Ah les réseaux sociaux, que de dégâts ils peuvent commettre ! Mon regard fut attiré (et je suis certain que je n’ai pas été le seul, malheureusement, si j’en juge par ceux qui – souvent de bonne foi – ont « partagé » sur leur facebook l’information alarmiste en question !) par un article au titre « alléchant » et « vendeur » du Figaro du 5 avril, sur « Ce que vont perdre les futurs retraités », et annonce 18 % de baisse !!!
Sauf que c’est une caricature, un titre pour faire peur ; ce n’est qu’une manipulation ! Ce n’est pas la vérité en effet.
De quoi s’agit-il ? Le Conseil d’Orientation des Retraites a calculé l’impact pour les retraités de l’accord patronat/syndicat d’octobre 2015 pour renflouer les caisses des régimes de retraites complémentaires Agirc-Arrco. Rappelons que ces retraites complémentaires représentent environ 1/3 de la pension complète pour un non-cadre, et plus de la moitié pour un cadre.
En octobre 2015, les partenaires sociaux ont dû signer un accord pour garantir l’équilibre de l’Agirc et de l’Arrco, car à défaut l’Agirc aurait été en déficit en 2018, et l’Arrco en 2023/24. Sans l’accord signé, il est clair que les régimes de retraite auraient dû diminuer la valeur nominale des pensions à due concurrence, et donc provoquer une baisse brutale des retraites.
L’objectif est de réaliser 6,1 Mds € d’économies à l’horizon 2020. Les partenaires sociaux ont adopté un certain nombre de mesures techniques, visant en particulier à encourager les salariés à travailler plus longtemps. Et donc il n’est pas vrai de dire que les retraites vont baisser nécessairement de 18 %, car le salarié peut ne pas connaître ce niveau de baisse.
En effet, qu’est-ce qui a été signé ? L’idée qu’à partir de 2019, une personne remplissant les conditions pour toucher sa retraite de base à taux plein (donc âgée de 62 ans, et ayant cotisé 41,5 ans, pour celle née en 1957) aura le choix : soit de cesser sa carrière (et sa pension complémentaire sera en effet diminuée de 10 % pendant 3 ans !) ; soit de rester au travail jusqu’à 63 ans, auquel cas la décote (dénommée « coefficient de solidarité ») ne s’appliquera pas. Et si cette personnes reste en activité au-delà de 63 ans, sa retraite complémentaire aura au contraire un coup de pouce !
La baisse « fictive » donc affichée, reprise dans l’article et qui serait le calcul du COR de
14 % pour un cadre et de 18 % pour un non-cadre, n’est en rien la réalité de ce que sera l’évolution réelle des pensions des retraités (comme je l’ai lu sur certains blogs ou facebook !).
Car il faut rappeler 3 réalités :
> la baisse ne s’applique pas pour le salarié qui prolonge sa carrière 1 an de plus ;
> la diminution ne concerne pas toute la pension de retraite, mais la seule partie complémentaire ;
> ce nouveau mode de calcul de la pension complémentaire ne s’applique qu’à celles et ceux qui vont partir en retraite à partir de 2019… mais ne concerne pas ceux qui sont déjà retraités (contrairement à ce que des réseaux sociaux ou sites proches de la droite, de l’extrême-droite ou de l’extrême gauche ont affirmé et essayent de faire croire) !
La vérité, toute la vérité, il fallait la préciser, c’est fait !