On pouvait se douter que sur un tel sujet, si souvent l’objet de polémiques, la publication d’un rapport de la Cour des comptes sur : « L’organisation et la gestion des forces de sécurité publique » ne manquerait pas d’alimenter des controverses. Je les laisse pour ma part pour ce qu’elles sont, et quand on sait les parcours professionnels différents et l’intégrité des magistrats de la Cour, on mesure combien leur mise en cause scandaleuse par le ministre de l’intérieur n’est qu’un leurre pour dissimuler les échecs de la politique de sécurité menée en France depuis 2002, et surtout depuis 2007.
Quel est le constat que dresse ce rapport de la cour ?
Une efficacité peu convaincante.
Si, selon les données du ministère de l’intérieur lui-même, les atteintes aux biens ont baissé de 28,6 % de 2002 à 2010, les atteintes aux personnes ont augmenté de 21,2 % sur la même période.
Une baisse globale des moyens en effectifs !
Certes, avec la mise en œuvre de la LOPSI de 2002, les directions départementales de sécurité publique ont d’abord connu sur la période 2003-2009 un accroissement d’ensemble de leurs effectifs policiers de + 2,1 %. Mais l’Ile de France a bénéficié de près des trois quarts de cette hausse globale (et la moitié pour la seule Seine Saint-Denis !). Ce fut donc une augmentation globale très concentrée sur une région, et même sur un département… au détriment des autres départements.
De surcroît – et c’est le pire pour la visibilité de la police dans nos quartiers ! – ce renforcement des effectifs global n’a pas été suffisant pour compenser la forte baisse du nombre d’adjoints de sécurité (ADS).
Au total, les effectifs des DDSP ont baissé de 2,3 % sur 2003-2009 !
En 2010, c’est le nombre même des fonctionnaires qui a diminué ! Et l’effectif total des DDSP en France est à 62 256 agents (une baisse de 5,3 % depuis le 1er janvier 2003 !). Quand on se souvient de la concentration renforcée des moyens dans l’Ile de France sur cette période, ce n’est pas difficile d’imaginer que la baisse est nettement plus forte encore dans le Nord !
Et cela s’aggrave puisqu’en 2011, selon la Loi de Finances, la police nationale va perdre encore 712 emplois !
A quoi s’ajoute une baisse des budgets de fonctionnement (hors rémunérations).
Globalement, les dépenses de fonctionnement et d’équipement des DDSP ont été diminuées de 2,1 % en 2008, stables en 2009 et abaissées de 25 % en 2010 !
Encore faut-il préciser que la réalité de ce tableau est plus noire que ces seuls chiffres, puisque la Cour analyse qu’à défaut de pouvoir comprimer à court terme certaines dépenses liées à l’immobilier (loyers, fluides), l’ajustement se fait – souvent très douloureusement ! – sur les capacités d’intervention opérationnelle des équipes (non-réparation de véhicules, limites de patrouilles pour économies, non-remplacement de petit matériel courant ou informatique…). C’est une véritable paupérisation de nombre de DDSP qui s’installe !
Ce constat national n’est malheureusement pas surprenant pour l’élu local. Tant comme maire de Wattrelos que comme Député de Roubaix, je ne peux que faire la même remarque affligeante : nos policiers nationaux, malgré leur qualité et leurs mérites, n’ont plus toujours le moral car ils ont moins de moyens, moins de crédits et moins d’effectifs.
Voilà pourquoi, par-delà la bataille politique que je mène pour refuser la baisse du nombre de fonctionnaires de police et au contraire plaider l’augmentation des effectifs de proximité dans nos quartiers, le geste que j’accomplis chaque année est essentiel : l’obtention de crédits supplémentaires de réserve parlementaire pour le commissariat central de Roubaix – que j’ai mobilisée à cette fin chaque année depuis ma réélection en 2007 – non seulement met du baume au cœur de ces équipes, mais aussi et surtout leur permet aujourd’hui de maintenir leur capacité d’intervention sur le terrain (et leur permettait hier d’améliorer leurs moyens techniques).
Et de ces policiers, comme de leurs moyens, ici, on en a bien besoin !