Il y a près de 20 ans, le 1er mai 1993, Pierre Bérégovoy disparaissait tragiquement à Nevers. En fin d’après-midi, dès après le vote de la loi sur le mariage pour tous, entouré des auteurs et de la famille de l’ancien Premier Ministre, Claude Bartolone présente à l’Hôtel de Lassay l’ouvrage Pierre Bérégovoy en politique, rédigé par deux historiens, Noelline Castagnez et Gilles Morin.
Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, en ouverture de la manifestation rappelle son amitié et sa complicité avec l’ancien Premier Ministre, et salue un livre qui s’intéresse à « l’enveloppe humaine de l’homme politique », lui qui « fut un homme intègre et un militant socialiste de toujours ».
Engagé à 21 ans à la SFIO en 1946, secrétaire à 23 ans de la section de la Seine-Inférieure, au PSA en 1958, au PSU en 1960, successivement compagnon de route de Pierre Mendès-France, d’Alain Savary et soutien de François Mitterrand dès 1965, il fonda Socialisme moderne en 1968. Il fut secrétaire national du PS en 1975, candidat aux législatives à Maubeuge en 1978, avant de jouer un rôle décisif dans la campagne de François Mitterrand en 1981, qui en fit ensuite le secrétaire général (hors normes !) de l’Elysée après la victoire. Son parcours ministériel est plus connu.
Tout cela est encore récent, mais c’est dans l’Histoire. Ce n’est pas facile pour les historiens de travailler avec un recul si limité car toutes les archives ne sont pas encore ouvertes. Mais par les temps agités que connaît notre pays, et la Gauche au pouvoir, savoir se souvenir de l’un des siens, qui commença ouvrier, fut un militant besogneux, sut transformer en profondeur la France avant d’être Premier ministre mais qui mit finalement un terme à ses jours après une défaite électorale dont il s’est (trop, incontestablement) attribué « la faute » (comme le dit ce soir François Loncle), ce travail d’histoire est utile.
J’ai eu à connaître, dans mes responsabilités antérieures de collaborateur ministériel, Pierre Bérégovoy, et me suis trouvé à siéger avec lui, soit au CES, soit à l’Assemblée au banc du gouvernement. Ce soir, cela fait plaisir de revoir, avec 20 ans de plus, certains de mes copains qui travaillaient à ses côtés : Olivier Rousselle, Régis Paranque, François Laumonier, Pierre Bertinotti, Jean-Marcel Bichat… tout cela en présence d’élus nivernais (Didier Boulaud, Martine Carillon-Couvreur, Christian Paul) qui l’ont bien connu.
Les auteurs du livre le martèlent : Pierre Bérégovoy, tout au long de son parcours, y compris dans ses relations (étroites) avec le monde syndical, a eu une obsession : concilier l’idéal et le réel. C’est toujours d’actualité pour la Gauche au pouvoir…