion. Sa photo était conforme à ce qu’était l’homme, élégant, posé, tout en retenue, distingué dans son allure comme dans ses phrases, au regard fin comme ses analyses.

 

J’en ai vraiment fait la connaissance en 1997, lorsque je devins candidat, puis député de la 8e circonscription. S’il était plus en retrait qu’au contact quasi quotidien comme le sont les journalistes, il n’en était pas moins très présent. Et de la même manière qu’avec André Diligent mes relations ont toujours été parfaites, je dois dire qu’elles le furent tout autant avec ce grand Monsieur de la presse que fut Jules Clauwaert, qui s’en est allé à 90 ans. Son départ m’attriste, à titre personnel, pour sa famille mais aussi pour Roubaix.

 

Jules Clauwaert était d’abord et avant tout un grand journaliste. Arrivé des mines peu après la Libération (lui-même fut mineur), il avait intégré la rédaction de ce tout nouveau journal, Nord Eclair, en compagnie d’autres jeunes journalistes qui l’avaient rapidement, et très naturellement, porté à leur tête. Car Jules Clauwaert était un meneur d’hommes, un capitaine au charisme évident, un chef dans l’âme qui avait su rester proche de ses collaborateurs. La porte de son bureau, me dit-on – dont le siège à l’époque se situait Grand’rue – était toujours ouverte : il exerçait sa responsabilité au milieu de ses équipes, toujours disponible et premier avocat de ses journalistes qu’il défendait avec conviction lorsque survenait un litige. C’était également un farouche garant de la liberté d’expression, du respect de la ligne éditoriale : il avait milité, et su obtenir du groupe Hersant que Nord Eclair avait dû rejoindre à la fin des années 70, le maintien de l’indépendance du titre.

 

C’était aussi un très gros travailleur. Sa santé l’avait certes précisément contraint à réduire (un peu) le volume de son activité dans les années 80 ; André Farine devint son adjoint, puis prit sa succession. Mais Jules Clauwaert continua d’être très présent au journal, et rédigea encore longtemps l’éditorial quotidien de Nord Eclair où s’exprimait une hauteur de vue rare, un avis éclairé sur l’actualité de notre monde dans un style toujours brillant, jamais convenu, avec toujours Roubaix pour intérêt premier.

 

Car l’autre vraie passion de Jules Clauwaert était, bien sûr, Roubaix et son agglomération, si durement touchées par le déclin de l’industrie textile. Dans l’hommage que  lui rend ce mardi son journal, il est décrit comme « l’ambassadeur de notre territoire ». C’est tellement vrai ! En ce sens, souvent nos points de vue convergeaient et nous nous portions un respect réciproque et sincère. Il savait toutes les qualités de cœur de nos populations ouvrières, généreuses, solidaires, chaleureuses. Il avait compris ce besoin de proximité et, en visionnaire, avait eu l’idée novatrice de développer les pages locales dans Nord Eclair, tournées vers les associations et la vie de nos quartiers ! Wattrelos avait alors bénéficié d’une page entière pour que son actualité puisse y être développée, et un bureau (avec un secrétariat et des journalistes !) s’était ouvert rue Carnot. Pragmatique et fin connaisseur des intérêts de son lectorat, Jules Clauwaert animait d’ailleurs lui-même les réunions de rédaction lorsque se profilait la fameuse fête commerciale de Wattrelos afin de déterminer quelle en serait la couverture journalistique.

 

Avec sa disparition, le journalisme perd une grande plume et un observateur éclairé de notre monde. Notre agglomération roubaisienne perd un homme qui l’a profondément aimée et soutenue, qui a vécu sa vie comme il a vécu ses passions : avec talent !

 

A Anne-Marie, à Françoise, à Dominique, à ses enfants, petits et arrière-petits-enfants, j’adresse, à titre personnel, mais aussi comme maire d’une ville dont il aura beaucoup suivi les habitants, mes condoléances attristées et sincères.


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