2 octobre 2007
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C’est le message que la Commission des Finances veut porter en auditionnant cet après-midi le gouverneur de la Banque de France, le Président de l’Autorité des Marchés Financiers, un haut dirigeant de la Société Générale, un représentant britannique d’une agence de notation, et MM. Aglietta et Bourguinat, deux éminents professeurs de finance internationale, que je suis heureux de retrouver (j’avais travaillé avec eux quand j’étais au Plan et à Matignon).
Bien sûr, on pourrait dire que cette crise dite des « subprimes » est une crise financière de plus, comme le monde en a tant connu, et en connaîtra sans doute encore. Son origine est, de fait, très classique au sens économique du terme : un rythme économique soutenu, un crédit très abondant et bon marché, qui a progressivement entraîné un appétit sans cesse croissant pour le risque et pour l’endettement. Mais, compte tenu des mutations du système financier moderne, avec le développement de la désintermédiation et de la titrisation, cette crise s’est propagée par des véhicules d’investissement complexes (on appelle ça des « conduits ») en dehors des bilans bancaires.
Alors les différentes personnalités ont débattu entre elles, et avec les commissaires aux finances présents, des raisons et des conséquences de la crise.
J’ai évidemment pris part à la discussion, en insistant sur le double cheminement de la crise, à savoir à travers les bilans bancaires (les banques françaises ont investi une fraction de leur portefeuille de placement en titres exposés au subprime), mais aussi leur hors-bilan. Alors mes questions ont concerné ce que nous devons redouter comme effets de cette crise :
. un effet de richesse, ou plutôt de « portefeuille » ? Car il y aura des pertes dans des banques ! Combien ? Quand on sait l’exposition au « subprime » au bilan de certaines banques (Natixis 289 M€ ; BNP Paribas 370 M€ ; Société Générale 800 M€ ; Crédit Agricole SA 280 M€), ce à quoi il faut ajouter le « hors-bilan », difficile d’imaginer qu’il n’y aura pas de conséquences sur les comptes des banques. Déjà Calyon reconnaît une « perte de trading » au 3è trimestre, qui pourrait diminuer de 20 % les bénéfices du groupe ; la banque suisse UBS a annoncé une perte probable de 360 à 480 millions d’euros… Les banques françaises sont, comme les autres, exposées ; combien vont-elles laisser de plumes ?
. un effet de « liquidité » ? Pour deux raisons. D’abord parce que les banques centrales ont injecté beaucoup de liquidités (plus de 400Mds € !). Mais quand il faudra rembourser ces prêts des banques centrales, les banques sauront-elles rembourser ? D’autant plus que si elles annoncent des pertes, leur ratios prudentiels vont se détériorer, donc leur notation, donc elles subiront une hausse de leurs conditions de refinancement, et donc auront plus de difficultés à emprunter.
. un effet de « frilosité » ? Devons-nous craindre que les banques, qui semblent de plus en plus réticentes à se prêter entre elles, soient plus frileuses pour prêter à l’économie, aux entreprises et aux ménages ? Et c’est bien là le cœur de toutes nos interrogations : quelle conséquence cette crise financière aura-t-elle sur la croissance économique ?
Car il est clair que si le crédit se fait plus rare, et/ou plus cher, la croissance va être freinée ! Et moins de croissance, c’est moins d’emplois, plus de déficits, plus de dette publique…
Voilà pourquoi ce débat cet après-midi est important. Surtout avant que nous abordions le vote du Budget pour 2008 !