C’est difficile de lire dans son journal du matin le faire-part de décès de quelqu’un qu’on aime vraiment beaucoup. J’ai ainsi ressenti vraiment énormément de peine en apprenant la disparition de Gérard HOCHIN, ce 3 septembre, à l’âge de 92 ans.
« Vieux Wattrelosien », comme il aimait le dire et l’écrire, c’était même sa fierté ! Passionnément attaché à sa ville, à son histoire, aux histoires de ses habitants, Gérard HOCHIN était un artiste au cœur d’or.
Un artiste, parce que si l’histoire et la connaissance d’un monde le captivait, et si c’était un homme très cultivé, il était surtout une feuille de papier et un crayon de bois : il adorait griffonner, croquer, dessiner (comme ce dessin de l’ancien Hôtel de ville qu’il m’offrit en 2007, cf. photo ci-dessous).
Nous avions appris à nous connaître quand je suis devenu maire, et, régulièrement, je recevais de sa part une – toujours très gentille – lettre, avec sa large écriture si caractéristique, pour me proposer une idée, faire une suggestion, et très souvent accompagnée d’un dessin. Au salon des artistes, au Club Ensemble, au Musée des Arts et Traditions Populaires, on était sûr de le rencontrer : s’il aimait le passé, il dessinait le présent et était infiniment curieux de l’avenir.
Avec sa bonhomie ronde, ses lunettes et son inusable vélo, son sourire toujours aux lèvres, Gérard HOCHIN était une «figure » de la vie de Wattrelos. A dire vrai, je le croyais immortel : à l’Académie du Wattrelosien émérite il a d’évidence sa place.
Il était l’ami du sculpteur Edouard Gruszinski, et après le décès de celui-ci, il n’avait eu de cesse de vouloir qu’il lui soit rendu hommage, et fut si heureux lorsqu’en 2007 j’avais installé la statue de l’homme et l’enfant au parc du Lion, une sculpture car m’écrivait-il « il y a dans cette œuvre une puissance qui mérite d’être remarquée, contemplée » : il a raison.
Gérard HOCHIN était aussi un grand cœur, un très grand cœur, un homme sensible, humain, simple, proche des gens, et que ce soit lorsqu’il vous rencontrait ou lorsqu’il vous écrivait, il avait toujours plein de « petites attentions ». Faire plaisir était son plaisir, et réjouir c’était pour lui « le devoir accompli ». Il avait l’amour des autres, il aimait aussi l’humour. Quelle ne fut pas ma surprise il y a plus d’une dizaine d’années (il devait être proche de 80 ans !), lorsque, venu pour donner le départ d’une course cycliste pour la Fête du vélo au Sapin Vert, je vis arriver Gérard Hochin, avec son casque et son vélo, s’inscrire et s’installer avec les coureurs sur la ligne de départ, dans le sourire et la bonne humeur (ph. ci-dessous) ! C’est ça être Wattrelosien.
Je ne lui ai jamais connu de colères, ni de différends. La méchanceté dans le monde, la guerre – lui qui l’avait connue – le terrifiait ; il ne plaidait que la paix (il participait fréquemment aux cérémonies patriotiques), la concorde, l’amitié. Il avait toujours quelque chose à raconter, une anecdote, et il était gentil, d’une gentillesse inouïe ! Cet homme était attachant. Et je lui étais attaché !
Là où il est désormais, je ne doute pas qu’il ne va pas cesser de continuer à suivre de près sa bonne ville de Wattrelos : Gérard Hochin a définitivement rangé son vélo, mais il nous laisse de beaux, de très beaux souvenirs d’un homme bien !