Lors de la traditionnelle cérémonie des vœux aux monde économique de Wattrelos ce jeudi 17 janvier, après avoir examiné la conjoncture économique internationale et locale, j’ai eu l’occasion de faire le point sur la situation de l’économie wattrelosienne qui, sans être évidemment euphorisante, est nettement orientée favorablement.
1. Si l’environnement économique d’ensemble reste porteur, le contexte international est plus incertain
La tendance de fond de l’environnement économique est bonne. La croissance du PIB mondial reste dynamique, meilleure que dans les années 90 (+ 3,7 % avec 2,7 % pour les économies avancées, et + 4,7 % pour les économies émergentes). Au cœur des doutes sur cette croissance, figurent évidemment les tensions commerciales EU/Chine qui ralentissent l’activité (2,9 % en 2018 aux Etats Unis, mais 2,5 % en 2019 ; 6,6 % en 2018 en Chine, mais 6,2 % en 2019). Parmi les économies émergentes, il n’y a plus que l’Inde qui s’accélère un peu (7,8 % au lieu de 7,4 %), tandis que la Russie et le Brésil sont très en –deçà.
L’Europe, elle, comme le titrent les journaux connait « un coup de mou » prolongé, fruit de tensions liées aux situations italienne et britannique, mais aussi à la sérieuse décélération de la croissance allemande en 2018 : après 2,2 % en 2016 et 2017, c’est 1,5 % en 2018. La locomotive de l’Europe manque de carburant, engoncée dans ses excédents, budgétaire et commercial. De fait, la production industrielle a rudement chuté en fin d’année en France, en Espagne, en Italie et en Allemagne. Au 3ème trimestre 2018, les PIB ont même baissé en Italie et en Allemagne !
Ainsi, après + 2,4 % en 2018, la croissance de la zone euro pourrait n’être que de + 2 % en 2019.
Bien sûr, ce n’est pas un mauvais chiffre, d’autant que dans le même temps le chômage continue de baisser en zone euro, et que l’inflation, un temps en dérapage, retourne progressivement vers la cible en deçà des 2 %. Mais c’est un passage à vide, doublement préoccupant :
1) D’abord parce qu’il impacte l’économie française
Après 6 ans de croissance faible (0,8 % en moyenne), l’économie française a affiché une embellie conjoncturelle en 2017 avec + 2,3 %, la plus forte augmentation du PIB depuis 10 ans.
Le second semestre 2018 aura vu en revanche un net ralentissement de cette dynamique, et le résultat final sera + 1,5 /1,6 %, sur fond d’incidences des mouvements sociaux de fin d’année.
Ceux-ci tendent à diluer la lisibilité des mesures favorables au pouvoir d’achat de la fin d’année (diminution des cotisations sociales, diminution de la taxe d’habitation), sur fond de fondamentaux qui restent pour l’heure bien orientés (consommation, et surtout investissements des entreprises).
2° Ensuite parce qu’il s’opère sur fond d’incertitudes majeures de l’environnement international et de menaces financières :
1°/ Les incertitudes de l’environnement international : Mesures protectionnistes ; tensions géopolitiques internationales (Corée, Chine, ex-territoires soviétiques,...) ; Brexit ; discussion difficile sur le projet de Budget en Italie ; montée des populismes dans nombre de pays d’Europe qui obscurcissent ce que pourraient être les résultats des élections européennes de mai prochain, et donc la gouvernance et le projet de l’Europe après ces élections.
2°/ S’ajoutent à cela des menaces financières, ou plus exactement des menaces d’instabilité financière de fond avec :
Ø la croissance (à des niveaux jamais atteints) des « déficits jumeaux » aux Etats-Unis (déficit public, celui de la balance courante), qui ne cesse de s’accélérer :
à le 1er est à 4,6 % du PIB en 2018 (C/ 2,5 % en 2015)
à le 2nd est à 3,4 % du PIB en 2018, (c/2,4 % en 2015)
Ø un point moins visible, mais réel, le développement des dettes publiques et privées dans les pays émergents : en 10 ans, elles sont passées de 32 % du PIB mondial à 74 % !
2) Nonobstant ces incertitudes, l’économie française devrait rester assise sur ses bons fondamentaux :
Ø les échanges extérieurs français devraient rester soutenus par la demande mondiale (après une contribution des exportations nette positive au PIB en 2018, de + 0,5 point, celle-ci serait plus neutre en 2019).
Ø les créations nettes d’emplois très soutenues en 2017 (+ 330 000) et importantes en 2018 (+ 235 000), devraient se stabiliser à 150/200 000 en 2019/2020, continuant à faire baisser le taux de chômage.
Ø si l’investissement des ménages tend à fléchir (malgré les taux bas), celui des entreprises progresse plus rapidement que le PIB
Ø la consommation des ménages, de + 1,0 % en 2018, s’accélérerait à + 1,4 % en 2019, grâce à la bonne tenue des revenus du marché du travail et aux baisses de prélèvements (sous réserve bien sûr de l’issue sociale des mouvements en cours)
Ø enfin, les prévisionnistes tablent sur le fait que, en dépit du contexte, la croissance du PIB en France resterait robuste à + 1,5 % en 2018 et 2019, et + 1,6 % en 2020, supérieure donc à la croissance potentielle chère aux économistes, ce qui permettra de poursuivre la baisse du taux de chômage.
2. Wattrelos, quelles données économiques ? Y-a-t-il un alignement de planètes favorable ?
1°/ Oui pour la situation de l’emploi, dont l’orientation est plutôt bonne.
S’observe ainsi à Wattrelos une baisse du chômage (-2,8 %) plus prononcée que sur le territoire roubaisien (-2,0 %), bien plus que sur le territoire tourquennois (- 0,1 %) et sur la MEL (- 0,02 %), d’une année sur l’autre. Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A diminue ainsi de 89 en un an, de fin septembre 2017 à fin septembre 2018 où il est à 3 108.
La baisse est plus prononcée encore pour les jeunes de moins de 25 ans (-3,1 %) avec une diminution de 25, soit 778 à fin septembre 2018.
En revanche, et c’est un point préoccupant, les demandeurs d’emploi de + 1 an à 2 690, représentent 55,1 % du total et augmentent fortement (+ 8,8 %) ; et les demandeurs d’emploi de + 2 ans représentent 32,1 %, et croissent de + 5,7 %.
Autre point préoccupant, 16,2 % des demandeurs (791) sont sans diplôme.
2°/ Oui pour la situation du tissu économique, dont la vitalité est toujours intéressante.
Il y aura eu en 2018 plus d’immatriculations d’entreprises (128 c/121 en 2017), mais plus de radiations (76 c/52 en 2017), soit cependant une création nette de 52 (c/69). Ces chiffres marquent une dynamique réelle car en 2011 il n’y avait que 65 immatriculations (2 fois moins qu’en 2018 !) et 76 radiations (autant qu’en 2018 !), sauf qu’alors il y avait donc destruction nette !
En fait Wattrelos connait un excédent de créations depuis 2012, et le rythme s’est accéléré depuis 2016.
3°/ Oui pour la situation de la ville.
Si la ville a connu d’importantes baisses de recettes, elle a su maintenir sa stratégie politique : pas de hausse de la fiscalité locale depuis 10 ans ; baisse régulière de l’endettement depuis 2011. Cette stratégie est vertueuse : ainsi, en 2018, les dépenses de personnel ont su diminuer d’1,1 M€, le résultat est positif, supérieur à 2 M€, et cumulé, il serait à fin 2018 supérieur à 5 M€.