De quoi s’agit-il ?
Le Président de la République a eu l’idée de proposer (et l’Assemblée et le Sénat ont voté la loi en question « sur l’équilibre des finances publiques » : seule la majorité gouvernementale l’a votée !) d’inscrire dans la Constitution l’obligation constitutionnelle d’équilibre des comptes publics. Un comble quand on sait que l’état des déficits publics français… ont été creusés par le même Nicolas Sarkozy et ses gouvernements !
Voilà pourquoi à la question de savoir s’il faut qu’au congrès les socialistes votent ce texte, en tant que secrétaire et rapporteur spécial de la commission des finances, je dis non, vraiment non ! Parce que cette règle d’or de Nicolas Sarkozy est une malhonnêteté politique et une incohérence économique.
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C’est malhonnête politiquement de la part de Nicolas Sarkozy car, en matière de dette, il aura été dans l’histoire le premier des pyromanes budgétaires ! La dette de l’Etat est passée de 877 Mds € fin 2006 à 1 270 Mds € en mars 2011, soit une augmentation de + 393 Mds € ! Près de + 400 Mds € en 4 ans, près de + 100 Mds € de plus chaque année de la présidence Sarkozy (le double que sous le quinquennat de Jacques Chirac !). La dette de l’Etat aura doublé depuis 2002 !
Avec une telle dérive des comptes de l’Etat, c’est bien Nicolas Sarkozy qui aura mis un boulet aux pieds de l’économie française et personne d’autre ! Et soudain, à quelques mois de l’élection présidentielle, il cherche à se refaire une vertu budgétaire en prônant une règle qui interdirait les déficits publics (pour demain, et donc après lui ?) : non, ce n’est pas crédible !
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D’autant que décréter un retour à l’équilibre budgétaire alors même qu’une récession menace (la France a eu une croissance quasi-nulle au second trimestre) est incohérent économiquement. N’avoir pour horizon que la réduction du déficit fait en effet courir un énorme risque à notre croissance économique !
En économie, il faut toujours tenir compte de la conjoncture du moment où l’on prend ses décisions. Or, quelle est la situation actuelle ? La dette est excessive, son montant est important, c’est vrai, mais l’est surtout parce que la croissance est très faible, voire inexistante. Si celle-ci était plus rapide, la dette serait plus soutenable.
Là est la clé de la gestion de la stratégie économique française : il faut réduire les déficits sans doute (car il faut bien les financer) mais il faut aussi et surtout ne pas plonger le pays dans la récession en réduisant trop rapidement, trop brutalement le déficit.
Prôner un retour brutal, car constitutionnel, à l’équilibre des finances publiques est très dangereux sur le plan économique et inadapté à la situation présente (puisque précisément le moteur du commerce extérieur se ralentit et que pour soutenir sa croissance, la France a besoin de sa demande interne et donc de la dépense publique).
C’est aussi un réel risque social. Car, qui peut douter qu’une fois la règle d’or votée, la Droite s’en servira pour faire des coupes importantes dans les dépenses des services publics ! Croit-on que cela soit possible ? Moi non ! Comme député de Roubaix, je le vois au quotidien : les écoles et collèges où les postes sont supprimés, des hôpitaux étranglés, où les manques de personnels sont criants, des policiers qui ne sont plus assez nombreux pour être dans les rues et sécuriser nos villes… La règle d’or sera, inexorablement, utilisée comme prétexte pour appauvrir encore nos services publics !
Tout ce tintamarre de la Droite relève davantage de l’agitation et de la manipulation politicienne que de l’efficacité économique ! Voilà pourquoi je ne la voterai pas et mes collègues socialistes non plus.
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