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4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 10:00

Soutenabilite.jpgChaque année depuis 2007, dans le rapport spécial sur les engagements financiers de l’Etat que j’ai à rédiger et à présenter à la commission des finances de l’Assemblée nationale, j’ai pointé du doigt les dérapages insensés de la dette publique rendus inexorables par la politique budgétaire et fiscale menée par le Gouvernement.

Déjà en 2008, le besoin de financement dérapait, l’endettement s’envolait et la charge de la dette s’alourdissait. Déjà en 2008, j’évoquais dans des scénarios (avant même la crise financière !) la perspective d’un ratio de dette / PIB de 70 % en 2012… balayé alors d’un revers de main par le ministre du budget de l’époque (on sera pourtant à 87,4 % en 2012 d’après les prévisions du gouvernement d’aujourd’hui !). En vérité, le Gouvernement est resté sourd à ces mises en garde répétées de cette tour de contrôlebudgétaire qu’est la commission des finances, et que j’ai portées au débat public !

Pendant tout ce temps, il a continué à distribuer les cadeaux fiscaux et à réduire (dangereusement !) les recettes fiscales de l’Etat.

De sorte que maintenant, le réveil est plus que douloureux ! Jusqu’à présent, tout cela a pu (relativement) s’absorber car taux d’intérêt et inflation ont pu modérer les charges de la dette. Mais avec les tensions des dettes souveraines européennes, l’opinion publique et les gouvernements prennent conscience de ce que la dette publique, ou plutôt ce qu’elle est devenue en cinq ans, fragilise la France.

Oui, la question de sa soutenabilité est clairement posée. D’où les (mauvaises) mesures d’austérité que le Gouvernement a prises et s’apprête encore à prendre.

Or, tant l’analyse économique que le passé ne sont pas de nature à rassurer : d’une part, l’histoire financière française des trente dernières années témoigne de la très grande difficulté à maîtriser l’endettement public ; d’autre part, tous les théoriciens de l’économie connaissent les règles mathématiques implacables en matière de phénomène d’accumulation, notamment de la dette : la dette s’alimente elle-même à la fois par la mécanique du déficit budgétaire et de celle de l’effet boule de neigené de l’écart entre le taux de croissance de l’activité économique et le taux d’intérêt moyen de la dette (dès lors que le budget de l’Etat, hors charge de la dette, n’est pas en excédent primaire, ce qui est malheureusement le cas du déficit français !).

Dès lors, alléger le fardeau de la dette passe au minimum par une stratégie en trois étapes : d’abord, inverser les dérivées secondesdu déficit budgétaire qui veulent que la croissance du déficit s’accélère ; ensuite, inverser les dérivées premièresqui font que le déficit s’accroisse ; enfin, construire une stratégie économique de dynamisation de la croissance qui stimule durablement celle-ci de manière à maintenir un taux de croissance supérieur au taux d’intérêt, ce qui aura pour effet de casser, puis d’inverser la spirale étouffante de l’effet boule de neige.

C’est d’autant plus indispensable que, vu le niveau atteint par notre stock de dette, il s’en faut de peu, dans les circonstances économiques présentes, pour que son poids ne devienne prohibitif ! Ainsi, dans mon rapport spécial, j’ai construit deux scénarios, modifiant à la marge les hypothèses de croissance du gouvernement (en étant d’ailleurs, à mon sens, plus proche de la réalité) qui se concluent par des ratios dette / PIB de 92 à 97 % dès 2014 !

Ces scénarii soulignent deux choses :

- l’extrême sensibilité des chiffres de la dette publique française, vu son niveau, à la croissance économique. Il n’y aura donc pas de stratégie durable de desserrement de contrainte de la dette sans une action en profondeur de stimulation de la croissance potentielle structurelle française ;

- une forte élasticité de la dette publique française à devenir insoutenable, si l’Etat ne retrouve pas rapidement un niveau de recettes fiscales capables de lui permettre de desserrer cet étau et de faire face à ses engagements financiers.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la gestion Sarkozy nous laisse un lourd, très lourd et dramatique héritage !

 

 

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