Le décès accidentel de Nicole Bricq, Sénatrice, ancienne Députée, et ancienne Ministre, au coeur de l’été, avait jeté la consternation chez ses proches et amis, dont je m’honore d’être. Sa personnalité était si forte, si présente dans la vie de la République, qu’au-delà de ses funérailles, il était juste que cette dernière réunisse toutes celles et ceux qui ont connu et estimé Nicole. C’est cette cérémonie qui s’est tenue au Conseil Economique et Social, en présence du Président de la République, de son prédécesseur, de nombre de ministres (dont Gérard Collomb), du Commissaire Européen Pierre Moscovici, de Dominique Strauss-Kahn, de Jean-Christophe Cambadelis, et tant d’autres, autour de Jean-Paul Anchov, compagnon de Nicole, et de Renaud Bricq, son fils.
Après que Laurent Azoulai ait présenté le déroulement de la cérémonie, celle-ci s’est ouverte par le discours d’accueil de Patrick Bernasconi, Président du CESE qui a salué « l’exemplarité républicaine » de Nicole, « une femme d’honneur, spécialiste des finances publiques et technicienne de l’écologie politique ».
Mon copain et ancien collègue Emeric Brehier, lut un (remarquable) message de Jean-Pierre Chevènement (dont Nicole fut très longtemps compagnon de route), qui rappela l’engagement de Nicole au CERES, « un parti dans le Parti », en 1971, son parcours politique, une « bosseuse », pour qui « l’honneur du politique est de s’affronter un jour aux réalités, une républicaine soucieuse de servir le bien public », qui fit, lors des dernières présidentielles, « un choix argumenté en faveur d’Emmanuel Macron ».
L’ancien Président, François Hollande, qui a connu Nicole en 1988 quand elle travaillait avec Jean-Pierre Chevènement, « une femme qui avant d’être politique était une amie », en donne en quelques phrases une brillante synthèse : « Ce qu’elle avait sur le cœur, elle l’exprimait » ; « une femme de grandes compétences qui travaillait beaucoup ; une femme engagée ». Après être revenu sur son parcours politique, qui la conduisit vers le pôle Réformiste du PS, avec des mots justes, il insista sur « le visage et le caractère de Nicole » que nous conservons en mémoire : « Une femme passionnée et concrète, élégante et directe, qui veillait à chaque fois à susciter le respect, sévère et souriante, et c’est ce sourire que nous voulons retenir ».
Pierre Moscovici, Commissaire Européen, décrivit une « amie chère, si vivante, si présente. C’était une femme politique au parcours extrêmement riche, d’une grande simplicité, indépendante, une femme de gauche et une européenne, qui voulait combattre les inégalités à la racine ». Si elle était « libre et pas sectaire », elle était « idéaliste, réaliste et croyait avec passion à l’Europe, une femme politique exigeante qui ne supportait pas la paresse, qui laisse de beaux souvenirs ».
Pour Catherine Tasca, qui souligna le combat de Nicole pour la place des femmes en politique, rappela que, du CERES à Emmanuel Macron, c’est « sa fidélité au socialisme qui caractérise son parcours politique ».
Ce que reprit Dominique Strauss-Kahn, qui décrit « une combattante », qu’il connut au CERES également, soulignant « du CERES à En Marche, le chemin d’une génération politique ». Il pointa « une femme de mouvement, toujours prête à combattre, pour l’Europe, la production et l’entreprise, l’engagement écologique, la rénovation politique ». Il martela « quand on est sûr de ce qu’on pense, on peut fait des compromis ; elle savait que les valeurs de gauche et les valeurs de droite ne sont pas les mêmes : les faire avancer ensemble, c'est savoir garder leur équilibre ».
Solennel, grave, et ému, Emmanuel Macron Président de la République, conclut la cérémonie pour Nicole Bricq, en soulignant combien « son accident, l’annonce de son décès ont été un coup du sort cruel. J’ai eu la chance de l’avoir à mes côtés, se battant, avec des convictions claires ». Elle était « à la fois vestale et amazone du combat pour En Marche ». Pour elle, c’était « ne jamais rester à l’abri, dire et faire ». Ses combats, ce furent l’environnement (« où elle tressait l’engagement avec l’expertise »), le progressisme (« la production et les forces productives réconciliées »), l’Europe.
« Compagnon de route, parlementaire, ministre, elle était toujours militante ! », et chacun connaissait son franc-parler ; « si la social-démocratie lui a enseigné l’art du compromis, elle n’a jamais pensé que le compromis, c’était la compromission. Elle a toujours été contemporaine, et sa mort ne nous dispense pas d’être fidèles à ce qu’elle fut : les vrais idéalistes sont de grands pragmatiques ».
Et puisque « vivre, c’est s’obstiner à achever des souvenirs, nous nous obstinerons à mener ses batailles, car à la fin, Nicole, nos victoires ce seront les tiennes ».
C’est, enfin, sur L’ode à la joie de Beethoven, hymne européen, que se termina cet hommage à cette grande européenne que fut Nicole Bricq. Nicole, je t’embrasse, très amicalement…