Hommage républicain aux victimes des attentats au lieu de la séance des questions au Gouvernement cet après-midi. C’est dans un silence parfait que Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, debout, seul à son bureau, a salué ces « 17 êtres humains que l’ignorance et l’obscurantisme n’ont pas laissé vivre », la mémoire des victimes, tuées par ceux que le fanatisme a transformé en « automates de la mort ». Leur objectif est de « faire tomber sur la France une chape d’effroi. Ils ont voulu abolir cette France des Lumières dont nous sommes les héritiers et les représentants ». Il met en avant la réaction du peuple français le 11 janvier : « Cœur gros et tête haute, notre peuple a montré que la République était debout ». Et rend hommage à la police qui « a payé un lourd tribut », ainsi qu'aux policiers qui ont placé « notre sécurité au-dessus de leur propre vie ».
« Par la force de ces vagues déferlantes, l’esprit public s’est ranimé. Unité de la nation et autorité républicaine doivent être notre équilibre ». Dans l’esprit de Claude Bartolone, c’est notre pacte républicain qu’il faut consolider. « Il ne s’agit pas de cohabiter mais de vivre ensemble ! Pour s’inscrire dans une aventure collective. Depuis le 11 janvier, La Marseillaise aux lèvres, nous savons ce que nous voulons : vivre libres, vivre égaux, vivre en fraternité ».
Après les responsables des groupes politiques, c’est Manuel Valls, Premier Ministre qui s’est exprimé pour le Gouvernement. Il a souligné que « c’est toute la Communauté nationale qu’on a touché ; c’est bien l’esprit de la France, sa lumière, son esprit universel qu’on a voulu abattre » ! Mais, « la France est debout, elle est là. Rendant l’hommage de la nation à toutes les victimes, dans l’épreuve, notre peuple s’est rassemblé ; il a marché partout, dans la dignité, dans la fraternité. Dimanche, Paris était la capitale universelle de la liberté et de la tolérance ».
C’est toute l’Assemblée qui est debout lorsque Manuel Valls tient à « saluer le très grand professionnalisme de la police et de la gendarmerie » et fait applaudir Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur.
Grave, il pense à la suite : « A aucun moment, nous ne devons baisser la garde car la menace globale est toujours présente, et des risques très sérieux demeurent. Sommes-nous en guerre ? Oui, la France est en guerre contre le terrorisme, le jihadisme et l’islamisme radical, et il faut une fermeté implacable, dans le respect d’un Etat de droit ».
« A ces menaces terroristes, la République apportera des réponses ». Le Parlement a déjà voté deux lois anti-terroristes, les décrets sont presque prêts, s’est déjà saisi des filières jihadistes, à l’Assemblée comme au Sénat. Mais il faut « tirer des leçons » : le Premier Ministre annonce des renforcements « très significatifs » des moyens pour les services de renseignement, de lutte contre le terrorisme et un projet de loi pour donner un cadre légal au Renseignement. Car puisque « des phénomènes de radicalisation sont présents sur l’ensemble du territoire, il faut donc agir partout ! ».
« Les épreuves tragiques nous marquent, marquent le pays et nos consciences ». Le Premier Ministre donne deux priorités d’action qu’il défend à la tribune avec force et vigueur : la lutte contre l’antisémitisme et la protection de nos compatriotes musulmans. Et, la voix vibrante d’émotion, il martèle : « Je ne veux pas qu’il y ait des juifs qui aient peur et des musulmans qui aient honte ! ».
Réaffirmant la place de la laïcité à l’école, Manuel Valls invite à « rester fidèle à l’esprit du 11 janvier 2015 : fermeté, unité. Nous allons entretenir comme un feu ardent cet état d’esprit », conclue-t-il devant une Assemblée qui l’applaudit unie et debout !
J’ai la gorge nouée d’émotion. Un grand, très grand moment de la République…