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3 août 2009 1 03 /08 /août /2009 23:24

Le Président de la République a décidé de maintenir son projet de changement de statut de la société publique La Poste. Malgré l'opposition d'une majorité de Français, le Gouvernement s'entête à vouloir privatiser le service public postal.

 

Les leçons de la crise n'ont pas été tirées par le Pouvoir. Alors que les discours du Président de la République mentionnent régulièrement le besoin de régulation et de plus d'Etat, le projet de changement de statut de La Poste va priver la puissance publique d'un outil essentiel de l'aménagement du territoire et menacer ses missions de service public.

 

Le projet de loi présenté en conseil des ministres le 27 juillet marque une étape majeure dans le processus non assumé de privatisation.

 

Car il s'agit bien, à terme plus ou moins rapproché, d'une privatisation.

 

De fait, bien des exemples parlent en ce sens. France Telecom, Gaz de France en sont les plus récents. En dépit des dénégations et des affirmations du contraire, le réalisme financier de l'Etat s'est imposé : quand il a eu besoin d'argent – et il a actuellement, et pour les années proches, des besoins colossaux d'argent – il a vendu ses participations dans ces entreprises, et il  n'y est plus majoritaire. Exit l'entreprise publique et, assez rapidement, réduites puis finies les obligations de service public !

 

Avec La Poste, ce scénario pourrait bien s'enclencher. D'abord parce que l'Etat a des besoins financiers, ce qui crée un contexte de dérive progressive jusqu'à la perte de majorité du capital. Ensuite parce qu'existent là-aussi des risques de démantèlement de l'outil postal et que des entreprises privées mettent plus ou moins rapidement la main sur ce qui rapporte le plus ! Déjà, la Banque Postale est filialisée. Et que deviendra le reste ?

 

Le reste, c'est le prix unique du timbre, qui est le pilier de la péréquation entre les territoires ; ce sont les bureaux de poste de nos villes, de nos quartiers, de nos villages dont rapidement serait examinée la rentabilité ! Et au final, que croyez-vous qu'il se passera ? Beaucoup seront condamnés à fermer, laissant des territoires en friche administrative, affaiblissant la présence postale certes, mais aussi celle du service public plus globalement, et donc de la République sur le territoire.

 

Voilà pourquoi ce texte est tout sauf anodin. Il engage une procédure destructrice, déliquescente d'un service public qui n'est pas comme les autres. Il est le service public de proximité préféré des Français, celui qui cimente la cohésion nationale. Il est l'instrument clé de communication, de liaison, entre les hommes et les femmes. Il a une portée sociale majeure. Les moyens modernes de télécommunications, pour technologiquement performants qu'ils soient, sont porteurs d'exclusion, ne serait-ce que par leur coût d'accès, et parfois par les techniques elles-même. Qui peut le nier ? Alors qu'un timbre, au prix unique, outre qu'il est identitaire, est accessible au plus grand nombre !

 

Je suis fils de facteur et j'en suis fier. J'ai grandi dans les casiers de tri. J'ai connu les départs au petit matin, la musette à vider, les routes dangereuses et l'angoisse du retour quand il était retardé. J'ai su ce qu'était la livraison du courrier par tous les temps. J'ai vu ce qu'était la levée des lettres chaque jour, de ces jours fériés qui n'en étaient pas vraiment car il fallait passer à La Poste pour lever les lettres, et préparer les sacs pour que cela parte le plus tôt possible le lendemain : chaque jour de Noël, chaque 1er janvier, j'y ai eu droit. Par sa passion, mon père m'a fait aimer tout aussi passionnément le service public.

 

Celui rendu par La Poste est socialement utile.

 

C'est dire si ce texte, pour le Député que je suis dorénavant, est dangereux et inutile. Car il ne dessine qu'un avenir de démantèlement et d'affaiblissement.

 

 

 

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