Juste après la manifestation de ce matin, je suis cet après-midi en mairie de Lille, aux côtés de Martine Aubry, maire de Lille et présidente de LMCU, de mes collègues maires de Roubaix et Tourcoing, mais aussi de Pierre de Saintignon, premier vice-président du Conseil régional, et de Patrick Kanner, président du Conseil général, afin de recevoir les délégués syndicaux de La Redoute, accompagnés de leur avocat, mon ami Mario Califano, et de quelques salariés.
L’objectif est d’organiser un front commun, et de mutualiser nos forces et capacités d’action, d’explorer toutes les pistes juridiques possibles, afin de contester la cession et d’éviter les mesures de suppressions d’emplois et de démantèlement annoncées.
Pour Martine Aubry, la vente à distance reste un secteur porteur, majeur dans le Nord, dont La Redoute est l’un des leaders. Or, le groupe Kering dont elle dépend l’a littéralement laissé « sécher sur pied » pour investir dans le monde du luxe. Il s’est donc servi de La Redoute à des fins stratégiques, l’a ponctionnée, oubliant de moderniser son outil de production, la laissant se désorganiser progressivement, compromettant ainsi sa pérennité. Bref, Kering méprise ouvertement une entreprise qui fait pourtant la fierté de notre région, et qui donne du travail peu ou prou, de façon directe ou indirecte, à quelque 6 000 personnes. Quel cynisme, quelle irresponsabilité !
Le message est clair : il faut exiger de la part de Kering, qui a réalisé 1,2 milliard de bénéfices l’an dernier (et dont les résultats seraient encore meilleurs cette année !) un vrai projet de réindustrialisation de La Redoute.
Parallèlement à l’action des syndicats et des salariés, les pouvoirs publics peuvent agir. Martine Aubry va ainsi demander à Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif (que j’ai pour ma part rencontré et questionné mercredi soir à ce sujet) de sommer solennellement le groupe Kering de renoncer à la cession tant que l’avenir de La Redoute ne sera pas clarifié.
Mais l’objectif de cette rencontre est aussi de pouvoir écouter syndicats et salariés, et de s’informer de leurs témoignages. On le sent d’emblée : l’émotion est palpable quand les uns et les autres s’expriment. La Redoute, ce sont des familles complètes, des femmes seules aussi, qui y travaillent depuis longtemps, des travailleurs âgés ou en situation de handicap, et dont la formation n’a pas été beaucoup renforcée ces dernières années. La perspective de devoir perdre leur emploi, comme le dit Nora Miloudi, Secrétaire du C.E., est « catastrophique ».
Depuis 2006, à La Redoute, les effectifs ont fondu. Notamment à Wattrelos (oui, je l’ai bien vu ces dernières années, le volant d’intérimaires, très souvent wattrelosiens, a quasiment disparu : il y avait plus de 500 personnes !). Nombre de salariés se sentent méprisés. La secrétaire du CHSCT, Nicole, insiste pour que ne soit pas sous-estimé le risque psychosocial que déclencherait la destruction, dans ce contexte tendu, de centaines d’emplois.
La Redoute doit vivre, c’est essentiel. Elle doit même se relancer, peut se moderniser, se réorganiser pour faire face à la concurrence et redonner confiance à son personnel en valorisant ses savoir-faire. C’est notre combat commun, élus, syndicats et salariés. Nous le mènerons au plus haut niveau de décision en appelant François-Henri Pinault, patron d’un très grand groupe, à se comporter comme tel, car pour l’heure, la décision essentielle est chez lui. Comme je le disais avec vigueur, au terme de la conférence de presse, à un journaliste en sortant de la mairie de Lille, si pour François-Henri Pinault la tentation de Venise, c’est bien, qu’il n’oublie pas la responsabilité de Roubaix !