En accueillant le nouveau Premier ministre au groupe socialiste, ce matin à l’Assemblée nationale, Bruno Le Roux, président du groupe, a mis en avant deux mots : cohérence et cohésion, et même solidarité (« il n’y a pas de groupe sans solidarité ! »). Et a donné avec force l’enjeu : « L’obligation de réussir » !
Le Premier ministre, Manuel Valls, a d’abord salué le travail accompli par Jean-Marc Ayrault, et est revenu sur le « traumatisme électoral récent, avec le sentiment d’injustice de nombre d’élus : crise de confiance, doutes sur l’action et déceptions, des mécontentements, une très grande attente, pour des résultats pour chômage, pouvoir d’achat, trop-plein sur la fiscalité, insécurité, parce que notre manière de gouverner n’était pas à la hauteur de ce qui était attendu… Prenons le temps pour analyser les raisons profondes de ces mauvais résultats électoraux.
Mais il faut aller de l’avant pour dépasser cette épreuve. Nous ne pouvons pas courber la tête, baisser les yeux face à la Droite. Elle a gagné des villes, des intercommunalités. Nous n’avons plus le temps d’attendre : il nous faut reconquérir la confiance d’un électorat morcelé. Les Français veulent des résultats, vite ! Il y a une très grande attente ; comment y répondre ?
Ce sursaut ne peut être que collectif.
Une majorité divisée, c’est organiquement un gouvernement affaibli. Nous devons plus que jamais lier notre destin. Car il n’y a pas d’autre choix. Le Président a été élu pour cinq ans, la majorité est élue pour cinq ans : ils sont liés.
Faisons attention : je ne crois pas qu’il y a une envie de Droite dans ce pays ! Il faudra être très responsables, assumer collectivement. Mais sur une base de confiance ! Ne cherchons pas le rapport de forces, il est inutile. L’exécutif et le groupe majoritaire sont liés politiquement : je veux instaurer un dialogue nouveau, vif peut-être mais franc ! J’écoute tout le monde, c’est ma responsabilité. Il faut bâtir un engagement, une confiance mutuels. On ne va pas sortir des institutions de la Ve République, mais elles n’ont jamais nié le rôle du groupe majoritaire !
Nos valeurs de républicains, de Gauche, de socialistes nous unissent.
La confiance, c’est d’associer en amont aux projets de lois. Le gouvernement est resserré, compact, pour gagner en efficacité. Moins légiférer pour mieux légiférer, pour que notre action soit visible.
Les communistes aussi ont subi une lourde défaite. C’est aussi une leçon de ce scrutin : il n’y a pas d’alternative à gauche !
J’aime le débat ! Et je l’ai souvent moi-même provoqué dans le passé. Mais là où je suis, je suis en responsabilité, je suis Premier ministre. La déclaration de politique générale précisera les grandes orientations sur lesquelles le Président de la République est revenu dans son intervention télévisuelle, et celles du pacte de responsabilité et de solidarité.
Ces sujets sont tous sur la table : pacte, économie, transition énergétique, priorités à l’école et au logement, débat européen…
Fin avril, l’Assemblée nationale sera saisie du programme de stabilité, de la trajectoire des finances publiques, et il y aura un vote : chacun assumera ses responsabilités ! Et en juin, un projet de loi de finances rectificative traduira les économies et les orientations nouvelles.
Mon devoir, ma responsabilité, c’est de dire clairement l’orientation : soutenir fortement les entreprises et répondre à la demande de justice sociale. C’est le choix du Président de la République !
Les Français attendent une action efficace et visible ! Il faut beaucoup de courage personnel et collectif. Je suis fier de la mission qui m’a été confiée, et je sais quelle est ma responsabilité et celle de mon gouvernement. Mais il n’y a qu’une seule manière de réussir, c’est ensemble ! »