Ce dimanche matin, comme tous les grands électeurs du Nord, je me rends au bureau de vote de désignation des sénateurs de notre département. Si, à l’arrivée, la file d’attente est impressionnante, en réalité le flux s’écoule assez rapidement, et une fois entré dans le bâtiment, honnêtement l’organisation est top : la collecte des bulletins, le passage dans l’isoloir, le vote à l’urne (cf. photo) et l’émargement de la liste électorale, tout cela ne prend que quelques minutes. C’est la 4e élection sénatoriale pour laquelle je vote ; elle est la mieux organisée.
C’est aussi celle dont les enjeux politiques sont les plus grands : on l’a dit et répété en faisant campagne ces dernières semaines, le Sénat peut basculer à gauche ! Eh bien, depuis ce soir, c’est fait : la majorité du Sénat est à gauche ! Avec 177 sièges, la Gauche a davantage de sièges que la Droite sénatoriale.
C’est historique.
Pour la première fois depuis 1958 et l’avènement de la Ve République, la chambre haute est majoritairement à gauche. Et a priori, son président, deuxième personnage de l’Etat, sera à gauche (sauf débauchages et manipulations qui, dans le secret des urnes, feraient élire un autre président ! De cela, la Droite sénatoriale est coutumière et il nous faut rester vigilants jusque samedi !).
Mais pour l’heure, femmes et hommes de gauche et de progrès, ne boudons pas notre plaisir ! Les réformes confuses et destructrices de la taxe professionnelle et des territoires, la dégradation des services publics en zone rurale mais aussi urbaine, les dramatiques réductions de dotations aux collectivités locales et l’appauvrissement de bon nombre d’entre elles auront semé colère et volonté de protestation auprès des élus locaux et des grands électeurs : ceux-ci viennent de l’exprimer clairement ! En votant pour des sénateurs de gauche, en faisant battre des sénateurs de droite, pourtant parfois bien implantés. Tout cela sur fond de dissidences et de tensions à droite, lesquelles ont accentué la défaite de proches de Nicolas Sarkozy, et au-delà celle de l’UMP.
Cela empêchera-t-il ce Gouvernement de gouverner ? Non car, en dernier ressort, c’est l’Assemblée nationale, toujours à droite elle, qui tranche. Mais cela va quand même compliquer les choses pour le pouvoir. Il n’y aura plus de vote conforme du Sénat capable d’accélérer les choses, il n’y aura plus de vote positif des lois de finances et des projets de loi, les commissions paritaires et les congrès vont être plus compliqués, et les projets en urgence plus difficiles à faire passer. Outre le camouflet politique, c’est surtout un puissant contre-pouvoir à Nicolas Sarkozy que les grands électeurs viennent d’installer au Palais du Luxembourg.
Pour la Gauche, c’est une marche importante pour la vraie victoire de la reconquête : celle de l’élection présidentielle en mai 2012 et des législatives en juin. N’oublions pas que l’objectif-clé, c’est celui-là. L’heure, malgré la victoire au Sénat, ne peut donc être à la seule joie : elle doit être à la mobilisation poursuivie et accentuée.
Dans le Nord, la liste conduite par mon ami, Michel Delebarre, fait 2 100 voix, soit sensiblement plus que le total des listes PS + MRC + PRG de 2001 (1 934 voix), témoignant des conquêtes de plusieurs communes aux dernières municipales (Hazebrouck, Merville, Lys…). La gauche de la Gauche progresse aussi, avec 1 004 voix pour le total des listes communistes officielle et dissidente (Bocquet et Renar), au lieu de 860 voix en 2001.
La Droite, répartie en 5 listes comme en 2001, se replie nettement (2 588 voix au lieu de 2 313 en 2001), et l’investiture UMP (donnée à J. Legendre) a fonctionné comme un repoussoir (ce dont a profité, à l’inverse J.-R. Lecerf).
Ceci dit, deux leçons s’imposent de ce scrutin. La première, c’est que quand la Gauche sait se rassembler, elle gagne (au-delà même de son seul rassemblement) ! La seconde, c’est qu’outre une senatrice EE-LV (Marie-Christine Blandin), le Nord aura quatre sénateurs socialistes et, comme responsable et élu socialiste, et comme ami de chacun d’entre eux, j’en suis heureux !
Bravo et tous mes vœux à Michel, Delphine, Dominique et René !