C'est le titre de la pièce d'Annie Daprey qu'interprète cet après-midi à la MEP la troupe des 3/5 : c'est la première ! Remarquable sens de l'opportunité de jouer une pièce, le jour même où de beaux rayons de soleil annoncent le printemps, et dont le point de départ concerne des automobilistes bloqués sur la route par la neige… à peine quelques jours après que cela se soit produit sur la route des vacances ! Ils sont trop forts ces 3/5 ! Mais le mieux, c'est de les voir et d'en rire…
Plantons le décor : Michel (G.), bien calé sur son fauteuil, et Janine (Chantal D.) toute en bigoudis, dans leur petit hameau, sont confrontés à des coupures d'électricité à cause des perturbations neigeuses, tandis qu'à la radio, on annonce que devant les difficultés, des automobilistes quittent leur véhicule pour se réfugier alentour… Que croyez-vous qu'il arrive ?
Ding-dong, M. Benoît de Grandpierre (séduisant patron d'une entreprise de 250 personnes) et son épouse Paula (Chantal B. en bourgeoise friquée, égoïste et misanthrope) veulent s'inviter, et si Paula perd son vison, elle gagne de belles chaussettes ridicules, avant de perdre, bien plus tard, ses vêtements, après s'être réfugiée chez le pervers voisin M. Poularde (encore un beau rôle pour Bernard M. !). Déjà compliqué ?
Entre temps, voilà que deux sœurs, dénommées Vanille et Cerise (laquelle est enceinte de 8 mois et demi), sinistrées par la neige, débarquent aussi. Si cela plaît à Janine (qui "adore l'imprévu"), cela commence à faire beaucoup pour Michel, "un peu ours, "perturbé dans ses habitudes", qui estime que "les gosses, ça se dresse dès l'intramuros".
Mais ce n'est pas tout. Car deux dames, une mère et sa fille, Sylvaine (qui a "bac + 6" !) viennent sonner et l'on comprend vite qu'il y a là embrouille et source d'embrouilles. Car dans cette maison qui n'a plus d'eau, la mère (abusivement) découvre rapidement et déguste la mirabelle secrète (de 30 ans d'âge) de Michel : "On dirait la Sainte Vierge en culotte de velours", même si "elle chauffe la couenne", clame, formidable Marie-Thérése B. (rôle de composition ?) qui nous fait connaître l'ivresse des sommets (du rire !).
Tandis que la fille, perturbée par les mensonges de sa mère, se sentant "prise entre deux feux" ("ce qui lui évite d'avoir froid !"), s'absente durablement avec Benoît (et même toute la nuit !) pour déneiger, et si "l'abominable homme déneige", au matin Benoît reconnaît que cela "fait des années qu'il n'avait pas besogné aussi longtemps" : il est vrai qu'il a été rejoint par l'agriculteur voisin (pendant que la femme de celui-ci regardait !) et donc que "quand on est bien équipé, ça aide" !
Osé, me diriez-vous ? Avez-vous bien compris ? Et au fait, ce bébé, il en est où ? Je ne vous dirai pas tout…
Cette comédie animée, souriante et vivifiante (comme l'air de la montagne enneigée !) est surtout pleine de bon sens. Cette nuit et ce matin-là, dans ce hameau, habitants et visiteurs auront dépassé les difficultés, "comme s'il ne restait plus que l'essentiel". C'est la vérité des gens, celle des âmes et des cœurs, qui est mise à nue : "C'est comme si la blancheur de la neige faisait ressortir la noirceur des gens". Comme le précise la malicieuse Sylvaine, "c'est dans les situations extrêmes qu'on découvre la vraie nature des gens".
Une belle leçon de vie et de fraternité, où le coincé PDG Benoît est heureux d'avoir "rencontré des gens souriants, formidables, ouverts"… A dire vrai, "une nuit particulière mais très enrichissante".
Déneigez donc votre emploi du temps et allez à la MEP( prochaines représentations les 14 et 15, 21 et 22, et 28 et 29 mars) : ce n'est pas le ciel qui vous tombera sur la tête, mais… des flocons de rire !