Pierre Mauroy est l’homme-clé de ma vie politique !
D’abord par l’admiration sans faille que je porte au premier Premier ministre de François Mitterrand. Son origine, son histoire, son ancrage sur nos terres du Nord et dans le monde ouvrier, sa dimension visionnaire, sa fidélité aux idéaux et à l’histoire de la gauche, son internationalisme sont pour moi autant de références.
Jamais je n’oublierai que je suis, comme l’on dit en politique, un bébé Mauroy. J’ai eu la chance quand il était premier secrétaire du PS, rue de Solférino, d’être à son cabinet, d’écrire (1988-1991) discours et notes (ce qui me valut d’être cité, je me souviens, le matin par Pierre Mauroy à la radio, et par le Président de la République le soir même dans une intervention télévisée où François Mitterrand redonnait l’argument évoqué par Pierre le matin même… issu d’une note que je lui avais passée !), d’être choisi par lui pour représenter notre sensibilité politique au cabinet du Premier ministre Edith Cresson en 1991 et d’être son vice-président, apprécié je crois, au budget à la communauté urbaine. C’est lui qui remit, dans son bureau à la mairie de Lille, l’ordre du mérite à mon père… C’est dire si l’homme compte pour moi, l’homme politique comme l’ami fidèle, et nous sommes restés proches.
L’hommage qui, cet après-midi, lui est rendu à l’opéra de Lille me va droit au cœur. D’abord par le superbe film, écrit par Bruno Vouters et réalisé par Alain Fleisher, Pierre Mauroy, de l’enfant au géant.
Cartignies, Haussy, sa cité ouvrière, l’enseignant, les jeunesses socialistes, le militant politique, syndicaliste, le conseiller général du Cateau-Cambrésis, l’appel d’Augustin Laurent en novembre 1970, les municipales de Lille au printemps 1971… Puis l’aventure politique avec François Mitterrand, le PS d’Epinay, la victoire de 1981, Premier ministre, premier secrétaire, président de l’Internationale socialiste, et surtout maire de Lille pendant près de 30 ans, président de la communauté urbaine de Lille jusqu’en 2008, sénateur jusqu’en 2011. Le TGV, Euralille, la métropole, une vision, une grande, très grande voix… Celle d’un grand, très grand homme.
Il rappelle dans son discours, cette phrase – à méditer - que François Mitterrand un jour lui adressa : « Il y a toujours un avenir pour ceux qui pensent à l’avenir »…
Après les interventions de Martine Aubry et de Pierre, c’est l’orchestre national de Lille qui s’installe sur la scène de l’opéra avec, à sa direction, un ami, Jean-Claude Casadesus. En quelques mots, Jean-Claude dit son respect, son estime, son amitié à Pierre avant de lui rendre hommage en musique. Sous sa baguette, l’orchestre national de Lille nous ravira de Carmen, de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak, avant de conclure par la célèbre Marche de Radetsky.
Ce rendez-vous d’affection de cet après-midi m’aura beaucoup ému.
Pierre est vraiment le géant des Géants…