Cet après-midi, je me rends à Sofia, en Bulgarie, pour participer à la 41e assemblée générale de l’Assemblée parlementaire de la coopération économique de la Mer Noire, où je conduis la délégation française, au nom de Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale.
Ce soir, la délégation rencontre S.E. l’ambassadeur de France, Philippe Autié (cf. photo), autour de journalistes et politologues bulgares pour évaluer la situation économique et surtout politique de la Bulgarie.
Cette dernière est particulièrement complexe en effet. Après la démission le 20 février dernier du gouvernement de Boïko Borissov, poussée par de violentes manifestations, des élections législatives anticipées ont eu lieu le 12 mai, à l’issue desquelles un gouvernement non majoritaire dirigé par Plamen Orécharski (socialiste, soutenu par le Mouvement pour les droits et libertés) a été formé le 29 mai. Celui-ci est fragile dans sa position institutionnelle (car son rival, le Guerb, parti de M. Borissov, a le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée, sans pourtant être parvenu à former une majorité).
Dans ce pays où la croissance, même si elle se ralentit, reste positive (+ 1 % en 2012), le mal principal demeure le fonctionnement de la démocratie. Rejet en bloc de la classe politique, pratiques de corruption, milieux politiques très infiltrés par les intérêts économiques, nourrissent des mouvements de rue qui se prolongent chaque jour devant l’Assemblée et le siège des grands partis de gouvernement.
Les bulgares réclament un état de droit en Bulgarie. Hier engourdie, la société civile, poussée par les nouvelles générations qui n’acceptent plus la corruption, veut des institutions sûres, impartiales et transparentes.
Depuis qu’elle a rejoint l’Union européenne, la Bulgarie a-t-elle convergé vers les standards européens ? Ceux du niveau de vie, sans doute, même si cela demeure un pays encore très, trop, pauvre. Mais pour ceux de l’Etat de droit, la réponse est beaucoup plus réservée… Et le peuple bulgare est en attente.
Voilà pourquoi, fait diplomatique très fort - et remarqué sur place - les deux Ambassadeurs de France et d’Allemagne ont co-signé et publié dans un journal local une tribune intitulée : « La bonne gouvernance est l’affaire de tous ». Ils y rappellent « la nécessité de nommer aux fonctions officielles des personnalités incontestées », celle du « pluralisme des médias » via une « réglementation anti-concentration » et « l’exigence de morale et d’éthique ». Pour le coup, la voix de la France est forte ; députés français, nous en sommes fiers !
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