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  • : Blog de dominique Baert
  • : Dominique Baert est maire de Wattrelos (Nord)
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1 mai 2022 7 01 /05 /mai /2022 13:35
Le retour au plein emploi est à portée de main. Mon discours lors de la cérémonie de remise des médailles du travail du 1er mai 2022

Madame la Députée,

Madame la Conseillère Départementale,

Chers Collègues, Mesdames et Messieurs,

Chers médaillés,

 

 

Vous recevoir ce matin en ce 1er mai est triplement symbolique : d’abord parce que c’est l’occasion de vous remettre dans un instant votre médaille du Travail ; ensuite de le faire le jour de la « Fête du Travail », celle où l’on fête celles et ceux qui oeuvrent, qui travaillent chaque jour pour gagner leur vie et celle de leur famille : enfin parce que ce jour est celui où traditionnellement on s’offre, à commencer à ceux que l’on aime, ce brin de muguet censé conférer du bonheur pour aujourd’hui et pour demain. Sans vouloir être trop long dans ma prise de parole, j’inscrirais donc mon propos dans ces 3 dimensions.

 

 

I – D’abord disais-je cette journée est la vôtre, celle de votre médaille

 

  •             C’est une tradition à Wattrelos que de procéder à la remise de la Médaille du Travail le 1er mai. Pourquoi ? Tout simplement pour vous mettre à l’honneur. Oui, vous mettre à l’honneur vous les médaillés des deux promotions du 14 juillet 2021 et du 1er janvier 2022.

 

Vous le valez bien ! Sur ces deux promotions vous êtes : 25 wattrelosiens médaillés « Grand Or », c’est-à-dire pour 40 années de travail ; 18 médaillés « Or », pour 35 années ; 22 médaillés « Vermeil » pour 30 ans ; et 40 médaillés pour 20 années de travail. Soit au total 105 médaillés pour, tous ensemble, 3 090 années de travail !

 

Comme j’aime les symboles qui marquent, retenez celui-là : si vous aviez commencé à travailler les uns après les autres, le premier d’entre vous aurait commencé à travailler … 1 000 ans avant Jésus-Christ !

 

Alors, Mesdames et Messieurs, respect ! Par ma voix votre municipalité tient à vous féliciter pour toutes ces années, vous dire son respect, et notre reconnaissance car quelle que soit votre profession, votre quartier, vos activités associatives ou personnelles, que vous ayez toujours vécu ou plus récemment à Wattrelos, vous avez apporté votre contribution à l’évolution de Wattrelos, à ses changements, à sa modernisation et à ses progrès.

 

  • La médaille d’Honneur du Travail, rappelons-le a été créée par un décret du 15 mai 1948, lequel fusionnait en une seule et même décoration la médaille d’honneur du Ministère du Commerce et de l’Industrie, et celle du Ministère du Travail et de la Prévoyance sociale : la première avait été créée en 1886, à l’époque du développement de l’industrie, la seconde en 1913 avec la progression des lois sociales, une médaille que l’histoire avait dénommée en expression courante, la médaille des « vieux serviteurs ».

 

Au-delà de cette parenthèse historique, que faut-il retenir ? Eh bien que cette médaille a pour but d’assurer la reconnaissance par la République de l’ancienneté et de la qualité des services d’un salarié, et en l’occurrence les vôtres Mesdames et Messieurs. Et s’agissant d’une distinction honorifique, il s’agit bien en vous épinglant cette médaille, j’ai bien conscience de son importance.

 

  • Car cette médaille n’est pas qu’un bout de métal accroché à un morceau de tissu. Elle est bien plus que cela : elle est vous, elle est votre vie.

 

Elle est votre vie professionnelle, et quand on sait la part qu’a notre vie professionnelle dans une journée, et donc dans notre vie de chacun, il est plus que vrai que cette médaille raconte votre vie !

 

Elle raconte la sortie d’école, le premier emploi, les premières joies, les premières désillusions. Elle raconte les apprentissages, les formations, les rencontres sur le lieu de travail, les amitiés, parfois les amours. Elle raconte les mutations, les changements de poste, les tensions sociales parfois, les colères, les conflits, mais aussi les moments de bonne humeur, les sorties ou papotages entre collègues, les vacances, la scolarité des enfants qu’on se raconte, les évènements familiaux qu’on partage, car la vie au travail c’est aussi une vie sociale.

 

Mais cette médaille raconte aussi les levers au petit matin, les départs pour le bureau ou l’atelier par tous les temps, les retours le soir, la difficile conciliation entre les horaires de travail, ceux de l’école, du conjoint ou les problèmes de courses ou de vie quotidienne.  Elle raconte encore les pièces à produire, ou les dossiers à remplir, ou les clients à satisfaire, les nouvelles fabrications qui ne peuvent attendre, les nouvelles techniques informatiques ou de management à mettre en oeuvre, la réussite de l’action individuelle ou collective demandée.

 

Cette médaille, elle est la fatigue de votre labeur et la satisfaction de votre travail accompli.

 

Aussi cette médaille, soyez en fiers. Arborez-la, exhibez-la, affirmez-la ! Elle est votre vie, et évidemment, c’est d’autant plus vrai pour les médaillés « Grand Or » et « Or », car elles seront peut-être les dernières avant la fin de votre activité professionnelle, et votre droit à une retraite bien méritée. Et pour celles et ceux mis à l’honneur pour vos 20 ou 30 années, cette médaille se veut autant qu’une reconnaissance une étape importante de votre vie.

   

 

 

II – Cette médaille, à Wattrelos, la tradition est de vous la remettre le 1er mai, jour qui fait référence au 1er mai 1884 où les syndicats ouvriers américains décidèrent de se mobiliser afin de revendiquer la journée des 8 heures (ce qu’ils obtiendront en 1886), un 1er mai qui est devenu à partir du 1er mai 1890 jour de manifestation ouvrière en France.

 

Le 1er mai est une journée historique pour le monde du travail. Nul n’a oublié le 1er mai 1891 où, à Fourmies, l’armée tire sur des manifestants venus réclamer la libération de grévistes interpellés, faisant 9 morts, dont un enfant et 4 jeunes femmes avec parmi elles Maria Blondeau à qui notre municipalité a décidé de donner, en hommage, le nom d’une rue.

 

On se souvient aussi de la grande manifestation du 1er mai 1906 à Paris, toujours sur le thème de la journée des huit heures, où les heurts furent tels entre police et manifestants que 800 personnes furent arrêtées.

 

On se souvient aussi du 1er mai 1919 où la loi légalise la réduction du temps de travail à 8 heures par jour, un 1er mai dont le Gouvernement issu de la Résistance reconnaitra en 1946 le caractère chômé, et qui deviendra férié et chômé en 1948, ce qu’il est resté depuis lors.

 

 

 

III – Pour autant, autour de cette journée de 8 heures, tout au long du XXème siècle, et en ce début de XXIème, le monde du travail a beaucoup changé.

 

Il y a quelques années encore, une forme de fatalisme frappait le monde du travail : Avec la désindustrialisation, certains auteurs prévoyaient « une France sans usines » ; avec les nouvelles technologies, d’autres n’hésitaient pas à « Réinventer le travail sans l’emploi ».

 

Aux inquiétudes de robotisation, d’automatisation, de flexibilité et de libéralisation d’avant-hier, ont succédé celles de la fragmentation, de la préconisation, et de l’uberisation.

 

C’est dans ce contexte que la crise sanitaire a rebattu les cartes en profondeur.

 

D’abord sur le front de la création d’emplois.

 

Qui l’aurait cru à l’été 2020, quand la plupart des économistes prévoyaient un tsunami de licenciements ? L’INSEE annonçait alors redouter 800 000 destructions d’emplois. Aujourd’hui l’emploi salarié a à l’inverse franchi la barre des 20 millions d’emplois, un niveau jamais atteint !

 

Certes, avant le déclenchement de la crise, il y avait eu des réformes en profondeur, telles les Ordonnances de 2017, des freins levés à l’embauche, la baisse des cotisations sociales, et donc du coût du travail, la réforme de l’apprentissage, les primes à l’embauche du plan de relance.

 

Et pour aider à sortir de la crise, il y eut le « quoi qu’il en coûte », le soutien aux entreprises et aux salariés avec les Prêts garantis, le Fonds de solidarité, la prise en charge massive et durable du chômage partiel. Le tissu productif a été protégé ; il a surtout pris conscience de ses faiblesses.

 

Mais la crise sanitaire, par-delà les douleurs et souffrances qu’elle a occasionné dans les cœurs et dans les corps, aura eu sur le plan économique un effet inattendu : elle a provoqué une prise de conscience collective majeure qu’avoir des productions, et donc des usines, sur notre territoire, était indispensable, que le retour à une plus forte indépendance économique et énergétique était fondamental. De vastes moyens dans les plans successifs, comme par exemple les 100 Mds € du Plan de Relance, ont boosté ainsi les investissements et la recherche, et relocalisé en France ou en Europe des productions qui jusqu’alors se faisaient ailleurs.

 

Il y a aussi eu une prise de conscience d’une indispensable mobilisation pour augmenter l’accès à l’emploi des Français : maintenant que le plein emploi est possible, il faut y arriver, et pour cela augmenter l’employabilité en adaptant les compétences.

 

Le taux d’emploi des 15-64 ans est de 67 % en France, contre 76 % en Allemagne. C’est la désindustrialisation d’hier qui explique que ce taux d’emploi soit chez nous inférieur de 9 points de ce qu’il est en Allemagne.

 

Tous les modèles économiques le pointent : si nous avions le même taux d’emploi que nos voisins d’Outre-Rhin, nous aurions en France une production plus forte (et donc des revenus plus élevés), des recettes fiscales plus fortes pour l’Etat (et donc un déficit et une dette publics plus faibles), et une balance commerciale plus favorable.

 

C’est dire l’enjeu de l’amélioration des compétences, des savoir-faire, et donc de la formation.

 

C’est dire l’importance de l’aide au retour à l’emploi : d’où l’intérêt de la création de « France Travail », qui remplacera Pôle Emploi, pour mieux coordonner les acteurs chargés de l’emploi ou de l’insertion, et notamment rapprocher Pôle Emploi et le système de formation professionnelle.

 

C’est dire l’intérêt du « contrat d’engagement » mis en place pour les jeunes, car il permet de ramener rapidement les jeunes vers un emploi.

 

C’est dire l’intérêt des progrès considérables réalisés sur l’apprentissage : s’il n’étaient que 200 000 il y a quelques années, ce sont dorénavant 720 000 contrats d’apprentis signés.

 

C’est dire l’intérêt de renforcer tout ce qui améliore l’orientation des jeunes, ou les lycées professionnels.

 

Cette question du taux d’emploi est la clé de notre avenir collectif. J’en suis convaincu : aller vers le plein emploi, travailler plus nombreux, pour produire plus est la condition pour vivre individuellement et collectivement mieux, et pour éviter de payer plus demain. L’allégement des dettes d’hier passe par l’emploi de demain.

 

A Wattrelos aussi notre mobilisation est complète et nous œuvrons dans 3 directions :

 

  • accueillir de nouvelles entreprises et aider celles déjà présentes dans leurs projets d’investissements : qui ne peut se féliciter de l’arrivée de Log’s, grand logisticien national, à Wattrelos qui vient d’y ouvrir 122 000 m² de bâtiments, 10 % de sa force de frappe nationale et y créera 400 à 500 emplois ? Sur le site de la Lainière 2022-2023 verront s’installer les premières entreprises, redonnant à ce site une part des emplois perdus en 2004, enfin !

 

  • se mobiliser sur la jeunesse avec une Mission Locale qui ne cesse de conforter son implantation, comme à Beaulieu l’an dernier, et de développer des forums pour l’emploi et ses projets, à tel point que le nombre des demandeurs d’emploi moins de 25 ans aura diminué de 50 % en 10 ans sur notre ville !

 

  • être vigilant sur la formation, par exemple via l’OMEP notre outil de formation permanente, et l’insertion des personnes les plus éloignées de l’emploi.

 

Développer et ouvrir le réseau routier pour améliorer l’attractivité du territoire pour les investisseurs et favoriser la mobilité des salariés ; aménager 70 hectares de parcs d’activités ; traiter et redonner un présent et un avenir aux 90 hectares de friches industrielles textiles d’hier pour améliorer le cadre de vie et si possible y faire renaître des activités économiques en même temps qu’en y construisant des logements si nécessaires aux wattrelosiens ; agir vite pour assurer la reconversion des 35 hectares de bâtiments et espaces laissés en friche par le départ de la Redoute : le travail des élus et du maire que je suis n’a assurément pas manqué toutes ces années, mais mon énergie n’avait qu’un seul but, un seul objectif : l’emploi ! Un travail pour les wattrelosiennes et les wattrelosiens, pour leur donner le moyen de vivre dignement et d’élever leur famille.

 

*

 

Mesdames et Messieurs, Cher(e)s Médaillé(e)s, elle peut paraître comme un symbole heureux en cette Fête du Travail : l’annonce ces tous derniers jours d’une baisse de – 5 % du  nombre de demandeurs d’emploi au 1er trimestre 2022, après la baisse de - 5,7 % au 4ème trimestre 2021, soit une diminution de 360 000 demandeurs d’emploi en 6 mois ! Elle est de fait le message clé de ce 1er Mai 2022 : le retour au plein-emploi n’est plus utopique, il est à portée de mains…

 

Alors, proclamons, revendiquons plus que jamais en ce 1er Mai 2022 le droit au travail pour toutes et tous. Et que ce brin de muguet que nous humons tous avec bonheur, et que dans un instant je vous offrirai, Chèr(e)s Médaillé(e)s, soit gage d’une bonne retraite pour celles et ceux parmi vous pour qui elle approche, d’une bonne continuation pour celles et ceux qui ont encore à travailler, et de bonheur pour toutes et tous. Bonne Fête du 1er Mai !

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