Les résultats de l’élection municipale de Wattrelos sont strictement conformes à un scénario que j’estimais possible et que j’avais d’ailleurs fais simuler (pour le calcul en nombre de sièges) cette dernière semaine.
Depuis que nous avions la certitude qu’il y aurait une liste Front national à Wattrelos, trois scénarii me paraissaient possibles, créant en quelque sorte, les lignes de référence de ce que seraient les résultats du scrutin, et je ne situais les inflexions des résultats qu’entre ma liste et celle du FN.
Disons-le tout net, je situais la liste UMP à 11,5 % (elle réalise 11,7 %) et l’extrême-gauche, globalement, à 11 % (elle est de fait à 10,8 %) avec, pour le Front de Gauche, un score que j’évaluais à 7,8 % (il aura réalisé 7,4 %).
En revanche, l’incertitude du scrutin, à mes yeux, résidait sur les scores respectifs de ma liste, maire sortant, et de celle du Front national fraichement repeint en bleu marine.
Le contexte national particulier de cette élection pouvait en effet l’influencer plus ou moins (appréciation sur l’exécutif gouvernemental, persistance de la crise, mécontentements divers, réforme scolaire, mariage pour tous, affaires médiatiques UMP-PS récentes, médiatisation d’Henin-Beaumont), à fortiori avec des risques de démultiplications locales négatives (querelles du PS de Roubaix, problématique des Roms, surtout à Roubaix et Tourcoing, menaces sur La Redoute). Et localement, même si j’ai - heureusement et très pertinemment – renouvelé et rajeuni l’équipe que je présente au scrutin, je n’ignore pas les sentiments contradictoires que constituent d’un côté les 14 ans de mandat de maire déjà passés (autant, déjà, que Jean Delvainquière !), et de l’autre le plébiscite – très récent – des 86,2 % des voix que ma ville m’a donné lors des élections législatives de juin 2012.
Pas facile, assurément, de décanter tous ces facteurs et d’apprécier ce que seront les expressions des électeurs wattrelosiens. De fait, trois scénarii étaient possibles :
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le plus optimiste, celui de 2008 : 68,7 % Baert / 7, 8 % FN, soit 39 sièges pour ma liste. En 2008, on est un an après les présidentielles où Sarkozy avait siphonné les voix de Le Pen, une bonne part de ceux qui avaient voté Sarkozy à la présidentielle et, paradoxalement, pour moi cinq semaines plus tard aux législatives (71 %) ; mécaniquement, ceux qui ont voté pour moi en juin 2007 l’ont fait en mars 2008 : le FN n’est pas alors un enjeu politique ! Soyons francs, la reconduction d’un tel score en 2014, je n’y croyais pas car précisément, la donne FN, au niveau national et donc local, n’était plus la même !
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la reproduction de 2001 : 59 % Baert / 16 % FN, soit 37 élus pour ma liste. Ce n’était pas déraisonnable mais cela supposait que le FN restait contenu à ce niveau-là. Les électeurs allaient-ils privilégier le message protestataire national (et donner alors au FN un score supérieur), ou puisqu’ils choisissent leur maire, celui qu’ils connaissent, qu’ils rencontrent, qu’ils apprécient en tant qu’homme et comme élu local (et donc renoncer au message protestataire national sur ce scrutin municipal, dont le but est justement – et uniquement – de choisir son maire) ? Là est la clé des résultats du scrutin. Et selon une hypothèse ou l’autre, on a soit le FN à 16 % (2001), soit le FN à 25 % (2012… et 2014 !).
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le plus pessimiste : dans l’expression de leurs suffrages, les électeurs privilégient l’enjeu national à la question municipale. A Wattrelos, les électeurs ont toujours adopté, pour les municipales, un vote spécifique par rapport à leur vote national, donnant une dimension locale très forte à ce scrutin : 1983 fut très caractéristique à cet égard ! Et même si, depuis, élections après élections, la spécificité wattrelosienne tend à s’émousser (la normalisation impulsée par l’omniprésence des moyens de communication nationaux y est pour quelque chose), cela demeure encore. Le fait nouveau de ces municipales, et je le redoutais, c’est que, comme dans bien d'autres endroits de France (j’allais écrire : comme partout), les électeurs wattrelosiens ont souhaité un vote national plus que municipal ! De fait les suffrages Baert / FN sont en mars 2014… les mêmes qu’en juin 2012.