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  • : Blog de dominique Baert
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16 janvier 2008 3 16 /01 /janvier /2008 15:33
Ce matin, à la Commission des Finances, nous auditionnons M. Jean-Paul BAILLY, Président de La Poste, sur les conséquences de la décision gouvernementale de se conformer aux souhaits de Bruxelles de banaliser (c'est-à-dire d'autoriser tous les réseaux bancaires) la distribution du livret A. Là encore, impossible pour moi de ne pas être à cette discussion.
 
Car la récente décision des autorités de relever de 3 à 3,5 % le taux du livret A, perçue avec sympathie par les épargnants (à quelques semaines des élections municipales), ne doit pas faire oublier l'essentiel : il y a danger ! Danger pour le logement social, danger pour La Poste (et à un moindre degré pour les Caisses d'Epargne), et à terme, danger même pour l'épargne populaire.
 
Pour le logement social d'abord, car, ne l'oublions pas, les fonds d'épargne collectés sur le livret A servent ensuite à financer des prêts (à bon taux) pour les organismes d'HLM constructeurs de logements sociaux. Or, il y a, en France, une crise du logement, et notamment du logement social. Prendre le risque d'assécher les ressources du livret A, c'est risquer de réduire les possibilités de prêts, et donc de construction de logements sociaux. Ici pourtant, dans notre Département du Nord, il y a 113 000 demandes en attente…
 
Mais ce qui se dessine est aussi, et surtout, un danger pour La Poste. C'est ce que j'exprime ce matin avec force. Trois risques majeurs existent pour La Poste :
 
-          celui d'un "écrémage" de sa clientèle : les banques ne vont s'intéresser qu'à la clientèle qui a les dépôts les plus importants, et, compte tenu de leur capacité à lui proposer des produits attractifs, ne manqueront pas de l’attirer à elles. Que restera-t-il à La Poste ? Sa clientèle la plus modeste, celle qui par les services rendus coûte mais rapporte peu. Soyons francs, le risque que La Poste devienne encore plus qu'aujourd'hui "la banque des pauvres" se renforce, avec les conséquences financières sur l'exploitation, et à terme l'existence de La Poste, que cela aura.
 
-          celui du déséquilibre de ses comptes. La Banque Postale vient de se créer. Elle s'installe dans le paysage bancaire, forte certes de son réseau, mais faible de ses produits d'exploitation (car elle a peu de produits à offrir, et ne perçoit donc pas beaucoup de "produit bancaire" !). Elle doit trouver sa place pour équilibrer ses comptes tels que les autorités bancaires l'y contraignent. Et voilà qu'à peine le jeu commence que les règles sont modifiées, la clientèle et les ressources bousculées ! Comment croire que la Banque Postale puisse connaître dans ces conditions un développement serein ? Comment croit-on que La Poste pourra durablement maintenir son réseau de points de vente dans ces conditions ?
 
-          celui, enfin, de voir affaiblir (sinon progressivement disparaître) ce qui est aujourd'hui un instrument majeur de lutte contre l'exclusion financière, et donc sociale. Car qu'est-ce que le livret A, sinon le moyen pour bon nombre de personnes modestes de disposer d'un compte où arrivent leurs ressources et qui gère leur épargne ? C'est donc un recul social qui se dessine.
 
Voilà pourquoi cette banalisation du livret A est loin d'être anodine. Elle frappera d'abord La Poste, mais les Caisses d'Epargne auraient bien tort (elles qui ont bien eu besoin du livret A pour construire leur développement !) de considérer que cela ne les concerne pas ou peu… Je fais mon travail de député d'opposition (d'ailleurs l'Opposition est très majoritaire ce matin en commission : à peine trois députés de la majorité sont présents ! C'est sans doute, mais cela ne me surprend pas, que l'épargne populaire ne les intéresse pas !) en soulignant les risques que cette décision peut générer.


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commentaires

L
<br /> Encore une bonne initiative de la gauche qui défend les milieux populaires ce qui est tout à son honneur.<br /> <br /> <br /> <br />
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