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  • : Blog de dominique Baert
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19 janvier 2007 5 19 /01 /janvier /2007 11:24

Il est incontestable qu’il y a une crise du logement dans tout le pays, et bien évidemment dans nos villes aussi. Ce n’est pas un fantasme, mais une réalité omniprésente. Car cela ne touche pas que les catégories modestes de nos populations, mais aussi les classes moyennes.

Dans nos permanences d’élus, les appels au secours sont nombreux. La situation est d’autant plus grave qu’au manque de logements font écho des hausses de prix vertigineuses, une explosion du prix du foncier, et des loyers qui s’envolent, avec des charges qui s’alourdissent.

Il y a pénurie de logements. En France, il y aurait 1 300 000 demandeurs de logements sociaux sur listes d’attente.

A cela, s’ajoute un triste constat : 10 % des français sont ghettoïsés, discriminés, et les personnes modestes, pauvres, en situation de précarité ou d’exclusion, ou d’origine étrangère ne sont pas réparties uniformément dans toutes les villes, 80 à 90 % de logements sociaux à Sarcelles ou à Wattrelos, mais 2,5 % à Neuilly !

Voilà pourquoi, il y a quelques idées fortes que cette campagne présidentielle doit, à mon sens porter :

 

 

  1. Le logement est un des domaines où l’action publique a toute sa légitimité.

     

 

 

C’est la sphère publique qui doit organiser et orienter la politique de logement. Il n’y a pas d’équilibre de logement, s’il n’y a pas de volonté politique. Il n’y a pas de mixité sans volonté publique.

La politique du gouvernement actuel est marquée par un désengagement des outils publics (baisse des aides publiques : en 1997, déjà, cela faisait 4 ans que les APL n’avaient pas été revalorisées !). L’aspect mutualiste de l’épargne logement a été remis en cause. Pour financer le Prêt à Taux Zéro, l’Etat a fait des économies sur son budget, en remplaçant la subvention par un soutien bancaire : au final, cela coûtera plus cher (mais moins à l’Etat).

De même a été remis en cause le lien avec le livret A, et la construction du logement social.

Il y a donc bien une légitimité de l’intervention publique et, pour cela, il faut conserver des outils d’intervention.

 

 

  1. L’Etat doit décider de l’endroit où il met l’argent !

     

 

 

Or, ces dernières années, l’argent est allé à un seul endroit : l’investissement privé. Le quart de l’effort public  dans le logement va dans le dispositif de Robien ! L’Etat dépense globalement autant d’argent public pour financier un « Robien » que pour financer un logement social !

Et phénomène pervers, plus l’investisseur est riche, plus il gagne, plus cela coûte cher à l’Etat (car il y a déplafonnement total !). Avec ce type d’intervention publique, l’investisseur achète un produit fiscal, mais pas un logement (le loyer d’équilibre sera d’ailleurs très haut !). En plus, cela alimente la spéculation immobilière.

Une telle mécanique participe à un mécanisme de dérégulation du marché. Ce gouvernement fabrique une offre locative qui n’est pas en phase avec la demande (d’où d’ailleurs les formidables hausses de prix qui s’observent).

 

 

  1. Ce gouvernement évoque la « pénurie », mais il ne doit pas en être surpris , car il l’organise

     

 

 

La question ce n’est pas combien, mais qu’est ce qu’on construit ? Les constructions sont-elles adaptées à la situation ?

C’est vrai, on en est presque à une production de 400 000 logements (on est régulièrement supérieur à 300 000 ces 3 dernières années), et le gouvernement objecte : « Vous voyez bien, nous on construit ! »

Oui, mais on construit quoi, et pour qui ?

En fait, on ne construit actuellement que seulement 53 000 logements sociaux par an, de sorte que nous manquons quantitativement de logements sociaux !

Avec ces gouvernements de droite, on produit certes 380 000 logements, mais seulement 11 % de logements sociaux. Sous Jospin, on ne construisait pas assez de logements, ce n’est pas faux, mais il y avait 30 % de logements sociaux !

Il y a aujourd’hui une crise qualitative, de la nature de l’effort de construction, en plus du besoin quantitatif incontestable.

 

 

  1. Que peut-on faire ?

     

 

 

La question du logement est caractéristique des choix politiques, et il faudra y consacrer une vraie priorité. Mais il faudra aussi répondre vite à une autre question : où allouer des moyens pour gérer des ressources rares ? Car il y aura à faire des choix.

En matière d’aide au logement privé, il est vraisemblable qu’il y a des réallocations à faire. Mais dans le même temps, le propriétaire privé doit être conforté dans ses droits : il faut des garanties sur le niveau des loyers et des ressources des personnes en location.

Il faut aussi intervenir sur le nombre de logements mis sur le marché et sur le niveau des loyers pratiqués.

On ne fera pas l’impasse sur la régulation des loyers, mais elle ne peut se faire seulement de manière autoritaire ; les petits propriétaires ont besoin de sécurité apportée par une « garantie mutuelle locative » (couvrant les dégradations…)

Il faudra surtout intervenir sur le foncier ! C’est la pénurie du foncier qui fait s’envoler les prix ! Nous devons être imaginatifs pour gérer autrement cette question. Des formules d’agence, de modifications des COS ou de mutualisation de la richesse sont à rechercher et à rapidement mettre en avant.

Telles sont quelques pistes. J’espère que le débat de ce soir en fournira bien d’autres.

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