Hier, mardi matin, ce fut pour moi un réveil très matinal (à peine plus de cinq heures) pour préparer mon intervention au séminaire de l’exécutif communautaire, où Martine Aubry réunit tous les vice-présidents, pour évoquer l’actualité de Lille métropole en cette rentrée et les questions-clés qui occuperont l’automne et l’année à venir. J’avais évidemment à plancher sur les perspectives budgétaires, et notamment à expertiser les conséquences des réformes financières en cours, à commencer par la plus perturbante de toutes, la réforme de la taxe professionnelle qui s’applique pleinement à partir de 2011.
Mais l’après-midi, je rejoins Pau, où les groupes socialistes de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Parlement européen tiennent, comme chaque année à cette période, leurs journées parlementaires. Les commissaires de chacune des commissions des assemblées parlementaires se sont réunis ensemble (affaires sociales, affaires étrangères, affaires économiques, lois, affaires culturelles, finances), ce qui ne manque pas d’être intéressant pour confronter les points de vue entre Assemblée et Sénat.
Placées sous le signe du rassemblement des socialistes pour le combat, ces journées se sont, à Pau, retrouvées de fait sous l’égide de Henri IV, le Béarnais, qui, pour Vert-galant qu’il fut, sut aussi en son temps rassembler les Français. Il est de fait omniprésent à Pau, notamment dans la salle du conseil municipal (photo) où, mardi soir, ma copine et collègue députée, Martine Lignières–Cassou (photo), devenue maire en 2008, nous accueille, dans une mairie qui est aussi… un théâtre (depuis le XIXe siècle !).
Les travaux ont été denses et sérieux. Certes, après les rudes nuits de la semaine dernière et les débats sur la réforme des retraites, on sentait bien une envie de détente dans les rangs, surtout avant les mères des batailles qui vont commencer la semaine prochaine, à savoir celles consacrées au budget de l’Etat et à la Sécurité sociale. Mais loin d’être dans la joie, emmenés par les présidents de l’Assemblée, Jean-Marc Ayrault, et du Sénat, Jean-Pierre Bel (photo), les socialistes se veulent au travail, à préparer l’alternative. Car reconnaissons-le, si nous sommes redevenus « audibles », comme l’a dit Alain Rousset, président du Conseil régional d’Aquitaine, il nous faut maintenant être « crédibles », travailler nos propositions pour remettre « La République à l’endroit », slogan de cette journée.
C’est indispensable car comme le soulignait le premier atelier de ces journées, avec le sociologue Emmanuel Todd, notre République est « abimée » par les politiques menées et par le sarkozysme, c'est-à-dire par la manière particulière de Nicolas Sarkozy d’exercer le pouvoir. Nos valeurs aussi sont malmenées. La liberté, qui ne cesse de reculer. L’égalité, si souvent mise à mal à chaque fois que des services publics sont fermés, et par le bouclier fiscal. La fraternité, valeur opposée à cette société que fabrique N. Sarkozy, une société douce avec les puissants et dure avec les faibles, où la laïcité est mise à mal.
Le sarkozysme, c’est aussi une indépendance de la justice bafouée, une liberté de la presse blessée (où des services secrets sont utilisés pour identifier les sources des journalistes !) et des institutions mal traitées. Le parlementarisme n’est actuellement ni serein ni respecté. A l’Assemblée, c’est l’Elysée qui donne l’ordre d’arrêter des débats (cf. blog du mercredi 15) ; au Sénat, les sénateurs sont convoqués à l’Elysée pour qu’on leur dise, là-bas, ce que sont les amendements qu’ils peuvent prendre en compte dans le texte sur les retraites !
La pratique actuelle du Pouvoir, c’est l’agitation plutôt que la concertation. L’Etat est accaparé par un clan ; il y a même, on peut le dire, privatisation de la fonction présidentielle, tant les décisions de N. Sarkozy donnent à penser qu’il y a collusion permanente entre le pouvoir et les intérêts privés. La République est en train de changer de nature. Aux socialistes, il appartiendra de la protéger, de la refonder, de rééquilibrer les pouvoirs. « La République, c’est le combat des socialistes depuis Jaurès », a rappelé Martine Aubry.
C’est ainsi qu’alors que les collectivités locales se sentent boucs émissaires, que les finances locales sont asphyxiées, la Première secrétaire a annoncé que les socialistes, revenus au pouvoir, devront mettre en œuvre un Acte III de la décentralisation (autour de régions et de métropoles fortes).
Bien sûr, en 2012, ne croyons pas que tout sera simple à réaliser, tant les dégâts pendant ces cinq années (et les cinq années précédentes) auront été importants, puisque nous connaissons à la fois une explosion des injustices, une explosion des déficits et une explosion du chômage ! L’état du budget de la France sera difficile, nous le savons d’avance. Mon collègue et ami Jérôme Cahuzac, président de la commission des finances (cf. photo avec Bernard Cazeneuve, député-maire de Cherbourg, et votre serviteur), l’a dit avec insistance à la tribune. Pour autant, être réaliste n’interdit pas d’être volontaire.
Ce fut le sens de la conclusion de ces journées pour Martine Aubry lorsqu’elle a plaidé : « Nous pouvons retrouver le chemin d’une République saine, juste, qui répartit les efforts et qui prépare l’avenir ».
« Chacun pour tous, tous pour chacun »… En route, camarades !
Pour lire le discours de Martine Aubry, cliquez ici.