Après le vote de la loi Sapin II, je suis au Ministère des Relations avec le Parlement, aux côtés de Jean-Marie Le Guen, qui présente le livre qu’il publie à la Fondation Jean Jaurès, « La Gauche qui vient ».
Le livre est un texte d’analyses et d’orientations politiques, un manifeste pour la gauche, et qui donne à voir des perspectives au-delà des convulsions actuelles. J M Le Guen pense qu’on est dans une période de décomposition politique. Les analyses, les mots d’ordre traditionnels sont bouleversés. Voilà pourquoi il faut donner à voir ce que peut être la gauche demain.
Le monde actuel est « la fin de l’innocence ». Sur notre continent, on avait oublié la guerre, on avait une vue binaire de l’économie, mais ce qui se passe à l’Est et au Sud ne peut que nous réinterroger, de même que le Brexit, les migrants, la révolution numérique, génétique… Des pays en voie de développement sont émergents ; on attend de la révolution numérique des bouleversements : l’inquiétude domine par rapport à l’optimisme.
J M Le Guen propose « un nouvel agenda pour la gauche ». Dans les années 70, la Gauche s’est refondée à travers le Congrès d’Epinay. Il nous faut reformuler nos idées, clarifier nos priorités, établir une nouvelle stratégie politique.
La priorité pour la Gauche est de promouvoir l’idée de République : le modèle républicain est attaqué par l’extrême droite (logique de xénophobie, de racisme, de mise au rebus de certains de nos concitoyens) voire par un bloc réactionnaire qui dépasse le FN lui-même ! Autour de ces valeurs républicaines, il y a 3 piliers : laïcité, sécurité ; renaissance de notre modèle économique (pour retrouver notre souveraineté et sauver notre modèle social), l’égalité des chances (les visions conservatrices des politiques publiques ont une responsabilité !).
Existent dans notre pays des tendances au communautarisme, une idéologie d’enfermement, réactionnaires, principalement autour du salafisme, avec des risques pour ceux qui subissent cette pression communautaire, et des peurs qui nourrissent le bloc réactionnaire.
S’agissant de la nouvelle donne politique, c’est celle du « camp républicain », ce qui impose une clarification à Gauche ! Il y a une Gauche qui est sensible au communautarisme, et une Gauche qui a toujours privilégié l’affrontement social, un communisme culturel qui se traduit par de la haine sociale, sentiment qui n’est pas à la hauteur démocratique de ce début du XXIème siècle.
La Gauche n’a pas le monopole du « républicanisme » ; elle devra se dépasser pour construire cette « maison commune » qui doit être le « camp républicain ». On peut penser que la tripolarité actuelle évoluera.
S’agissant des élections de 2017, il est sûr qu’elles ne ressembleront en rien aux précédentes. Ainsi, les élections législatives ne seront pas la projection pure et simple de l’élection présidentielle. Pour la Présidentielle, il est vraisemblable que l’extrême droite sera qualifiée au 2nd tour. L’autre candidat devra se qualifier au 1er tour mais aussi anticiper le 2nd tour, et doit être en situation de tendre la main. L’alchimie va être beaucoup plus subtile, car une partie des électeurs de son propre camp va penser au 2nd tour dès le 1er tour !
Notre pays a plus que jamais besoin de la Gauche, de la Gauche républicaine, car la Gauche est sans doute mieux que d’autre pour assumer la gestion du pays au milieu de ses convulsions.