Le week-end dernier, à Paris, le conseil fédéral d’Europe Ecologie-les Verts, qui s’est déroulé à huis clos, a adopté par 77 voix contre 24, une motion préconisant le non au traité budgétaire européen.
C’est un curieux contresens d’un parti politique qui a le mot Europe dans sa dénomination et qui, lors des dernières élections européennes, avait porté des positions très pro-européennes qui lui ont permis d’obtenir 16,3 % des suffrages !
C’est de plus incompréhensible de la part d’une composante de la majorité gouvernementale, alors même que le projet politique de la majorité est précisément de porter la « réorientation de l’Europe » telle que menée par François Hollande. Après le refus des Verts de voter pour Claude Bartolone à la présidence de l’Assemblée, cette position politique qui risque d’être suivie par les députés EE-LV passe mal…chez nous, députés socialistes bien sûr, mais aussi dans l’opinion.
La preuve ? L’éditorial du journal Le Monde du 24, même si je ne peux le cautionner dans sa forme (car on ne peut qu’être réservé de voir un organe de presse exiger le départ de ministres du gouvernement), n’en pose pas moins de bonnes questions : « Les écologistes demandent à être traités en partenaires de coalition, ils se comportent en groupuscule irresponsable. Incapables d’avoir une éthique de responsabilité et incohérents ».
[On se souviendra, à la lecture de cette phrase, de ce que disait l’ancien maire de Roubaix, René Vandierendonck (et que j’avais rappelé au cours de la dernière campagne législative) sur ses partenaires Verts de la majorité municipale en 2008 : « Les Verts ont fait la démonstration de leur incapacité à assurer la responsabilité solidaire d’un programme » !]
Et l’édito du Monde de poursuivre :
« Cette attitude est d’autant plus inacceptable que le parti socialiste ne cesse de compenser les handicaps de la Ve République : il leur réserve soixante circonscriptions, négocie un contrat de gouvernement, attribue des portefeuilles de ministre et leur fait des concessions substantielles…
Il s’agit d’un jeu de dupes. Les Verts formulent des exigences comme s’ils étaient une force de progrès soutenue par 10 % des électeurs. Ils ne réalisent de tels scores que lorsqu’ils sont emmenés par le Vert pro-européen Daniel Cohn-Bendit. On l’a vu avec le score d’Eva Joly à la présidentielle : ils retombent à 2 % lorsque leurs tendances dogmatiques reprennent le dessus ».
Daniel Cohn-Bendit d’ailleurs, dans Libération du lundi 24, qualifie « d’irresponsable et incohérente » la position prise. Il déclare même : « Europe Ecologie-Les Verts n’existe plus. Déjà Eva Joly avait rayé l’écologie de son discours pendant la campagne présidentielle. Maintenant, c’est l’Europe qui a disparu »…
D’évidence, ce vote de dimanche laisse et va laisser des traces. La capacité à la crédibilité et à la responsabilité des Verts, à tout le moins de nombre d’entre eux, se retrouve brutalement posée. Aujourd’hui, à l’Assemblée, mais aussi dans les rues de Wattrelos, collègues et concitoyens auront été nombreux à me « remercier d’avoir permis d’éviter d’avoir un député Vert de plus à l’Assemblée »…
It’s a joke bien sûr, comme disent les anglo-saxons. Mais difficile quand même pour moi de ne pas me souvenir de ce que je disais dans la dernière campagne législative : pour avoir une majorité claire et fidèle à François Hollande, mieux vaut… un député socialiste !
CQFD.