Au menu de ma journée : des (complexes) questions financières !
En effet, ce matin, avec Michel-François Delannoy, en mairie de Tourcoing, je travaille sur les conséquences financières de la réforme de la coopération intercommunale, telle que le Gouvernement escompte la mettre en œuvre sur notre métropole.
Ce midi, aux côtés de Jérôme Cahuzac, avec le Bureau de la commission des finances de l'Assemblée, nous rencontrons des représentants de la commission du budget du Bundestag conduite par sa présidente, Petra Merkel. Cette commission est l'une des plus influentes du Bundestag.
Ce type de rencontre est intéressant et important car depuis plus d'un an, les thèmes économiques et financiers sont au premier plan de l'agenda franco-allemand. La crise financière et la crise de la dette mettent les Etats dans l'obligation d'agir de manière rapide et concrète : un embryon de gouvernement économique européen est ainsi apparu le 11 mars 2011, lorsque le conseil européen a été suivi, pour la première fois, d'une réunion informelle des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro. D'évidence, et c'est un besoin, l'influence du couple franco-allemand se fait sentir au sein de la zone euro.
Pour autant, les deux pays n'abordent pas sous le même angle les questions du sauvetage des états surendettés, du gouvernement économique européen et de la stabilisation de la monnaie commune. Des divergences politiques sont ainsi encore à prévoir au stade de la mise en œuvre.
Il est vrai que l'opinion publique allemande porte sans doute un plus vif intérêt aux problèmes financiers que l'opinion publique française, une attitude qui s'enracine dans l'histoire monétaire et financière du pays.
Ainsi, les Allemands sont structurellement attachés à la stabilité monétaire. Mais ils ont aussi et surtout le sentiment qu'ils ont fait de très, très gros efforts, et estiment assez spontanément que plutôt de demander à l'Allemagne de payer la facture, ce sont ceux qui ont des déficits importants qui ont à faire ces efforts !
Il est vrai que sortie très endettée de la réunification, la République fédérale d'Allemagne a imposé tout au long des années 2000 de lourds sacrifices à ses concitoyens, réduisant les assurances-chômage, le revenu minimum, les prestations sociales et les remboursements de l'assurance-maladie, mais repoussant aussi l'âge de départ à la retraite. Aux yeux d'une grande partie de l'opinion publique allemande, le sauvetage des banques, puis des états périphériques, a réduit à néant une dizaine d'années de durs efforts.
Dès lors, le cœur de notre rencontre de ce midi a concerné la Grèce car si elle a finalement participé au sauvetage de la Grèce en mars 2010 (pour éviter le risque d'une contagion à l'ensemble de la zone euro), l'Allemagne manifeste beaucoup plus de réticences à accentuer son effort.
D'évidence, le point de vue de nos collègues allemands a évolué depuis notre rencontre à Berlin, il y a près de deux mois. Chacune des sensibilités politiques ne nie plus la vraisemblable nécessité qu'il y aura à reprofiler la dette de la Grèce, et sans doute à examiner l'exigibilité de certaines créances. Le mot restructuration n'est pas encore prononcé mais il n'est plus loin dans les esprits. Soyons francs, ce ne serait pas la panacée : pour les Allemands car leurs banques sont très exposées ; pour nous Français car ce type d'opérations va mécaniquement augmenter les taux d'intérêt sur les marchés financiers, et donc ceux qu'un état aussi endetté que le nôtre va devoir payer…
Mais qui peut croire qu'au-delà des soutiens de l'Europe et du FMI, il y ait une autre solution ? Sauf à admettre que les états européens mettent directement la main à la poche pour financer le besoin grec…